1944-1945-Le triomphe de la liberte
sentence de Vérone est la preuve que la République
va jusqu’au bout. Que l’avertissement soit entendu par ceux qui en ont besoin
et qu’il invite le pays tout entier à retrouver au plus tôt l’exacte conscience
de ses propres devoirs et celle des droits supérieurs de la Patrie. »
L’avertissement est clair comme un ordre : que le
citoyen se plie s’il ne veut pas subir le sort de Ciano.
Car si Ciano a été fusillé, tout est désormais possible.
L’exécution de Vérone est bien un alibi et une justification
nécessaires.
4.
Dix jours après les exécutions de Vérone, le 22 janvier
1944 dans la matinée, de longues colonnes de camions allemands chargés de
parachutistes casqués traversent Rome à toute allure, précédées de
motocyclistes, leur mitraillette en bandoulière.
Ils foncent vers la mer, vers Anzio, à soixante kilomètres
de Rome où, bénéficiant de la surprise la plus complète, les Anglo-Américains
ont débarqué à 2 heures du matin.
L’opération Shingle a réussi.
Quand, quelques heures plus tard, la nouvelle est connue, il
semble aux Italiens et aux Romains d’abord que leur libération soit proche.
Déjà une animation inquiète gagne le Palazzo Wedekind, le
quartier général du Parti fasciste protégé par des mitrailleuses en batterie et
des autos blindées ; certains des chefs fascistes quittent la capitale
pour l’Italie du Nord.
Au quartier général de Kesselring, les officiers
d’état-major reçoivent même l’ordre de préparer leur départ dans les quatre
heures.
Mais bien vite l’espoir ou la peur retombent.
Sur les routes autour de Rome et dans les gares, on voit
passer, dès la nuit tombante, les lourds convois militaires qui ramènent de
France, des Balkans ou du nord de l’Italie cinq divisions d’infanterie
allemande.
L’excessive prudence des Alliés qui n’ont pas exploité
l’effet de surprise a favorisé l’habile Kesselring : le débarquement a
réussi, mais n’a créé qu’une tête de pont. Le 17 février 1944, la
Wehrmacht lance sa première contre-attaque sur tout le front Anzio-Nettuno.
Pour les fascistes, c’est un nouveau répit. Derrière les
fronts stabilisés, ils peuvent faire face à leurs adversaires : les partisans.
Partout en effet, dans ce pays montagneux qu’est l’Italie,
les partisans se sont organisés.
Brigades Garibaldi du Parti communiste (novembre 1943) dont
le commandement général est à Milan, Groupes d’Action Patriotique (SAP)
étendent leurs opérations ou multiplient les attentats.
Dès la fin de novembre 1943, près de vingt-huit hiérarques
sont tombés sous les coups des gappisti qui tuent à l’arme blanche, dans
la rue, s’enfuient à bicyclette ; beaucoup de ces tueurs ont servi en
Espagne ou même dans les Francs-Tireurs et Partisans Français.
Le 19 décembre, le Federale du Parti fasciste de
Milan, Resega, est abattu ; le 14 avril 1944, c’est le tour de
l’idéologue du parti, le philosophe Gentile, à Florence.
Pour les journaux fascistes et pour les Allemands, il s’agit
là de simples assassinats, d’actes criminels qui n’ont rien à voir avec la
guerre. Des résistants condamnent aussi ces méthodes car des otages paient
chaque fois de leur vie l’attentat réussi.
À ceux qui blâment – et ils sont nombreux –
l’exécution de Gentile, les partisans de Giustizia e Libertà tentent de
répondre par des tracts, des articles dans les journaux clandestins :
« C’était, dit-on, un honnête homme, un homme de
culture. Mais aujourd’hui le peuple d’Italie lutte pour la vie et pour la mort,
sans hésitation, sans pitié. C’est une lutte sans quartier, exaltante et
terrible comme est sans hésitation la nécessité morale qui la guide, sans pitié
la justice historique qui par elle s’accomplit. »
En Italie, en fait, comme dans toute l’Europe en guerre, est
posé l’éternel et cruel problème de la violence.
Et la lutte s’approfondit.
Les unités de partisans se multiplient : formation
Matteotti des socialistes ; groupes Giustizia e Liberté ; groupes
autonomes de militaires et de catholiques.
Les Allemands sont contraints, pour protéger leurs voies de
communication, de procéder à de grands rastrellamenti (ratissages).
Dans les vallées du Piémont, les blindés progressent sur les
routes longeant les rivières, un avion de reconnaissance dirige le tir des
mortiers ; des troupes alpines
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