1944-1945-Le triomphe de la liberte
Südtiroler
Ordnungsdienst , miliciens volontaires du Tyrol du Sud.
Le balayeur allume une mèche dans sa poubelle et se retire
en courant. C’est le gappista Bentivegna : quelques autres gappisti écartent des enfants.
Une minute s’écoule puis l’explosion secoue le
quartier : une cinquantaine de soldats gisent sur le sol. Les gappisti tirent
sur le reste de la colonne et se dispersent.
Le silence retombe sur Rome. Il est 15 h 26. La
lumière est déjà plus douce, couronnant les toits et les coupoles d’ocre doré.
Bientôt les habitations de la via Rasella et des vie dal
Traforo et des Quattro Fontane sont saccagées par les SS. Les locataires sont
malmenés, raflés.
Dans la ville, le bruit de l’attentat commence à se
répandre. Le commandant de la place de Rome, le général Maelzer, le chef de la
police Kappler et le maréchal Kesselring se mettent en contact avec le quartier
général du Führer.
Hitler demande que l’on fasse sauter tout le quartier avec
ses habitants.
Finalement, le système des otages est appliqué. Caruso, le questore, déclare qu’il a déjà des détenus politiques condamnés à mort : on décide
de les exécuter à raison de dix otages pour un Allemand tué.
En fait, on choisit tout simplement des détenus politiques
ou des Juifs sans se soucier de savoir s’ils sont jugés ou non. En hâte, on les
embarque sur des camions et on se trompe puisqu’on entasse 335 otages au
lieu de 320 (il y a eu 32 Allemands tués). Ces 15 hommes de plus sont
l’arbitraire de l’arbitraire.
Le convoi se dirige vers la via Ardeatina. Là s’ouvrent des
galeries dans des carrières.
Un à un, les 335 otages – le colonel Montezemolo
et des généraux, des Juifs et des ouvriers, des journalistes et des
cinéastes – sont abattus d’une balle dans la nuque, obligés de grimper sur
les corps des premiers tués pour prendre place en attendant le coup libérateur.
La tuerie dure du 24 mars au soir au 25 à 9 heures
du matin. Puis les galeries sont minées et bientôt des explosions sourdes
retentissent, enfouissant les cadavres sous les blocs.
Ce matin-là, officiellement, la nouvelle de l’attentat et
des représailles est donnée par le commandement allemand. Les journaux
fascistes eux-mêmes se taisent : 335 personnes, c’est presque la
population d’un bourg.
Un lourd manteau d’horreur et de terreur couvre Rome. La
ville ne s’insurgera pas.
Peut-être est-ce là le but recherché par les nazis : la
capitale proche du front doit subir l’occupation sans se révolter ; sans
doute aussi veulent-ils opposer, à propos des moyens d’action de la lutte
clandestine, le Centre militaire badoglien et les gappisti communistes
en montrant à la population de la Ville Sainte, le prix du sang allemand.
Et la guerre continue, se nourrissant de sa longueur même,
paraissant reproduire les mêmes épisodes comme si la tragédie ne devait pas
voir de fin et comme si, de sursis en sursis, Mussolini et Hitler pouvaient
éternellement gouverner.
Le 22 avril, les deux hommes se rencontrent à
Klessheim, dans ce château où Ciano, jadis, a dîné avec Ribbentrop.
Hitler, vieilli, nerveux, mâchonne sans interruption les
comprimés du docteur Morell. Mussolini expose ses doléances et pour une fois le
Führer le laisse parler sans l’interrompre. Désormais, les avis et les conseils
de Mussolini ont si peu d’importance !
Le maréchal Graziani dresse un tableau des besoins de
l’armée républicaine italienne, parle de la nécessité impérieuse de sa reconstitution.
Hitler pour toute réponse rappelle comment le 25 juillet 1943 le fascisme
s’est effondré. Mussolini, humilié, doit de nouveau se justifier.
« La force du Parti fasciste, dit-il, était à ce
moment-là avec les armées. À l’intérieur, il n’y avait que les femmes, les
jeunes et les vieux. »
Puis, tout en parlant, Mussolini quitte la réalité, évoque
ses rêves de conquête, l’Égypte et l’Afrique, tout ce qui a été perdu par la
faute des généraux et du roi. Mais cela ne se reproduira pas, dit-il. Il est
enchanté que les internés italiens restent en Allemagne, il est prêt à
« appeler la classe 14 pour le Gauleiter Sauckel, les classes 16
et 17 pour le maréchal Goering, vingt classes s’il le faut pour les employer
dans les bataillons de travail ».
Ces mots jetés pour paraître disposer encore de l’Italie, ce
sont, dans les rues de Gênes et de
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