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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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inexorable de la
répression suscite de nouveaux coups de main des partisans.
    Dès le printemps 1944, les Comités de Libération Nationale
(CLN) apparaissent dans la plupart des villes ; bientôt naît un Corps des
Volontaires de la Liberté, organisation militaire du Comité de Libération
Nationale pour la Haute Italie (CLNAI).
    Le chef de cet organisme est le général Cadorna.
    C’est un homme souriant et maigre, un officier de carrière
choisi parce qu’il doit inspirer confiance aux Alliés. Son grand-père a, le
20 septembre 1870, conquis Rome, et son père a joué un rôle de premier
plan pendant la guerre de 1914-1918.
     
    Véritablement, cet homme nerveux et volontaire est un
symbole, l’aboutissement d’une tradition nationale et militaire. Il doit rejoindre
l’Italie du Nord pour prendre son périlleux commandement.
    Le 11 août 1944, il saute en parachute avec le
capitaine Churchill d’un avion Halifax. Il se blesse et tout de suite il faut
combattre car la Garde nationale républicaine cerne le petit groupe de
partisans qui attend le général.
    Quelques semaines plus tard, deux « politiques »,
Parri, du Parti d’Action, et Longo, du Parti communiste, vont assister Cadorna
dans ses fonctions.
     
    Ce triumvirat militaire est à l’image de la Résistance
italienne.
    Quand le vendredi 31 mars 1944 les miliciens fascistes
qui cernent le dôme de Turin arrêtent les uns après les autres les membres du
Comité militaire piémontais de la Résistance qui devait se réunir dans
l’église, ils constatent qu’il y a, parmi les prisonniers un général (Perotti),
deux officiers, un démocrate-chrétien, un socialiste et un communiste.
    Lorsque le juge prononce sa sentence, condamnant les accusés
à la peine de mort, le général Perotti se lève et dit d’une voix forte :
    « Messieurs les officiers, garde-à-vous ! »
    Tous les accusés se lèvent.
    « Vive l’Italie », crie le général.
    « Vive l’Italie », répondent les accusés.
     
    C’est bien une nouvelle Italie qui surgit ainsi de cet abîme
qu’a été le 8 septembre 1943 et l’armistice italien de Cassibile.
    Un nouveau Risorgimento anime le peuple de la
péninsule, mais plus profondément que celui qui a conduit à l’unité en
1870 : les masses ouvrières et paysannes sont descendues dans l’arène aux
côtés de ces militaires et de ces intellectuels qui ont été déjà les figures de
proue du premier Risorgimento.
     
    Le 1 er  mars 1944, les ouvriers de Turin et
de Milan se mettent en grève malgré les Allemands et les fascistes. En juin, à
la Fiat, la grève recommence pour empêcher le démontage et l’envoi des machines
en Allemagne.
    Les industriels soutiennent souvent ces mouvements, même si
par ailleurs ils continuent à traiter avec les autorités d’occupation.
     
    Cette unanimité nationale qui isole chaque jour davantage
les Repubblichini a eu sa préface dans l’Italie du Sud.
    En effet, le leader du Parti communiste, Togliatti, revenu
d’URSS, a accepté, à la surprise de beaucoup, d’entrer dans le gouvernement du
maréchal Badoglio, entraînant les autres partis antifascistes à sa suite.
    Le roi pour sa part, afin de préserver le principe
monarchique, décide de céder dès la libération de Rome la place à son fils
Umberto qui agira en tant que lieutenant-général du royaume : ainsi la
question du choix des institutions est-elle remise à la paix.
    Pour l’instant, c’est la guerre, et le colonel Montezemolo,
courageux monarchiste, est dans Rome occupée aux côtés du socialiste Buozzi ou
du communiste Giorgio Amendola, le fils de l’ancien leader libéral assassiné.
    Certes, les arrière-pensées des uns et des autres n’ont pas
disparu, mais la signification de l’action commune est plus importante que les
divergences qu’elle recouvre.
    Pour l’instant, c’est la guerre, et la guerre est cruelle.

 
5.
    Rome, mars 1944.
    Dans la ville, le printemps éclate. Le 12, le pape
Pie XII parle et la foule s’est massée place Saint-Pierre. Elle
crie : «  Pace Pacelli ! » La Milice arrête quelques
partisans qui, mêlés aux pèlerins, criaient : « Les Allemands à la
porte ! » et distribuaient des tracts.
    Le ciel est limpide ; dans les jardins de la villa
Borghèse, la vie, gaiement, enfièvre chaque buisson, chaque pousse.
    23 mars, via Rasella : un balayeur pousse sa
poubelle. Au bout de la rue apparaît un détachement de

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