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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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spécialisées montent à l’assaut des cimes.
    Les partisans passent d’une vallée à l’autre, tiraillent
cependant que les villages brûlent, que les SS font sauter, après y avoir
enfermé propriétaires et animaux, les maisons des guides.
    Parfois, toute la population d’un village est rassemblée sur
la place et le prêtre tombe le dernier, abattu par les rafales de mitrailleuse,
sur les corps de ses paroissiens entassés, vieux et enfants mêlés à leurs
parents.
    Des dizaines de pendus (cinquante-trois dans un seul cas)
marquent le passage d’un « bataillon maudit » de SS ; des fours
crématoires fonctionnent aux portes de Trieste ; les Juifs qui se terrent
dans les hauts villages sont pourchassés, les prisonniers alliés s’évadent,
traqués.
    Dans les unités de SS servent des Russes de l’armée Vlassov,
hommes à la dérive qui tuent et pillent par habitude et désespoir.
     
    Et puis il y a les fascistes.
    Chaque ville a sa « maison de torture » :
Villa Tasso à Rome, où l’on retrouve Pollastrini rescapé du 25 juillet
1943 ; parfois, il s’agit d’un simple appartement dans un immeuble
bourgeois où de petits commandos de bourreaux opèrent sous les ordres d’un chef
et règlent, en dehors de tout contrôle, leurs propres opérations.
    L’horreur démente atteint des profondeurs inhumaines :
on arrache les paupières, on serre les tempes entre des pinces acérées. Le
questeur Caruso et le chef de police Kappler tiennent ainsi Rome.
    À Milan, c’est à l’hôtel Regina que siègent les fascistes et
les SS.
    À Florence, Carità « invite » ses victimes à
assister aux pires orgies après les séances de torture.
    À Rome, le général Maelzer se livre lui aussi à la débauche.
    Dans cette période de mort, la violence déchaînée entraîne
chez les bourreaux la perte de toute humanité et chez beaucoup d’italiens la
régression de la moralité.
    À un résistant, durant un dur interrogatoire, le capitaine
Saeveki, des SS, crie : « Vous vous en prenez à nous, prenez-vous-en
à vos concitoyens. Chaque jour sur mon bureau s’accumulent les paquets de
dénonciations contre les patriotes. »
     
    Car les espions sont innombrables. Fascistes convaincus ou
pauvres bougres entraînés, ils écoutent, ils désignent. Dans un train ouvrier
qui roule vers Milan par un matin grisâtre, une femme bavarde dans le
silence :
    « Si j’étais un homme, je serais partisan »,
dit-elle.
    Quelqu’un la fait parler. Tout à coup, le train s’arrête en
rase campagne, des miliciens fascistes montent dans le wagon et l’homme qui a
bavardé complaisamment avec la malheureuse voyageuse la dénonce ; elle
sera abattue par une décharge de mitraillette sur le ballast.
    Ailleurs, ce sont d’autres espions qui parcourent les
vallées et les montagnes, cherchant à connaître les repaires des partisans.
     
    Pour ces derniers, les fascistes sont sans pitié. Ils savent
qu’ils ont devant eux ces adversaires que depuis 1919 ils combattent de Milan à
Turin, de Guadalajara à Barcelone, ces adversaires qu’ils ont cru tuer dans le
syndicaliste «  capolega  » anonyme, assassiné en Émilie, dans
Matteotti et dans Rosselli, deux démocrates abattus en 1924 et 1937 et qui
surgissent encore, agressifs et renforcés.
    Le général Mischi, qui a mené déjà la guerre contre les partisans
dans les Balkans, propose de faire bombarder par l’aviation allemande les
usines où les ouvriers se mettraient en grève. Il déclare :
« Désormais, notre vie est au-delà de toutes les vicissitudes, de la
victoire comme de la défaite. » Mussolini multiplie les instructions
personnelles au maréchal Graziani pour en finir avec le
« banditisme » :
    « L’action du fascisme doit être, écrit-il, la marche
de la République sociale contre la Vendée. Et puis le centre de la Vendée
monarchiste, réactionnaire et bolchevique est le Piémont, la marche, après
avoir rassemblé à Turin toutes les forces, doit commencer par le Piémont. Elle
doit rayonner de Turin dans toutes les provinces, nettoyer radicalement et puis
passer immédiatement à l’Émilie. »
    Ce texte rejoint l’ordre émis par le quartier général du
maréchal Kesselring :
    « Il faut engager de la façon la plus énergique des
actions contre les bandes armées de rebelles. Prendre sur les places publiques
les éléments reconnus responsables… »
     
    Cependant, la tâche est rude et l’engrenage

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