1944-1945-Le triomphe de la liberte
maquisards, et subit des pertes.
En représailles, elle brûle hameaux et villages, exécute les
maquisards faits prisonniers.
Jamais la répression n’a été aussi impitoyable.
Les Allemands veulent détruire cette Résistance armée, ces
maquis, qui le « fameux jour », celui du débarquement allié, peuvent
couper les voies de communication, prendre les Allemands à revers.
Alors, d’un bout à l’autre de la France, les
Allemands – leurs soldats et leur Gestapo –, les miliciens, les GMR,
les tortionnaires de la bande « Bonny-Lafont » (la Gestapo française
installée à Paris, rue Lauriston) arrêtent, saccagent, torturent, déportent,
tuent.
La Gestapo et la Milice sont bien renseignées.
Les rafles se multiplient à Lyon, à Paris.
« Pour nous tous, un coup de massue, dit un chef de la
Résistance, au moins 70 arrestations. »
Darnand tient à Lyon une conférence de presse, pérorant,
annonçant que « les forces du maintien de l’ordre ont décapité
l’état-major du terrorisme en Zone Sud… Les patrons des terroristes étaient
deux Juifs communistes qui se faisaient passer pour gaullistes. »
Mensonges : il s’agit du capitaine Fould et de
l’historien Marc Bloch, professeur à la Sorbonne, tous deux sans attaches avec
le Parti communiste.
Marc Bloch, arrêté début mars, sera fusillé le 16 juin
1944.
Ainsi, durant les trois premiers mois de 1944, la Résistance
est frappée comme elle ne l’a jamais été depuis l’arrestation de Jean Moulin et
du général Delestraint, en juin 1943.
Le 3 février 1944, Pierre Brossolette est arrêté, alors
qu’à bord d’une grosse embarcation il tente de gagner l’Angleterre. La tempête
a contraint l’équipage de cet esquif – Jouet des flots – à
s’échouer.
Les gendarmes les arrêtent. Ils sont emprisonnés à Rennes.
Brossolette réussit d’abord à cacher son identité, mais
l’arrestation d’un « courrier » à la frontière espagnole portant sur
lui le récit du départ en bateau de Brossolette permet aux Allemands de
l’identifier.
Pierre Brossolette se sait perdu : il connaît tout de
l’organisation de la Résistance. Rien ne lui sera épargné. Conduit avenue Foch,
au siège de la Gestapo, Brossolette trompe la surveillance des gardiens et se
jette du cinquième étage dans le vide.
Il meurt à minuit le 22 mars 1944.
La Gestapo enverra son corps – avec d’autres
cadavres – au Père-Lachaise, pour y être incinéré. Il n’est plus qu’une
poignée de cendres anonymes.
Pour le seul mois de mars et pour les seules cours martiales
de Darnand, 38 patriotes sont condamnés à mort et, après un simulacre de
jugement, fusillés par les gardes mobiles.
Les Allemands organisent des « raids », dans les
départements où les maquis se sont développés – Jura, Ain, Savoie,
Haute-Savoie, Gard, Lozère, Ardèche, Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne.
Les « tueurs » de la bande Bonny-Lafont les
accompagnent, volent, violent, torturent, assassinent.
Quand deux officiers SS sont tués non loin de Brantôme, la
ville est livrée aux tueurs de Bonny-Lafont, ces derniers paradant en uniforme
d’officiers de la Gestapo.
Ils exécutent 25 otages, et multiplient les sévices.
Puis ils investissent Tulle, frappant les passants,
terrorisant la population.
Aux côtés de Bonny et de Lafont, un « capitaine »
Henry commande la « Waffen nord-africaine » composée de repris de
justice, prêts à toutes les violences.
Fermes, hameaux brûlés, paysans fusillés, blessés
achevés : pas un département de France n’échappe à cette terreur que les
Allemands et leurs séides appliquent systématiquement.
Les morts sont enfouis dans la mémoire désespérée de leurs
proches, mais ils sont trop humbles pour rester vivants dans l’histoire
nationale.
Qui se souvient du massacre de tous les habitants du hameau
des Crottes, près de la Bastide-de-Virac dans l’Ardèche ? Ils étaient 16,
hommes, femmes et enfants.
Et qui se souvient des 17 pendus de Nîmes ?
« … Traversant Nîmes à bicyclette pour retourner à
Montpellier, raconte un résistant, j’ignorais tout des sauvages exécutions
d’otages auxquelles les nazis venaient de procéder quelques heures plus tôt en
divers points de la ville. C’est à la sortie du passage inférieur sous le
viaduc du chemin de fer, en arrivant à Nîmes par la route d’Uzès, que j’ai vu
les
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