1944-1945-Le triomphe de la liberte
tard, 19 février 1944, les résistants
enfermés dans la prison d’Eysses – à Villeneuve-sur-Lot – se
rebellent.
Ils se heurtent aux miliciens de Darnand et aux gardes
mobiles.
Ils ne peuvent s’évader. Ils négocient leur reddition dont
les termes sont acceptés par les miliciens qui, une fois les détenus désarmés,
les condamnent à mort, fusillant le chef militaire de la révolte attaché sur
son brancard, grièvement blessé. Les gardes mobiles ont constitué le peloton
d’exécution.
Dans cette guerre, il n’y a plus qu’une seule règle :
on tue. Les miliciens se présentent dans les prisons – ainsi à
Toulouse –, choisissent les détenus, constituent une cour martiale, jugent
et tuent.
Et des milliers d’autres martyrs meurent pour la France,
dans les camps de concentration d’Allemagne – Dachau, Mauthausen,
Buchenwald et tant d’autres, dont en Alsace celui du Struthof. Ils
disparaissent dans ces abîmes où l’on survit par miracle, dans cette Nacht et ce Nebel – cette Nuit et ce Brouillard.
D’autres sont décapités à la hache, dans les prisons de
Berlin ou de Cologne.
Et d’autres, comme le poète Max Jacob, meurent d’épuisement,
de faim et des milliers tombent sous les coups de gourdin des kapos et
des SS.
Et il y a ceux qui disparaissent à Auschwitz.
Le 6 avril 1944, la Gestapo de Lyon, que commande Klaus
Barbie, arrête à Izieu 44 enfants et 7 adultes juifs. Ils sont internés
à Drancy avant d’être exterminés à Auschwitz.
En ce début d’année 1944, alors qu’on est persuadé que le
Débarquement aura lieu dans quelques mois, chacun comprend qu’il faut s’unir,
se battre, que là est le devoir, là est le salut.
Les différentes organisations de la Résistance armée se
regroupent en des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). À leur tête, à
Londres, le général Koenig, le héros de la bataille de Bir-Hakeim.
Nombreux sont les Juifs qui se battent dans la Résistance au
sein de la Main-d’Œuvre Immigrée (MOI). D’autres créent l’Organisation Juive de
Combat (OJC). Et les différentes institutions juives se regroupent en un
Conseil Représentatif des Israélites de France (CRIF).
La France ainsi se rassemble.
1944 n’est pas l’année de la guerre civile entre deux
fractions du peuple français, mais la lutte de la France contre la poignée de
ceux qui servent l’ennemi.
À Alger, le Comité Français de Libération Nationale (CFLN)
s’élargit à tous les courants politiques du pays, des modérés aux communistes.
De Gaulle déclare le 4 avril 1944 :
« Tous sont groupés autour de moi pour faire une seule
et même politique, dont les articles sont : la guerre aux côtés de tous
nos alliés, l’indépendance souveraine, l’indépendance complète du pays, la
libération totale et la grandeur de la France…
« Achevons de nous unir dans cette sainte et juste
guerre ! Alors notre victoire française nous paiera de ce que nous aurons
souffert. »
8.
À Vichy, en ces premiers mois de 1944, Pétain, Laval, leurs
entourages et les hommes qui prétendent encore être ministres d’un gouvernement
français mesurent leur isolement.
Ils n’osent même plus proclamer qu’ils souhaitent la
victoire de l’Allemagne, ou qu’ils la croient possible. Laval répète d’un ton
las :
« Je ne dis pas que l’armée allemande battra les
autres, je dis qu’elle ne sera pas battue. »
Et il échafaudé de mirifiques manœuvres qui conduiraient à
une paix de compromis.
En même temps, il annonce, si les Français se révoltent
contre l’occupant, des « ripostes cruelles ».
Il félicite Joseph Darnand pour les actions de la Milice. Et
Pétain ne désavoue pas ces complices des SS, ces tueurs.
Laval est informé des instructions envoyées par le
Sturmführer SS Leicht, commandant général de la police militaire, à tous les officiers
de la police militaire secrète. En cas de danger de guerre, la Gestapo arrêtera
immédiatement tous les suspects. Tous les civils de 16 à 50 ans doivent
être affectés à une formation de travail. Ceux qui s’y refusent seront arrêtés,
déportés ou exécutés.
Le dernier point de ces directives précise :
« Prendre contact avec la Milice et prise de
commandement de ses chefs dans leur grade de la Waffen-SS ou le grade qu’ils
peuvent avoir comme agents appointés de la Gestapo. »
La Kommandantur prépare le texte
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