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1944-1945-Le triomphe de la liberte

1944-1945-Le triomphe de la liberte

Titel: 1944-1945-Le triomphe de la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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premiers cadavres de suppliciés. Six hommes avaient été poussés dans le
vide par-dessus le parapet auquel avaient été fixées des cordes. Les jambes
dépassaient très largement et chaque fois qu’un car ou un camion passait sous
le viaduc, il les heurtait, imprimant aux corps un sinistre balancement. Les
quelques passants se hâtaient, osant à peine lever les yeux. Les rares
automobilistes arrivant de face freinaient brutalement, puis repartaient et
passaient sous ce gibet improvisé.
    « À la sortie de Nîmes, à l’embranchement de la route
de Montpellier, six autres malheureux étaient pendus aux branches des grands arbres
du boulevard Jean-Jaurès. Il y avait là, par contre, un petit groupe d’hommes
et de femmes. Je leur appris qu’il y avait six autres pendus au viaduc de la
route d’Uzès. L’un d’eux me dit qu’il venait d’en voir plusieurs à un autre
viaduc de la ville.
    « Nous devions apprendre par la suite que les corps
étaient ainsi restés exposés jusqu’à une heure avancée de la nuit. »
     
    Durant ces trois mois ensanglantés, les 22  partisans de la Main-d’Œuvre Immigrée (FTPF-MOI), dont le chef est l’Arménien Missak Manouchian,
sont arrêtés et jugés. Ils sont étrangers, communistes, juifs pour 9 d’entre
eux.
     
    Les Allemands ont voulu un procès public, devant une cour
martiale allemande, car ces partisans, par leur origine et leur appartenance politique,
incarnent aux yeux des nazis ces judéo-bolcheviks apatrides qui composent l ’Armée
du crime.
     

     
    Sur une « affiche rouge », les portraits de 10
d’entre eux, « hirsutes menaçants », doivent révéler le vrai visage
du terrorisme.
    On attribue à Manouchian, « chef de bande :
56 attentats, 150 morts et 600 blessés. »
    Ils sont exécutés le 21 février. Une seule femme fait
partie du groupe.
    « Le recours en grâce de la Juive Golda Bancic,
étudiante en philosophie, a été admis », précise le tribunal.
    Transférée en Allemagne, Golda Bancic sera décapitée à la
hache à Stuttgart le 10 mai 1944.
    Aragon écrit, évoquant cette « affiche
rouge » :
     
    Vous aviez vos
portraits sur les murs de nos villes
    Noirs de barbe
et de nuit hirsutes menaçants
    L’affiche qui
semblait une tache de sang
    Parce qu’à
prononcer vos noms sont difficiles
    Y cherchait un
effet de peur sur les passants.
     
    Nul ne
semblait vous voir Français de préférence
    Les gens
allaient sans yeux pour vous le jour durant
    Mais à l’heure
du couvre-feu des doigts errants
    Avaient écrit
sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
    Et les mornes
matins en étaient différents.

 
7.
    Les « Morts pour la France » en ces premiers mois
de l’année 1944 sont innombrables.
     
    Chaque jour, des hommes et des femmes de tout âge, des
enfants tombent sous les balles, ou périssent dans les flammes d’un
bâtiment – ferme, hangar, église – où les tueurs – Allemands ou
miliciens – les ont enfermés.
    Il y a ceux dont l’occupant et ses assassins à sa solde
affichent les visages et les noms.
    On veut, on espère que ces corps identifiés vont hanter les
Français.
    Parfois, c’est toute la population d’un village qu’on
massacre. Ou bien une centaine d’otages.
    Les proches découvrent les corps pendus aux arbres, aux
balcons, ou bien entassés dans des fossés, à la sortie de l’agglomération, ou
abattus dans la cour d’une caserne, d’une école ou d’une prison.
     
    Le 1 er  avril 1944, un train militaire
allemand venant de Russie est détruit par les partisans, près de Lille.
    Les SS investissent la ville d’Asq.
    Ils hurlent, ils brisent, ils choisissent 86 habitants
âgés de 15 à 76 ans et les fusillent, laissant les corps martyrs
amoncelés.
     
    Ils devraient, ces cadavres, effrayer, terroriser,
contraindre à la soumission, à la passivité.
    Au contraire, les maquisards, les partisans, les saboteurs,
sont de plus en plus nombreux, de plus en plus audacieux.
    Les prisonniers se révoltent dans les prisons où l’ennemi
les entasse en attendant de les fusiller ou de les déporter. Une escadrille de Mosquitos de la RAF bombarde, au ras des toits, en exécution d’un plan minutieux, la
prison d’Amiens dont les détenus s’évadent : c’est le 15 février
1944, la réussite de l’opération Jéricho.
    C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos
frères , dit le troisième couplet du Chant des partisans.
     
    Quatre jours plus

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