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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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grand Kublai Khan. Ainsi, le noble Vénitien avait tant impressionné ce seigneur que ce dernier l’avait nommé gouverneur de la ville de Yangshow et, quand un autre potentat, le grand khan de Perse Argoûn, avait perdu sa femme, ç’avaient été Marco Polo, son père Nicolo et son oncle Maffeo – car il voyageait avec eux – qui avaient satisfait à la dernière volonté de Celle-ci. Elle avait exigé que celle qui lui succéderait fût de la même origine qu’elle, c’est-à-dire mongole. Et les trois Vénitiens avaient donc escorté de Pékin à Tabriz la belle Cocachine. Mais, entre-temps, Argoûn était mort et c’était son fils Ghazân qui avait épousé la promise.
    Ah, romance et visions de paradis exotiques ! Douce gloire de l’héroïsme et voluptés des fortunes mirifiques !
    On attribua ensuite à Marco Polo l’introduction en Europe du compas de marine, de la poudre, voire de l’imprimerie… On ne prête qu’aux riches.
    Au cours de leurs extraordinaires périples, qui avaient duré vingt ans, de 1275 à 1295, les trois commerçants vénitiens étaient devenus immensément riches. Ils rentrèrent à Venise, mais quand ils se présentèrent à leur demeure, dans la paroisse de Saint-Jean-Chrysostome, vêtus de manière extravagante, on leur en refusa l’entrée et on les traita d’imposteurs. Ce ne fut que grâce aux témoignages de relations vénitiennes qu’ils se firent reconnaître et purent regagner leurs aîtres. Notre voyageur y gagna le sobriquet de « Marco Millioni ».
    Guère fatigué de ses aventures, Marco Polo, seul cette fois, se vit confier, en 1298, le commandement d’une galère de deux cent cinquante hommes qui allait affronter la flotte des Génois, commandée par Lamba Doria, dans une bataille navale aux motifs obscurs. Les Génois gagnèrent, le sopracomito Polo fut fait prisonnier. Il partagea sa geôle de Gênes avec un plumitif nommé Rustichello ou Rusticiano de Pise, qui le convainquit de lui dicter le récit de ses voyages.
    Ainsi naquit Le Livre des merveilles .
    *
    Le manuscrit original a aujourd’hui disparu mais, après la sortie de prison de Marco Polo, plusieurs copies en furent faites.
    Dès le XIV e siècle, quand d’autres voyageurs eurent commencé à explorer l’Asie, certains s’étonnèrent des omissions de Marco Polo. Pas un mot sur le thé, que les Européens ne connaissaient pas, mais que les peuples de Chine buvaient déjà sous la dynastie des Han. Pas un mot sur l’usage intensif du papier, utilisé depuis la dynastie Tang au VI e siècle. Pas un mot sur les livres imprimés avec des caractères mobiles, ni sur la calligraphie, un art que les Chinois avaient porté au sommet. Ni sur les billets de banque, invention chinoise datant de la dynastie Yuan (960-1279), alors que Marco était marchand comme son père et son oncle, et qu’un tel mode de transfert de fonds eût dû l’intéresser au premier chef. Ni sur l’éclairage urbain au gaz naturel, autre invention chinoise (les canalisations en terre cuite véhiculaient le gaz jusqu’à de gros troncs de bambous évidés, érigés dans les rues).
    Bizarre, de la part d’un auteur qui « portait, de son propre aveu, la plus grande attention à toutes les nouveautés et curiosités qu’il rencontrait ». De plus, on n’a pas retrouvé trace dans les annales mongoles ni chinoises d’un voyageur aussi distingué.
    Au fil des siècles, historiens, sinologues, voyageurs s’étonnèrent de lacunes, mais aussi de coïncidences trop fortes et répétées. Certains passages du Livre des merveilles sont des plagiats de récits d’autres voyageurs. Et de nombreux passages comportent des erreurs que des spécialistes attribuent à des traductions approximatives.
    L’étendue des voyages que Polo et ses parents auraient faits, fût-ce en vingt ans, semble par trop prodigieuse pour être possible, du sud de l’Inde à la Mongolie, de la Perse à Sumatra, du Mien (Birmanie du nord) au Négropont (mer Noire)… Notre homme a vu les rivages de l’Arctique et visité le royaume d’Abyssinie ; il connaît Java, Sumatra, les îles Andaman et Nicobar ; il est allé à Zanzibar et à Madagascar, mais aussi à Ceylan et au Japon ; il a traversé l’Inde et parcouru le Tibet et à l’extrémité de la Sibérie il a vu les Toungouz qui montaient à dos de rennes et les Goldes qui circulaient sur des traîneaux à attelages de chiens…
    À l’âge des jets, cela donnerait le

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