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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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dur ayant été importé en Italie, via la Sicile, par les Arabes au IX e siècle.
    En 1995, Frances Wood, sinologue de la British Library, consacra une longue analyse au Livre des merveilles, mettant fortement en doute jusqu’à l’idée que Marco Polo ait été en Chine  (11) . Pour elle, il n’aurait pas dépassé Sébastopol.
    Il apparaît aujourd’hui que Le Livre des merveilles , qui s’appelait à l’origine Description ou le Devisement du monde , fut à l’origine une vaste compilation réalisée par Rustichello ou Rusticiano de Pise, dont seule la première partie est à peu près véridique. C’est celle qui raconte le premier voyage des Polo vers l’Asie. Ce qui n’exclut pas que Marco Polo lui-même ait enjolivé sa narration. Surprise : la première version fut rédigée en français, un français assez bizarre (elle est conservée à la Bibliothèque nationale, FFr. 1116). Et, autre surprise, le tout premier exemplaire daté (1307) fut offert à Thiébault de Cépoy, gentilhomme de la maison de Charles de Valois, frère de Philippe le Bel. Or, ce seigneur représentait les intérêts de son maître à Constantinople et, autre coïncidence, il résidait à Venise. Qu’en attendait donc Marco Polo ?
    Les premières copies manuscrites de l’ouvrage – cent quarante-trois en ont été recensées – furent réservées aux monarques et aux cartographes. Ainsi Charles Quint en possédait-il cinq. Ce furent les rois et les voyageurs européens qu’il fit d’abord rêver, et Dante, par exemple, ne semble pas en avoir eu connaissance. Manteau d’Arlequin littéraire, c’est-à-dire assemblage de pièces rapportées, ce livre eut l’immense mérite de révéler à l’Occident des régions de l’Asie dont nul n’avait encore entendu parler. Il fouetta les imaginations des explorateurs et des commerçants. Le mouvement qu’il avait enclenché changea l’histoire du monde et contribua même à ouvrir l’ère coloniale.
    Au regard contemporain, un tel ouvrage serait méprisable, mais la notion de livre était à l’époque moins rigoureuse. Celui-là eut l’avantage de faire rêver l’Europe.
    Les Vénitiens furent sans doute les seuls à n’être pas dupes des mirobolantes fabrications de Marco Polo : après sa mort, on vit apparaître un nouveau personnage dans les masques du carnaval : c’était celui de Marco Millioni, qui racontait des histoires à dormir debout, pour divertir la foule.

8 mai 1429
    Jeanne d’Arc a-t-elle existé ?
    Pendant des siècles, précepteurs puis instituteurs ont enseigné que Jeanne d’Arc libéra la France des Anglais. Formulation audacieuse, voire périlleuse, à force de simplisme ; elle devient même séditieuse quand on y fait intervenir le surnaturel.
    Résumons d’abord la situation dans le pays à la mort de Charles VI, en 1422 : son cinquième fils et seul héritier, le futur Charles VII, a été déclaré bâtard par sa mère, Isabeau de Bavière, deux ans plus tôt, au traité de Troyes. Il est donc exclu du trône, qui revient officiellement à Henri VI d’Angleterre. Celui-ci n’a alors qu’un an. Pour être roi d’Angleterre, il n’en est pas moins français par son père, Henri V Plantagenêt, et sa mère, Catherine de Valois, la propre sœur du futur Charles VII. C’est d’ailleurs au château de Vincennes que son père Henri V vient de mourir, la même année que Charles VI.
    Le jeu turbulent des successions royales fait que le concept des nationalités n’a nullement la signification ni la portée qu’il revêt de nos jours. La preuve la plus évidente en est généralement négligée : Henri VI, le rival virtuel du futur Charles VII, est son propre neveu, puisqu’il est le fils de sa sœur Catherine de Valois.
    Ce jeu est compliqué par les intrigues sulfureuses d’Isabeau de Bavière. En effet, en dépossédant son fils Charles sous le prétexte de bâtardise, c’est elle et elle seule qui offre le royaume de France aux Plantagenêts. Cette forfaiture, qui lui vaudra quelques années plus tard d’être enterrée sans funérailles, s’explique par son ambition frénétique : elle entend exercer la régence à la fois sur le royaume de France et sur celui d’Angleterre. N’est-elle pas la grand-mère du petit Henri VI, trop jeune pour régner ? Coucheuse fieffée, elle s’était liée avec Louis d’Orléans, père naturel supposé du futur Charles VII, le frère même de Charles VI, dans

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