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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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l’espoir de redevenir reine quand ce dernier, déjà fou et malade, serait mort ou aurait été assassiné. Mais ce fut Louis qui fut assassiné, en pleine rue, par Jean sans Peur, qui lui disputait le duché de Bourgogne.
    Cet épisode est important : il a déclenché une guerre civile entre les Armagnac, qui voulaient venger Louis d’Orléans, et les Bourguignons, partisans de Jean sans Peur. Pendant un certain temps, Isabeau s’était rangée dans le camp des Armagnac ; puis, dans un revirement qui ressemble à une trahison, elle a rallié les Bourguignons. Pour l’heure, elle est toujours dans le camp de ces derniers, eux-mêmes alliés des « Anglais ».
    Isabeau est maîtresse du jeu sur les terres de France et d’Angleterre, au sens purement géographique.
    *
    À dix-neuf ans, en cette année 1422, Charles vient d’épouser Marie d’Anjou, fille du roi Louis II de Naples et de Yolande d’Aragon – le point mérite attention, car les ducs d’Anjou sont liés à la dynastie d’Henri VI, héréditairement comte d’Anjou, on l’a vu. Paradoxalement, Charles s’est donc marié avec une lointaine parente de son ennemi.
    L’infortuné prince, au physique ingrat, n’est alors reconnu que comme « roi de Bourges », et seules quelques régions du Centre, du Midi et de l’Est le considèrent comme l’héritier de son père. En fait, il n’est qu’un dauphin virtuel. Aurait-il d’ailleurs hérité du trône que la plus grande part du territoire de France, tout le nord-ouest, échapperait à son pouvoir : en effet, le duché de Bretagne est indépendant, la Normandie (au sens le plus large, puisqu’elle englobe alors la plus grande partie de l’Orléanais et l’Île-de-France, y compris Paris) et la Champagne (également au sens le plus large, puisqu’elle inclut la Lorraine) sont aux mains des Anglais, de même que la Guyenne, au sud-ouest. Enfin, le comté et le duché de Bourgogne sont alliés aux Anglais. Les comtés de Blois, d’Angoulême et du Périgord, eux, sont aux mains des Orléans ; les comtés de Poitou, la seigneurie de Bourbon et le comté d’Auvergne, de la maison de Berry. Pour finir, le comté de Provence appartient à la maison d’Anjou, liée aux Plantagenêts.
    Peut-on dire que ces seigneurs ne soient pas « français » ? Il y faudrait beaucoup d’audace. Peut-on même affirmer que les Bourguignons et les Armagnac ne le soient pas parce qu’ils sont alliés des Anglais ? Pas davantage, et il serait même ridicule de le prétendre : les ducs d’Anjou, de Bourbon, de Bourgogne et d’Aragon sont les oncles du défunt Charles VI ; ils ont d’ailleurs exercé la régence du royaume quand celui-ci a accédé au trône, parce qu’il n’avait alors que douze ans.
    « Anglais », le terme revêtait lui aussi un sens différent à l’époque ; la preuve en est que, mis en difficulté, le camp du dauphin attend des troupes écossaises, qui arriveraient à son secours avec Marguerite, fille du roi Jacques d’Écosse. Parce que, pour eux, les Écossais n’ont rien à voir avec les Anglais.
    Charles VI a été roi du royaume des Francs, dit « France » dans un sens dérivé, mais totalement différent de ce que fut plus tard la France des Bourbons, puis de l’Empire et des républiques.
    La France politique est alors une fiction qui ne peut être évoquée que pour et par des gens qui ignorent tout de la réalité des féodalités du temps. Ou bien qui veulent fabriquer un mythe nationaliste pour défendre leur cause.
    *
    Pendant ce temps, les intrigues et les batailles se poursuivent. Et les Anglais, en fait des rois angevins, veulent conquérir encore plus de territoires, afin que, lorsque Henri VI gouvernera, sa part de France soit encore plus grande. Ils possèdent des places fortes le long de la Loire et, en février 1429, ils préparent un siège d’Orléans. Les maigres troupes du dauphin Charles tentent d’intercepter un convoi de ravitaillement des assiégeants, mais ils échouent lamentablement. C’est la terrible « Journée des harengs ». Charles n’a plus de pouvoir, plus d’avenir, et il ne survivrait que dans la fuite, vers le Dauphiné, la Castille, l’Écosse…
    Le 6 mars, selon l’histoire officielle ou plus exactement traditionnelle, le destin de Charles pivote : il rencontre à Chinon une étrange jeune fille de dix-sept ans, Jeanne d’Arc, déguisée en soldat et qui s’est fait prêter une escorte armée par le

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