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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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déferle sur le continent, les libéraux sont pris par la nostalgie de l’Empire, qui pour eux avait conservé les acquis principaux de la Révolution. C’est à coup sûr un faux, mais il présente les qualités de réflexion d’un esprit profond, malgré des faiblesses insignes, comme la mauvaise « explication » de l’exécution du duc d’Enghien. Il dépasse donc le niveau d’un ouvrage de circonstances. Et, en dépit de singularités de langue – « Enghein », « terrein », « malversateurs », « corrobérée » – qui entachent le style et qui sont peut-être dues au prote britannique, c’est aussi l’un des exemples exceptionnels de faux élevé au rang d’œuvre maîtresse, sinon de chef-d’œuvre.
    Diverses hypothèses sur l’identité de l’auteur – Marmont, Mme de Staël… – ont évidemment été émises au cours des décennies. Nous n’en ajouterons pas une de plus et nous limiterons à observer que les pages traitant de l’économie reflètent une maîtrise du sujet qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans les textes de Napoléon.
    Jusqu’à l’avènement d’Internet, les livres étaient le moyen le plus efficace de propagation des mythes et des mystifications.

1825
    La prodigieuse affabulation de Fyodor Kouzmitch, alias Alexandre I er de Russie
    Le 2 décembre 1825 (19 novembre selon le calendrier grégorien), le peuple russe apprit avec consternation que son monarque, le tsar Alexandre I er , avait la veille rendu son dernier soupir. Il n’était pourtant pas vieux, quarante-huit ans.
    On ne sut ni ne sait de quoi il mourut : ces choses-là ne concernent pas le commun. L’un des médecins qui l’avaient assisté jusqu’à sa mort, le Dr Wyllie, avait évoqué la malaria, un autre, le chirurgien Tarassov, une affection biliaire. Les deux conclurent cependant à un transport au cerveau. L’absurdité des diagnostics se passe de commentaires.
    Fatale conclusion d’un changement d’air hygiénique : quelques semaines plus tôt, la tsarine Elizabeta Fyodorovna, née Marie-Louise de Bade, s’était sentie fatiguée et le couple impérial était parti pour Taganrog, au bord de la mer d’Azov, dans le sud. Peu après son arrivée, la tsarine se rétablit et le couple prolongea son séjour. Le tsar entreprit un tour de la Crimée, dans la perspective de l’offensive contre l’Empire ottoman à laquelle il songeait. Il se rendit aussi au monastère de Saint-Georges, à Balaklava. Il confia au prince Wolkonski : « Bientôt je me retirerai ici pour vivre comme un simple mortel. J’ai fait mon service pendant vingt-cinq ans. À ce terme, un soldat a droit à sa retraite. »
    Aussi ce tsar-là était-il un personnage singulier. Épris de liberté, du moins le disait-il, et jacobin convaincu, ce qui était paradoxal pour un potentat absolu, il avait même constitué un Comité de salut public. Il était mystique, mais les béatitudes semblaient lui avoir été refusées, car il sombrait progressivement dans la neurasthénie. Son mariage n’était guère un refuge pour sa mélancolie et le seul enfant qu’il eut eu, une fille, était mort en 1808. Il n’avait donc pas de vie de famille.
    De retour à Taganrog, Alexandre fut pris d’une violente fièvre. Elle l’emporta. Peut-être avait-il été « écrasé par la couronne », comme il avait coutume de le dire à la fin de sa vie.
    Selon la coutume, il fallut l’embaumer. Le Dr Wyllie s’en chargea seul. Et selon la coutume également, le corps fut exposé un mois dans la cathédrale de Taganrog. Sans doute le médecin s’y était-il mal pris, car lorsque le cadavre fut rapatrié à Tsarskoïe-Selo, pour y être de nouveau exposé, certains familiers du tsar s’étonnèrent de son amaigrissement et de la couleur de son visage : il était tout noir. Puis on l’enterra.
    *
    À quelques mois de là apparut dans la région de Tomsk, dans la taïga à l’est des monts Oviral, en Sibérie inférieure, un staretz nommé Fyodor Kouzmitch. Les staretzi étaient des personnages familiers dans la vie de la Russie d’alors, ermites ambulants parfois dotés de dons miraculeux, prophètes et guérisseurs. Celui-ci s’était installé dans une isba. Il semblait avoir beaucoup marché, allant de sanctuaire en monastère. Il parlait peu et l’on croyait, à ses rares propos, deviner qu’il avait frayé avec des membres de la cour impériale. Les rumeurs à son sujet parvinrent aux oreilles du

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