4 000 ans de mystifications historiques
sa guérison et occupe toutes ses pensées » ?
Trois autres bizarreries figurent au dossier. Les rumeurs sur le staretz de Tomsk ayant fini par atteindre la Cour, Alexandre II, celui qui présida à l’émancipation des serfs, décida d’en avoir le cœur net. En 1865 – l’année suivant la mort de Kouzmitch –, il fit ouvrir la tombe de son grand-oncle. Le cercueil était vide. La perplexité, on le devine, fut grande.
En 1883, Alexandre III, fils du précédent, voulut en finir avec ces « histoires de bonnes femmes ». Il fit rouvrir le tombeau : le cercueil était aussi vide. Enfer et damnation !
En 1919, les maîtres du Kremlin firent ouvrir tous les tombeaux des Romanov, pour vérifier que chacun d’eux contenait bien la dépouille du monarque dont le nom était gravé sur sa pierre tombale. Le cercueil d’Alexandre était toujours vide.
« Un sphinx inviolé jusque dans sa tombe ! », écrirait le poète Pouchkine.
Force est de reprendre le dossier à zéro. La tsarine Elizabeta Fyodorovna aurait été informée du projet secret de son époux, de même que le Dr Wyllie, seul responsable de l’embaumement. Le cadavre aurait pu être celui d’un serf récemment décédé et ressemblant à Alexandre. Et si le visage du cadavre était si noir, c’était parce que Wyllie avait voulu masquer les dissemblances.
Mais qui aurait subtilisé le cadavre dans le tombeau impérial ? Peut-être Elizabeta Fyodorovna, qui, en digne dépositaire des privilèges monarchiques, se serait refusée à laisser le corps d’un sujet reposer dans le tombeau de son maître.
À moins que l’auteur de ces pages ne soit lui-même victime de la mystification, le mystère demeure donc.
1840
La dépouille de Napoléon repose-t-elle
aux Invalides ?
L’une des plus fulminantes mystifications de l’histoire est toujours en cours, et toutes les autorités responsables se refusent à y mettre fin : ce n’est pas la dépouille de Napoléon qui repose dans le monumental sarcophage des Invalides.
L’affirmation n’est pas inspirée par une hypothèse aventureuse, mais par des faits patents qui, dans toute affaire criminelle, imposeraient l’ouverture d’une enquête.
En 1840, sous le règne de Louis-Philippe, une délégation française se rend à l’île de Sainte-Hélène pour récupérer le cercueil de Napoléon, avec le consentement de la reine Victoria. La concession anglaise scelle l’entente indéfectible qui règne désormais entre les deux pays.
L’expédition, placée sous le commandement du prince de Joinville, comprend trois familiers de l’Empereur en exil, les généraux Gourgaud et Montholon et le baron de Las Cases, fils du rédacteur du Mémorial , ainsi que les serviteurs Ali, Archambault, Courson, Noverraz et Pierron.
Le 15 octobre 1840, le cercueil est extrait du tombeau dans lequel il est censé avoir été déposé le 7 mai 1821. Par une initiative française qui n’avait pas été annoncée aux Anglais, une étape d’ouverture du cercueil est insérée. Là commencent les surprises des témoins.
– Le cercueil original avait été déposé dans un cercueil en fer-blanc, lui-même inséré dans un cercueil en plomb, lequel avait été déposé dans un cercueil en acajou. Et le premier cercueil avait été soudé. Lors de l’ouverture, tous les témoins peuvent constater qu’un quatrième cercueil a été ajouté ; il est en acajou et s’insère entre celui de plomb et celui de fer-blanc. Singularité : il est recouvert de velours sur ses faces intérieures. Ce quatrième cercueil est la preuve formelle qu’une manipulation a eu lieu après l’inhumation de Napoléon, comme en atteste le fait que le cercueil de fer-blanc a été forcé.
– Lorsqu’il avait été mis en bière, le cadavre était habillé de sa tenue d’apparat, les pieds chaussés de bas de soie blancs dans ses bottes à éperons d’argent. Le cadavre révélé en 1840 ne portait pas de bas et les coutures des bottes s’étant rompues, quatre orteils nus apparaissent à chaque pied. Et les éperons d’argent ont disparu.
– Le chapeau avec cocarde avait été déposé sur les pieds du cadavre. À l’ouverture, c’est un chapeau sans cocarde et il se retrouve sur les cuisses.
– Les décorations accrochées sur la dernière tenue impériale étaient, en 1821 la Légion d’honneur, la Couronne de Fer, l’Ordre de la Réunion et le Grand Cordon de la Légion d’honneur, avec croix
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