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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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nationaux.
    Et après la décision de Thiers, chef du gouvernement provisoire, ce même 18 mars, de désarmer les gardes nationaux. L’armée fraternisa avec les gardes et la population. Les généraux Lecomte et Thomas, qui avaient tenté d’enrayer le mouvement, avaient été tués. Le conflit commença, mais ses causes n’étaient pas la défense de la patrie. On sait la suite.
    Le calme observé par Georges-Roux était trompeur. Le 3 mars, le Comité central avait été créé, et le 15 mars, la Fédération républicaine avait été fondée. L’ennemi avait alors changé de visage : ce n’était pas la Prusse. La Commune fut une tentative de réédition de la Révolution française, qui couvait depuis des années. En atteste la déclaration du délégué aux Affaires étrangères de la Commune, le 22 mars :
    La révolution accomplie dans Paris ayant un caractère essentiellement municipal n’est en aucune façon agressive à l’égard des troupes allemandes.
    C’était une réponse à la proclamation du général von Schlotheim, commandant du corps d’armée allemand de Compiègne, faite la veille et assurant le commandement militaire de la Commune que ses troupes avaient reçu l’ordre de garder une attitude passive et amicale.
    Le jeu politique allemand n’avait pas cessé : en favorisant la Commune, il faisait pression sur Thiers, qui se montrait fort exigeant dans ses tractations avec les Allemands.
    *
    Les bonnes dispositions ou l’indifférence des insurgés à l’égard des Allemands n’étaient pas une surprise ou, en tout cas, ne l’étaient pas pour tout le monde. Le ministre Favre avait déjà noté :
    Beaucoup de gardes nationaux des faubourgs déclaraient : « Nous avons des fusils, mais nous ne nous en servirons pas contre les Prussiens. » Il y avait une disposition générale à profiter des événements pour satisfaire des passions politiques ou sociales.
    N’y avait-il donc pas de patriotes ? De gens qui se disaient que ce n’était pas le moment, quand la patrie était en danger, de se livrer à une guerre intestine ? Si, mais ils étaient impuissants. Témoin Louis Rossel, qui entra dans Paris, révolté par l’égarement des esprits ; il tenta de prévenir Gambetta, exilé à Tours, mais, en vain ; il fut fusillé par les Versaillais le 28 novembre au camp de Satory.
    Il y eut Paul Déroulède, affecté au 16 e bataillon de mobiles de Belleville :
    Les jeunes Bellevillois […] étaient imprégnés jusqu’aux moelles de toutes les doctrines dissolvantes, répandues à profusion dans Paris, et de préférence dans les quartiers populaires. Comme ils me savaient républicain, ils en avaient conclu que je devais être internationaliste. Enhardis par cette idée, ils s’étaient laissés aller à déblatérer devant moi sur le préjugé de patrie. L’un d’eux alla jusqu’à me demander, sans avoir autrement honte de sa question, quel intérêt il y avait pour nous à être ou à n’être pas victorieux.
    Edmond de Goncourt n’écrivit pas autre chose dans son Journal, le 1 er avril 1871 :
    Quelque chose me révolte dans ce gouvernement de la violence et de toutes les extrémités : c’est sa débonnaire résignation au traité de paix, sa lâche résignation aux conditions déshonorantes, c’est, le dirai-je, son amicalité, presque, pour les Prussiens.
    *
    La situation prit un tour imprévu quand le « général » Gustave Cluseret, délégué de la Guerre à la Commune (au comité de laquelle il n’avait été nommé que tardivement), prit sur lui d’ouvrir les négociations avec les Allemands.
    Curieux personnage, sur lequel les dictionnaires et encyclopédies sont aussi muets qu’une grande partie des ouvrages et manuels d’histoire : après avoir été chassé de l’armée et après avoir combattu dans les troupes de Garibaldi, en Italie, il était parti pour les États-Unis et s’était battu dans la guerre de Sécession, du côté nordiste ; c’était là qu’il serait devenu général, grade dont il assurait qu’il lui avait été conféré par Abraham Lincoln lui-même. À beau mentir…
    Donc Cluseret écrit au commandement allemand cette sidérante missive :
    Il est parvenu à la connaissance de la Commune de Paris que la somme de 500 millions de francs qui, aux termes de la convention militaire, devait être payée par le gouvernement français au gouvernement allemand, ne le sera pas à la date prévue. Dans ce cas, la Commune

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