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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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l’archiduc héritier Rodolphe, venait de découvrir les cadavres de ce dernier et de sa maîtresse Marie Vetsera dans le pavillon de chasse de Mayerling, une localité au sud de Vienne.
    Alors commence une série de mensonges qui sonnera plus sûrement le glas de la dynastie impériale que l’assassinat d’un autre héritier, François-Ferdinand, vingt-cinq ans plus tard.
    Pour commencer, les dires de Loschek laissent croire à l’empereur François-Joseph et à l’impératrice Elizabeth, Sissi, que Marie Vetsera a empoisonné son amant, leur fils unique. Or, il est plus que douteux que les blessures à la tête de l’un et de l’autre et les traces de sang soient passées inaperçues d’un valet familier du gibier qu’on rapportait à Mayerling. Loschek est d’ailleurs un menteur, on le verra plus loin.
    N’importe, ce premier mensonge est vite suivi d’un deuxième : Rodolphe ne peut être mort en situation d’adultère. Il est en effet marié depuis 1880 à la princesse Stéphanie de Belgique. Le cadavre de Marie Vetsera est promptement emporté à l’abbaye de Heiligenkreutz ; il sera plus tard inhumé nuitamment.
    Officiellement, Rodolphe est donc mort seul. Mais de quoi ? Troisième mensonge dans la même journée : une édition spéciale de la Wiener Zeitung annonce que l’archiduc Rodolphe est mort d’une crise d’apoplexie.
    Le lendemain, le professeur Widerhofer, médecin de la Cour, informe l’empereur des conclusions des autopsies qu’il a pratiquées dans la nuit : Rodolphe s’est suicidé d’une balle dans la tête après avoir tué Marie Vetsera. Cela non plus ne peut être admis publiquement : le suicide est interdit par la religion catholique et le défunt ne pourrait bénéficier des obsèques religieuses, d’autant plus qu’il serait également coupable de meurtre. Le déshonneur serait immense pour la famille impériale.
    Un quatrième mensonge est donc tricoté à la hâte, avec le secours de la faculté : des médecins de l’université de Vienne certifieront que Rodolphe est mort en état d’« aliénation mentale ». Comment diantre diagnostique-t-on l’aliénation mentale dans le cerveau d’un cadavre ? Plus fort que Freud. Apoplexie et aliénation mentale, pauvre garçon ! L’Église veut bien se laisser abuser au nom de la dignité impériale et les restes de Rodolphe sont inhumés le 5 février dans la crypte de l’église des Capucins, aux côtés de ses ancêtres.
    Les mensonges ont sans doute une date de péremption, au terme de laquelle ils dégagent des rumeurs. Celles-ci véhiculent l’existence d’un deuxième cadavre, celui de Marie Vetsera. Or, ce n’est pas seulement la Cour qui en bruisse, mais Vienne tout entière, puis l’Autriche, puis encore l’étranger. Pendant des années, la censure impériale tentera de tenir les « racontars » en échec. Mais ces efforts mêmes fouettent la production d’articles et de brochures à sensation. Quand une familière de la Cour, Marie von Wallersee, comtesse Larisch, une nièce de l’impératrice, publie à Londres, en 1913, des Mémoires trop révélateurs, l’empereur fait racheter la totalité de l’édition.
    L’assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo, en 1914, puis la Grande Guerre tireront momentanément un voile sur la tragédie de Mayerling. Ce ne sera qu’après le départ de l’empereur Charles en exil et la fin de la monarchie que les langues commenceront à se délier. Elles propageront un temps des rumeurs politiques, cette fois : ce serait Bismarck qui aurait fait assassiner Rodolphe, parce que l’archiduc héritier était hostile à la politique autrichienne d’alliance avec l’Allemagne. Théorie d’autant plus absurde que cet assassinat même, si l’on en avait découvert l’inspirateur, aurait justement mis fin à cette politique. Alors, avancent d’autres rumeurs, ç’aurait été Clemenceau, furieux de n’avoir pu convaincre Rodolphe de mettre fin à l’alliance austro-allemande. Autre absurdité, puisque Rodolphe était favorable à une alliance avec la France, mais qu’il n’avait pas les moyens de l’imposer.
    La nature même de ces rumeurs indique qu’une vaste partie de l’opinion se refusa longtemps à admettre l’évidence : l’héritier du trône ne croyait plus à l’avenir de sa dynastie.
    *
    La vérité ne se fera jour que progressivement, surtout après la découverte des lettres de Rodolphe à des amis et des proches, à

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