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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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elle n’a atteint la notoriété que depuis 1924. Depuis 2010, toutefois, des doutes de plus en plus sérieux pèsent sur son authenticité. Toute son histoire est bizarre, jusqu’à paraître suspecte.
    Ce 6 décembre-là, leurs altesses royales les princesses de Saxe, qui passent l’hiver en Égypte, visitent le chantier de fouilles de l’illustre égyptologue allemand Ludwig Borchardt à Tell el-Amarna, ancienne capitale du pharaon Aménophis IV, dit aussi Akhenaton, auquel on attribue hâtivement « l’invention » du monothéisme et qui était l’époux de Néfertiti. Peu de temps auparavant, Borchardt avait découvert l’atelier du sculpteur Thoutmosê, avec les instruments, les matériaux, dont le stuc, et les pigments d’époque. Les princesses se promenant à leur guise reviennent vers l’égyptologue, tenant en main un objet qu’elles viennent de trouver dans l’atelier ou le terrain de fouilles, on ne sait ni on ne saura. C’est le buste polychrome qui deviendra mondialement célèbre. Haut d’une cinquantaine de centimètres, en calcaire recouvert de stuc et peint, il est miraculeusement intact, à part les oreilles ébréchées. C’est Néfertiti.
    Pendant près de quarante ans, l’égyptologue suisse Henri Stierlin et quelques autres enquêteront sur cette beauté et relèveront les étrangetés suivantes.
    Borchardt est un égyptologue dont le renom est aussi grand que l’expérience ; il ne peut méconnaître l’intérêt historique du buste de Néfertiti, outre ses qualités esthétiques. Mais, apparemment, il ne s’en soucie pas outre mesure. Les autorités françaises chargées d’arbitrer le partage des découvertes entre l’Égypte et les mécènes qui financent les fouilles ne prennent pas non plus le buste en considération. Pis, Borchardt s’oppose à ce que le buste figure dans une exposition sur ses découvertes, qui doit avoir lieu à Berlin. Mais le musée prévaut et finalement le buste est exposé en 1924 ; alors sa notoriété s’envole. Chacun admire la finesse hiératique de ce portrait de femme, une Marlene Dietrich d’il y a trois mille cinq cents ans, dont la séduction transcende l’impassibilité de l’expression. Chacun admire sa modernité.
    Pourquoi Borchardt a-t-il témoigné si peu d’intérêt pour cette œuvre ? D’emblée, il écrit que le buste est en calcaire recouvert de stuc. Comment le sait-il ? Le buste pourrait, en effet, être en plâtre, comme d’autres modèles de sculpteur.
    Les circonstances de la découverte sont obscures, sinon confuses. A-t-il été trouvé par Borchardt, ses équipes, ou bien par un simple ouvrier, dont on connaît le nom, Mohamed Ahmed el-Senoussi ? Les rapports de l’égyptologue sont contradictoires : dans l’un, celui de 1923, il rapporte que l’objet a été trouvé, face contre terre, dans un tas de débris fragiles ; dans un autre, il suggère que le buste serait tombé d’une étagère située un mètre plus haut.
    Mais comment le buste aurait-il subi si peu de dommages en tombant ? Le nez et le menton auraient dû en souffrir. Or, ils sont intacts.
    Point majeur : l’œil gauche manque. Et tout le monde en convient : il n’a jamais été posé et il n’existe pas la moindre trace d’énucléation, qui aurait laissé des traces sur le stuc. Laisser une telle tare sur le visage d’une reine aurait, à l’époque, exposé le sculpteur aux pires sévices de l’administration : c’était un outrage à l’image de la royauté, elle-même assimilée à la divinité.
    Mais quand il est enfin contraint de rédiger des notices sur ses découvertes, Borchardt recourt à une ruse déconcertante ; il ne présente sur son communiqué qu’une petite photo du profil droit, celui qui est doté d’un œil, et il en omet le socle. Ce qui est contraire à toutes les règles de l’archéologie, où l’on reproduit la totalité de l’œuvre sous toutes ses faces. C’est une erreur inconcevable chez un égyptologue aussi expérimenté et scrupuleux que Borchardt.
    Le buste en question serait le seul de tout l’art égyptien à présenter des épaules coupées verticalement. Il existe d’autres bustes dans l’histoire de cet art, mais les épaules y sont coupées horizontalement. Il en ressort que ce buste ne peut être ni un modèle d’atelier, ni un buste achevé.
    Une analyse scientifique ne démontrerait rien, si la sculpture a été confectionnée avec le stuc et les pigments

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