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A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

Titel: A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Isabelle Juppé
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heures de visite (souvent quand les musées sont fermés au public), et donne droit à des guides exceptionnels. Il est plus agréable et plus instructif de visiter telle ou telle collection à trois ou quatre avec un excellent guide que perdu dans la foule...
    J'ai bénéficié de ces avantages à l'étranger mais également à Paris quand j'accompagnais moi-même telle ou telle personnalité étrangère de passage dans les musées parisiens.
    Désireuse de parfaire ma culture je me suis d'ailleurs inscrite dès la rentrée de septembre à l'école du Louvre pour suivre les cours d'histoire générale de l'art en auditeur libre.
    Mais au-delà d'un tableau ou d'une rosace de cathédrale, au détour d'un musée ou d'une basilique, j'ai aussi découvert des atmosphères, et la force silencieuse de certains éléments. Tels les rivières ou fleuves qui un peu partout dans le monde charrient dans leurs flots des pans entiers de l'histoire du pays... Le Tibre à Rome, la Vistule à Varsovie, le Potomac à Washington, le Danube à Budapest, la Moldava à Prague, la Moscova à Moscou, l'Hudson River à New York... Cours d'eau que j'ai parfois descendus en bateau, comme l'Elbe ce 24 août 1993, journée dite de « réconciliation franco-allemande » entre les deux ministres des Affaires étrangères, Alain et son homologue, Klaus Kinkel, au lendemain de la crise monétaire du mois de juillet 1993. Ensoleillée et lente croisière en péniche, agrémentée de spécialités pâtissières de la Saxe. Nous, Ursula Kinkel et moi-même, « les épouses », étions assises sur le pont, au soleil, pour faire connaissance, tandis que le bateau filait à la vitesse d'un escargot
chargé d'une tonne de laitue, le long de l'antique voie ferrée qui relie toujours Prague à Berlin. Quant aux deux époux, Alain et Klaus, ils travaillaient en bas, au fond de la cale aménagée en bureau, avec leurs collaborateurs, sur les dossiers ô combien épineux du moment.

    J'ai aussi en tête des souvenirs éparpillés de lieux à la fois pittoresques et magiques. Comme lors de cette visite à Prague chez Géraldine Mucha, belle-fille du célèbre affichiste du début du siècle, Alphonse Mucha, une Anglaise aux cheveux blancs et au sourire rieur, qui tranchait avec la solennité de la ville. Au premier étage, en haut d'un escalier de pierre, se nichait un kaléidoscope d'objets. Au détour de chacun d'eux, fauteuil, baldaquin, lampe, miroir, cadre de photo, harmonium, surgissaient des morceaux de vie du peintre, des anecdotes futiles ou tragiques contées d'une voix chaude par l'occupante des lieux...
    Autre magie, russe cette fois, ce mardi de novembre, dans un musée d'Etat de porcelaine, le palais de Kouskovo, installé dans l'ancienne résidence d'été d'un comte russe à quelques kilomètres de Moscou. La maison était tout en bois rose. Dehors, la neige tapissait les pelouses où s'étiraient un kiosque
à musique, une volière et, dans le lointain, quelques petites demeures réservées aux cygnes. Il faisait froid. Un froid sec et vif tel que je me l'imaginais dans ce pays-là. Avec, dans le blanc du ciel, une lumière rose comme le bois de la maison.
    Sous d'autres latitudes j'ai ressenti d'autres chocs. Ainsi avec la ville de Thula, au Yémen, et ses mille ans d'histoire accrochés à la montagne, ses maisons en pierres couleur de sable, posées les unes sur les autres sans aucun joint.
    Jérusalem : le soleil, en ce jour frais de février, envoyait ses rayons crever l'écran du ciel pour distribuer sa lumière dorée sur les pierres blanches du monde des chrétiens, des juifs et des musulmans, pinceaux d'un peintre parachevant son oeuvre.
    J'ai aimé aussi l'atmosphère un peu surannée des thermes de Budapest, très début de siècle, avec ces petits vieux immergés jusqu'à la taille qui jouaient aux échecs dans la piscine d'eau chaude dont la vapeur se distillait dans l'air frais du dehors...
    Ou celle, combien parfumée, de tous les marchés du monde. Celui aux poissons de Tokyo, vers six heures du matin, à l'heure de la vente à la criée du thon : des petits hommes
surexcités, à mille lieues du yuppie nippon cravaté, juchés sur des caisses en bois, font monter les enchères dans un japonais incompréhensible même pour les Japonais, tout en tailladant du canif la chair gelée des poissons pour en vérifier la fraîcheur.
    Ou encore tous les souks d'Orient.
    Celui des épices de Sanaa, dans la vieille ville yéménite, aux

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