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A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

Titel: A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Isabelle Juppé
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gauche ou la droite ? »
    Charline : « C'est vrai que Chirac s'ennuie sans Balladur? »
    De retour de voyage, j'avais oublié je ne sais plus quoi dans une ambassade. Quentin : « C'est pas grave maman, tu n'auras qu'à le faire renvoyer par la valise des diplômes secrets. »

    Un soir, alors qu'Alain disait en soupirant
au détour d'une phrase qu'il allait commencer sa journée du lendemain par deux petits déjeuners, le premier à sept heures et demie avec le Premier ministre, le second à huit heures et quart avec un de ses collègues du gouvernement, Quentin : « La chance ! Deux petits déjeuners ! Qu'est-ce que tu vas pouvoir manger comme pains au chocolat ! »
    Charline, un soir avant de s'endormir : « Est-ce qu'il y aura la guerre aussi à Paris un jour ? »

Chapitre V
    Regards de femmes
    Je la retrouvais avec un vrai plaisir, en cette chaude journée parisienne de juin, la plus étouffante je crois de tout l'été 1993. Leia Maria Boutros-Ghali, dont j'avais fais la connaissance à New York le mois précédent, était de passage à Paris. Elle accompagnait son mari, Boutros, Secrétaire général des Nations unies, qui effectuait une tournée européenne. La veille, j'étais allée avec elle au Grand-Palais voir l'exposition consacrée au Titien. Pendant que son époux dînait au Quai d'Orsay, je l'avais emmenée, avec quelques amies, découvrir un des meilleurs restaurants de Paris, dans le dix-huitième arrondissement, chez Beauvilliers, le cuisinier de Marie-Antoinette. Pour la changer un peu des grands hôtels dans lesquels elle défaisait régulièrement ses valises. Je crois qu'elle ne fut pas déçue, la soirée en tout cas se prolongea fort tard, puisque nous
regagnâmes toutes les deux nos pénates respectives après nos maris !
    Leia Boutros-Ghali fait partie de ces femmes que j'ai eu l'occasion de croiser plusieurs fois durant tous ces mois et qui m'ont profondément marquée. D'abord sa voix peut-être, chaude et roulante sur son accent égyptien. Ensuite sa stature, silhouette élancée et racée, avec de longues jambes fines qui portent allégrement ses 70 ans. Puis son esprit raffiné et plein d'humour au fond d'un visage respirant à la fois la gentillesse et la fermeté. Je me souviens de la réflexion, après le dîner, d'une de mes amies journaliste présente, à propos des Grands de ce monde et de leurs épouses : « En général, ces types n'épousent pas des sottes. »
    Quand je l'avais vue pour la première fois à New York, j'avais été un peu intimidée. Née à Alexandrie, parlant quatre langues dont un français impeccable, ses cheveux délicatement tirés sur la nuque, elle avait déjà ce quelque chose d'indéfinissable dans le regard, de particulièrement chaleureux, cette bonté et cette distinction des femmes d'Orient.
    Elle nous avait reçus, avec l'ambassadrice auprès des Nations unies et le consul de France, dans la résidence du Secrétaire général
de l'Onu, décorée de tableaux de maîtres prêtés par le Metropolitan Museum of Art. Nous étions ensuite allés déjeuner au River Café, une péniche sur l'Hudson River, en face de l'Empire State Building et de la statue de la Liberté.
    Trois mois plus tard, je la rencontrais de nouveau à New York, à l'occasion de la quarante-huitième session de l'Assemblée générale des Nations unies. A peine débarquée de l'avion, je l'avais retrouvée au cours d'un déjeuner donné en son honneur par l'épouse du ministre des Affaires étrangères égyptien. Le protocole m'avait placée à côté d'elle. Le soir même, c'était à son tour d'offrir chez elle un thé pour toutes les « dames » venues à New York dans les bagages de leurs maris. Le vendredi suivant, elle m'avait invitée à déjeuner dans la salle à manger des Nations unies, au dernier étage de l'immeuble. La salle dominait tout New York, et le déjeuner était marocain. Le chef de la Mamounia, le célèbre hôtel de Marrakech, y exerçait ses talents pendant un mois avant qu'un expert de la cuisine provençale française ne vienne prendre le relais.
    Le soir même, c'était à notre tour de rendre la politesse, au cours du dîner donné par la
France en l'honneur des pays francophones. Les Boutros-Ghali étaient bien entendu à la table d'honneur. Leia, à côté d'Alain, et moi à côté de Boutros (qui veut dire Pierre), son mari, que je découvrais pour la première fois. Fin, une belle voix grave, plein de charme et d'humour. A la fin du dîner,

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