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A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

Titel: A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Isabelle Juppé
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puisque nous devions partir entre Français, que le voyage serait fatigant, et que j'étais trop jeune... — j'avais en effet le tort d'être de deux ans plus jeune que la plupart de mes camarades ! Autant d'arguments que j'avais dû
trouver totalement stupides tant j'étais désespérée, le mot n'est pas trop fort. La veille du départ, je me souviens d'avoir discuté pendant des heures dans le parc de l'école avec l'une de mes amies, Agnès, pensionnaire, qui se faisait une joie de partir avec les neuf dixièmes de la classe (seule une poignée d'irréductibles parents avaient mis leur veto !), retournant un peu plus le couteau dans ma plaie. Le soir du départ, pleurant à chaudes larmes dans ma chambre, pendant que mes heureux camarades devaient s'amuser comme des petits fous sur le bateau, je m'étais fait à moi-même le serment que je voyagerais partout dans le monde « quand je serai grande », et que quarante-huit heures dans chaque pays seraient bien suffisantes pour combler mon appétit de découvertes. Non mais !
    Vingt ans après, au-delà de mes rêves les plus exotiques, mes souhaits se sont réalisés. Je me suis endormie à Rome, réveillée à New York, rendormie à Varsovie, « re-réveillée » à Riad, Prague, Athènes, Pékin, Moscou, Sanaa, Le Caire, Pretoria, Beyrouth, Jérusalem... Certes, j'ai souvent déploré de ne passer qu'un jour ou deux dans un pays, mais, grâce à ceux ou celles qui m'accompagnaient, j'ai toujours, je crois, utilisé au mieux le temps
imparti par le protocole... Evidemment insuffisantes pour connaître à fond un pays, les vingt-quatre ou quarante-huit heures m'ont néanmoins permis d'avoir envie de revenir, ou de ne pas remettre les pieds, dans tel ou tel endroit.
    Ma première expérience en matière de « protocole de voyage » remonte au mois d'avril 1993, quelques jours après la nomination d'Alain au gouvernement. Il s'agissait de son premier déplacement à Tokyo, pour la préparation du sommet du G7, « le groupe des sept pays industrialisés », qui devait se tenir au mois de juillet suivant.
    C'est donc au pays du Soleil-Levant, là où les ambassadeurs vont en carrosse présenter à l'empereur leurs lettres de créance, qui leur permettent d'être officiellement accrédités auprès des autorités, que j'ai pris mes premières leçons de protocole. Depuis, quels que soient les pays où nous sommes allés, les règles protocolaires se sont répétées selon un rituel quasi immuable.
    A la descente d'avion, le « volume » et la « qualité » du comité d'accueil dépendent du degré d'importance de la visite (d'Etat, officielle, bilatérale...) et du pays visité. Premier personnage indispensable, l'ambassadeur
français en poste sur place est au pied de la passerelle. Parfois, il monte à bord pour venir accueillir au plus près son ministre. L'ambassadrice (femme de l'ambassadeur), quand elle est là, vient également à l'aéroport et se charge plus particulièrement de mon accueil. Souvent, une petite délégation de l'ambassade s'est déplacée et attend, alignée sur le tarmac. Deuxième personnage inévitable : le chef du protocole du pays visité, secondé par un ou deux collaborateurs de son service et qui vont organiser, en liaison avec l'ambassade, les modalités pratiques (cortège de voitures, mesures de sécurité...) du séjour.
    Dans certains pays, le ministre des Affaires étrangères (avec ou sans son épouse) vient accueillir son homologue français. C'est toujours le cas en Afrique, souvent également dans les pays de l'Est ou du Moyen-Orient. En Occident c'est plus rare pour une simple visite bilatérale. En France par exemple, Alain ne se déplace pas à Roissy ou à Orly pour accueillir ses homologues. S'il devait le faire, compte tenu de la fréquence des visites de ministres étrangers à Paris, il n'aurait plus qu'à camper dans les aéroports.
    Parfois, mais pas toujours, le tapis rouge est déroulé. Mais il n'y a ni honneurs militaires,
ni hymne national, les deux étant réservés aux visites d'Etat, celles du président ou celles du Premier ministre.
    Souvent aussi, dès la descente d'avion et en signe de bienvenue, j'ai droit à un bouquet de fleurs offert par le service du protocole du pays visité.
    Une fois l'accueil terminé sur la piste, le rituel se poursuit dans le salon d'honneur de l'aéroport, étape également inévitable, même si rien d'essentiel ne s'y passe.
    C'est l'occasion d'une première prise de

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