A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?
dans sa peau, rieuse et dynamique. Elles ont pourtant beaucoup de choses en commun. Et d'abord en cette année 1993, le même ami à la tête des Etats-Unis : l'ancien gouverneur de l'Arkansas, un certain Bill Clinton.
Esther a 57 ans, des yeux verts pétillant de malice derrière des lunettes d'écaille et une énergie à vous couper le souffle. Elle avance dans la vie comme un tourbillon. Notre première rencontre a eu lieu en mai 1993, à la résidence de l'ambassade de France à Washington. L'ambassadrice française avait réuni quelques Américaines, dont plusieurs épouses de ministres. J'étais un peu intimidée par ce déjeuner— l'un des premiers donnés « en mon honneur » (en anglais qui plus est) — et j'avais eu le coup de foudre pour cette femme dont le rire, la spontanéité et la franchise avaient tout de suite détendu l'atmosphère. Grande amie de Bill Clinton — c'est elle qui avait organisé pour lui en décembre 1990 son premier dîner washingtonien—, elle est assurément l'une des figures féminines démocrates les plus actives
des Etats-Unis. Membre de toute une série de mouvements et d'associations de femmes, elle s'est battue avec ardeur pour la paix au Moyen-Orient. Cette paix, elle y avait travaillé de longues années avec le président Carter. C'est elle, qui, au moment des accords de Camp David, avait présenté Mme Sadate à Mme Begin, et c'est elle encore qui, le 13 septembre 1993, avait organisé la venue du groupe de jeunes Israélo-Palestiniens sur la pelouse de la Maison-Blanche pour la signature de l'accord historique entre Rabin et Arafat.
Esther a bien d'autres cordes à son arc : première femme depuis Eleanor Roosevelt à recevoir le prix de la Paix des Nations unies et ambassadrice américaine auprès des Nations unies, elle s'est aussi beaucoup impliquée dans l'amélioration des relations Est-Ouest.
Mais sa plus grande passion est sans doute les enfants.
A l'ambassade de France, ce jour-là, elle m'a parlé de son « children's museum » qui accueille les jeunes défavorisés. Je m'étais promis d'aller le visiter lors de mon prochain séjour à Washington. Le 30 septembre suivant, m'échappant de New York où nous séjournions à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies, j'ai pris l'avion pour la
capitale fédérale. Esther m'a entraînée dans les bas-fonds de la ville, dans le nord-est, là où depuis quatorze ans est installé son « children's museum », « where learning is an adventure », dit son slogan.
En 1979, elle avait réussi à convaincre son mari, homme d'affaires aujourd'hui décédé, de racheter l'immeuble quasi insalubre des petites sœurs des pauvres, afin de le transformer en un havre de paix et de joie pour les garnements qui passaient leur temps à traîner entre drogue et délinquance. Les mêmes qui protègent aujourd'hui jalousement leur musée. Apprendre la vie à ces enfants, la vie quotidienne et la vie des autres, celle d'hier et celle de demain, telle est l'ambition d'Esther Coopersmith. Présidente pendant cinq ans du musée (elle n'en est plus aujourd'hui que la vice-présidente), elle a organisé une série d'expositions permanentes et temporaires qui fonctionnent avec l'aide de quatre cents jeunes volontaires par an. La méthode d'apprentissage est simple. Cela s'appelle le Hands'on : en touchant, créant, construisant, fabriquant, manipulant des objets, les enfants apprennent pêle-mêle le morse et l'alphabet thaïlandais, comment faire des bulles et des tortillas mexicaines, comment mettre ses chaussures
ou conduire un autobus... En deux heures, Esther m'a fait tout découvrir, mais j'aurais aimé y passer trois jours. A l'entrée du musée, une forêt de poupées indiennes faites avec des produits de récupération nous avait accueillies. Chaque exposition a sa propre identité. La reine de Thaïlande, venue en visite, a offert l'exposition thaïlandaise. On y voit Bouddha et son temple, et les enfants apprennent comment fabriquer des fleurs en papier. Il y a aussi une ville mexicaine, où les enfants s'adonnent à la préparation des galettes et à la cuisson du chocolat chaud. Ce qui m'a le plus frappée, c'est la simplicité des lieux et des objets et l'imagination des concepteurs du musée pour apprendre le b.a.-ba de la vie aux enfants : de l'échelle de pompiers au siège de dentiste, du four pour apprendre la pâtisserie à la vieille moto des années trente pour s'amuser.
Auparavant, une exposition
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