A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?
l'occasion pour chacun des ministres présents d'exposer les grandes lignes de la diplomatie de son pays ainsi que sa vision du rôle des Nations unies. La France en profita pour demander que les pays débiteurs acquittent leur dette vis-à-vis de l'Onu, et l'Allemagne pour réclamer un siège de membre permanent au Conseil de sécurité... C'était aussi l'occasion de multiples rencontres bilatérales (Alain en avait eu pour sa part trente et une en une semaine!), puisque la quasi-totalité des ministres des Affaires étrangères de la planète se trouvait réunie sur quelques centaines de mètres carrés! Egalement de réunions multilatérales à trois, quatre ou douze, en fonction des dossiers brûlants du moment.
Ces rendez-vous, Alain les avait la plupart du temps dans la petite pièce en face de notre chambre. De temps en temps, il revenait souffler « entre deux pays », décompresser un peu. Comme des enfants qui écrasent leur
museau sur les vitrines de Noël, nous en profitions pour écarquiller les yeux à travers la fenêtre de la chambre, devant les lumières qui s'allumaient le soir dans Manhattan ou les buildings qui fendaient le ciel bleu à l'aube. Ce fut en fait l'une de nos rares distractions pendant la semaine.
Le sixième jour, Alain participa à la réunion, chez le secrétaire général Boutros Boutros-Ghali, des cinq membres permanents de l'Onu que sont la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Chine et l'ex-Union soviétique. Cette liste de pays est une des rares choses que je n'aie pas oubliées de mes cours de droit international à la Sorbonne. Sans doute parce que cela avait été l'une de mes questions d'examen en juin!
Je n'avais bien sûr assisté à aucune des réunions de travail, ayant eu droit une fois encore à un spouse program, que j'avais allégé le plus possible. Dès mon arrivée à Kennedy Airport, une voiture avec conducteur américain avait été aimablement mise à ma disposition par la mission française auprès des Nations unies. L'homme s'appelait Bill, habitait dans le Bronx et parlait un américain quasiment incompréhensible. De
derrière, dans la voiture, je n'apercevais que sa nuque aussi large que haute.
Sa grosse limousine était toujours à ma disposition, garée à proximité de l'hôtel. Mon programme commença par un déjeuner chez l'ambassadrice égyptienne auprès des Nations unies, organisé par l'épouse du ministre des Affaires étrangères égyptien en l'honneur de Leia Boutros-Ghali. Dans l'après-midi, cette dernière offrit chez elle un thé pour les épouses des différents ministres et ambassadeurs présents à New York. Le lendemain matin, Mary Christopher, l'épouse du Secrétaire d'Etat américain Warren, invita les spouses au Metropolitan Museum, pour l'inauguration des nouvelles salles d'impressionnistes européens de la fin du XIX e siècle.
Le lendemain, je me suis échappée à Washington. Dans l'avion (la navette qui assure la liaison New York-Washington toutes les demi-heures), j'ai, par le plus grand des hasards, rencontré George Bush et sa femme Barbara, qui se rendaient dans la capitale fédérale pour assister à la cérémonie de départ du chef d'état-major américain, le général Colin Powell. Cette rencontre impromptue m'a beaucoup amusée (une fois encore mon âme de journaliste a fait tilt).
L'ambassadeur et l'ambassadrice français à Washington, qui les connaissaient bien, ont fait les présentations, et nous avons discuté un petit moment ensemble. Lui m'a dit qu'il écrivait un livre sur les relations internationales et m'a demandé des nouvelles de François Mitterrand et de Jacques Chirac. Elle, pour sa part, s'apprêtait à publier ses Mémoires. Je les ai trouvés tous les deux très ouverts, et très décontractés (je me souviens de l'avoir vu porter lui-même ses valises à la descente d'avion, ce qui n'est pas si fréquent...). Avant d'atterrir, l'ancien président américain a griffonné un petit mot d'encouragement pour Alain sur une de ses cartes de visite. Je l'ai serrée dans ma poche pendant toute la journée et j'ai été ravie d'exhiber mon trophée le soir, sous le nez de mon époux ébahi.
J'avais été surprise par le peu de mesures de sécurité qui entouraient le couple Bush. Un ou deux officiers de sécurité, guère plus, semblaient veiller sur lui dans l'avion, ce qui m'avait paru léger dans ce pays où les autorités sont paranoïaques en ce domaine. Que ce soit pendant les
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