A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?
écrit avec mes mots, plutôt que de l'écrire en français et de le faire traduire.
Mon professeur d'anglais m'avait aidée à trouver les mots que je ne connaissais pas. Ce n'était pas évident de traduire « allocations familiales », « mères célibataires », « congé parental d'éducation », « carnet de vaccination »... Grâce à l'une de ses amies américaines, j'avais pu discuter de mon sujet dans un studio vidéo du Quai d'Orsay. Le jour J, tout s'est bien passé... devant un auditoire beaucoup moins impressionnant que je ne le redoutais, puisqu'il s'agissait en fait d'un déjeuner d'une dizaine de femmes de sénateurs américains réunies dans une salle à manger du Capitole. A la fin du repas, j'ai esquissé les premières phrases de mon discours... mais la suite s'est vite transformée en une conversation à bâtons rompus où chacune des dames présentes a mis son grain de sel. Ce qui à la fois a simplifié et compliqué ma tâche !
Ces différentes expériences m'ont permis de me pencher un peu plus sur les mots — ceux que l'on dit — que je ne le faisais auparavant. Si plusieurs années de presse m'ont appris à jouer avec les mots que l'on écrit, c'est dans l'univers de la diplomatie que j'ai découvert l'importance du verbe que l'on baptise ici « le langage ». La forme du langage
diplomatique est souvent celle de la mesure, de la nuance, voire de la langue de bois (un « dialogue franc et courtois » signifiant en général que les deux interlocuteurs se sont vertement étripés) ; en revanche le fond, l'échange, le poids et le choix des mots ont une importance capitale dans la conduite d'une diplomatie.
C'est sans doute l'un des domaines où la communication, entre les êtres appelés à gérer ensemble les relations internationales, est à la fois la plus délicate et la plus déterminante.
FORMULES MAGIQUES...
Il y a plus d'un an, alors que j'accompagnais Quentin chez son meilleur ami, le père de celui-ci m'avait donné un livre relié de cuir vert, écrit par son propre père : un recueil de pensées et maximes intitulé : Paroles pour décideurs 3 . Je l'avais parcouru en rentrant à la maison. Puis je l'avais montré à Alain à qui il était en fait destiné et qui s'était lui aussi régalé. Enfin, je l'avais rangé dans une des nombreuses bibliothèques de la maison où il avait dormi quelque temps.
Mue par je ne sais quelle curiosité souterraine, je l'ai consulté à mainte reprise durant tous ces mois. Et j'ai coché, corné, souligné, recopié, appris, récité, quelques formules dont l'acuité m'a amusée, aidée ou glacée, au gré des aléas de la vie quotidienne, des sursauts tragiques ou comiques de l'actualité de cette année... Du drame de l'ex-Yougoslavie aux négociations du Gatt, en passant par l'accord de paix israélo-arabe...
Un an plus tôt, je débarquais avec une certaine dose de naïveté et de bonne conscience, ce qu'Alain appelle parfois mes «idéaux de journaliste chrétienne-démocrate », et peu de Realpolitik. Je refermerai ces mois un peu plus blindée, avec ces mots d'hier ou d'aujourd'hui, déjà célèbres ou anonymes, accrochés quelque part dans mon baluchon.
« Le cœur d'un homme d'Etat doit être dans sa tête. » Napoléon.
« L'émotion n'est pas une politique. » Kissinger.
« Il faut avoir le pessimisme de l'intelligence et l'optimisme de l'action. » Gramsci.
« Une cause n'est pas nécessairement vraie parce qu'un homme meurt pour elle ». Oscar Wilde.
« Tout ce qui est à nous est à nous, tout ce qui est à vous est négociable. » Khrouchtchev.
« C'est un non-sens de claquer la porte quand on peut la laisser entrebâillée. » J. W. Fulbright.
« Quand, à propos d'une idée, on dit qu'on est d'accord sur le principe, cela signifie que l'on n'a pas la moindre intention de la mettre à exécution. » Bismarck.
«Se trop ériger en négociateur n'est pas toujours la meilleure qualité pour la négociation. » Cardinal de Retz.
« L'homme n'a pas la force d'écouter, alors il juge. » Oscar Wilde.
« L'autorité ne va pas sans prestige ni le prestige sans éloignement. » De Gaulle.
« Le ciel fait rarement naître ensemble l'homme qui veut et l'homme qui peut. » Chateaubriand.
« Tout homme qui dirige, qui fait quelque chose, a contre lui ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui font précisément le contraire... et surtout la grande armée des gens d'autant plus sévères qu'ils ne font rien du
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