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A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

Titel: A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Isabelle Juppé
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traite : la joie de les recevoir ici, l'accueil plus particulier à la dernière ambassadrice arrivée à Paris, les liens entre le monde arabe et la France, l'encouragement à voyager dans les différentes régions de notre pays, le rôle capital des femmes pour entretenir le dialogue entre les peuples...
    Elles avaient applaudi et je m'étais rassise, soulagée et fière de moi. Comme après un oral d'examen révisé pendant des semaines et réussi le jour J.
    Trois mois plus tard, le 27 septembre, les choses se corsaient un peu. Je passais du toast de quarante-cinq secondes à la « petite allocution d'introduction » d'environ trois minutes. Le cadre : le cercle France-Amérique, avenue Franklin-Roosevelt. L'auditoire : les Françaises et étrangères membres de l'association
Bienvenue en France, réunies pour leur forum annuel. Cette année, les organisatrices de Bienvenue avaient opté pour une nouvelle formule : la journée portes ouvertes de 10 heures à 15 heures, au lieu du traditionnel déjeuner. En arrivant, j'avais d'abord fait le tour des différents ateliers. Chaque étrangère (beaucoup de nouvelles cette année) était priée de s'inscrire dans trois activités au plus pour l'année. Entre la peinture sur soie ou sur porcelaine, l'œnologie, la découverte des provinces françaises, le musée du Louvre, la littérature contemporaine, l'histoire, la couture, la cuisine, le golf... elles avaient de quoi occuper l'année entière...
    Un micro et un petit pupitre en bois avaient été installés dans une des salles. Là encore, c'était une première, je n'avais jamais parlé dans un micro. La présidente le tapota doucement pour vérifier s'il marchait bien, comme je l'avais vu faire mainte fois. Prenant mon courage à deux mains, je me lançai, rappelai en quelques mots l'historique et les objectifs de Bienvenue, et donnai un coup de chapeau à toutes les bénévoles françaises. Mon discours était ensuite traduit par une interprète puisqu'il y avait évidemment beaucoup d'anglophones dans la salle.
    Le lendemain, 28 septembre, je passais à la vitesse supérieure. L'ambassadrice de France à Washington m'avait demandé au cours d'un précédent voyage si j'accepterais de faire une sorte de « talk » tout à fait informel devant quelques épouses de congressistes américains lors d'un prochain voyage aux Etats-Unis. A l'époque j'avais dit oui, cela me semblait si loin. Quelques mois plus tard, elle était revenue à la charge, me proposant de profiter de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies à New York, à la fin du mois de septembre, pour faire un saut à Washington en vue de ce déjeuner-débat. Thème retenu : la protection sociale et les droits des femmes en France, comment concilier travail et enfants... Bill Clinton et sa femme venaient d'annoncer leur réforme du système de protection sociale aux Etats-Unis, c'était donc un sujet intéressant, mais auquel je ne connaissais pas grand-chose. Je pouvais difficilement me dérober et j'acceptai son offre comme un défi. La performance paraissait d'autant plus délicate à réussir qu'il me faudrait parler en anglais.
    En réalité, je n'aurais pas accepté de le faire devant un quelconque auditoire en France. Mais Washington, c'était loin, et j'imaginais les Américains plus tolérants, plus décontractés
que les Français, je ne craignais pas leur jugement. En plus, curieusement, la barrière de la langue me semblait être une protection supplémentaire. La perspective de parler anglais devant un parterre d'Américaines inconnues me paniquait beaucoup moins que de faire un petit discours en français, sous l'œil critique de personnes connues.
    La possibilité de me dédoubler à nouveau, d'être à la fois la journaliste qui observe et note les réactions et la femme de ministre qui « fait son cinéma », m'excitait aussi beaucoup. Enfin, pourquoi le cacher, la promesse de m'évader une journée seule de New York à Washington, pour mon « travail à moi », c'est-à-dire autrement que dans les bagages de mon ministre d'époux, faisait d'avance un bien fou à mon ego ! Reste que les quinze jours précédant mon départ, je n'ai pas chômé. J'ai procédé exactement de la même manière que pour un article. Recherche de documentation, de données chiffrées, quelques coups de fil... et j'ai commencé à écrire mon papier. Directement en anglais. Je pensais que cela serait plus facile, pour le prononcer là-bas, de l'avoir

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