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À La Grâce De Marseille

À La Grâce De Marseille

Titel: À La Grâce De Marseille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Welch
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Il songea qu’elle réfléchissait peut-être avant de donner sa réponse, et sa gorge se noua. Son cœur se mit à cogner dans sa poitrine cependant que le sang lui martelait les tempes. Il avait de plus en plus chaud et il se sentit soudain très las. Elle le regardait dans les yeux, et les siens semblaient très noirs et humides. Il se sentit glisser sur le lit. Il vit Marie toute proche, puis Marie se lever, se pencher au-dessus de lui, et son visage ne fut plus qu’un globe aux contours flous, tandis que ses lèvres se posaient sur les siennes. C’était la première fois qu’elle l’embrassait sur la bouche, et il trouva cela curieux et agréable. Il ferma les paupières, huma l’odeur de lavande imprégnant ses cheveux, perçut le frôlement de sa main sur sa joue…
    Charging Elk ouvrit les yeux et ne distingua qu’un nuage noir dont la forme se modifiait sans cesse. Il en avait vu de semblables par les jours de grand froid vers la fin de la lune-où-pousse-le-poil-des-veaux-blancs – de gros nuages sombres au liseré argenté. Le soleil qui perçait parfois allumait sur la terre un feu qui chauffait la tête et les épaules, de sorte que Strikes Plenty et lui levaient un visage reconnaissant vers lui. On apercevait les plaines entre Pine Ridge et les Mauvaises Terres, mouchetées de taches claires, cependant que les rayons du soleil qui filtraient entre les nuages illuminaient le sol de flaques déchiquetées, si brillantes qu’elles en faisaient presque mal aux yeux. Grand Coureur dressait l’encolure et hennissait, comme si lui aussi savait que Wakan Tanka se moquait des garçons et que l’hiver n’était pas loin de s’achever.
    Il regarda le nuage bouger et changer, puis il se rendit compte qu’il s’agissait d’un nuage solitaire qui dérivait dans un ciel gris, un ciel déchiré, comme zébré d’éclairs. Et puis le nuage s’immobilisa et se transforma de nouveau. Après l’avoir étudié un moment, il comprit qu’il se trouvait dans une chambre.
    Sa tête était plaquée contre un mur. Le nuage devint tache d’humidité et les éclairs, fissures dans le plâtre du plafond. Sa première pensée fut qu’il était de retour dans la maison de fer. Non, il faisait trop chaud. Il se dit alors que ce devait être la maison des malades. Il s’efforça de dresser la tête pour vérifier s’il était entouré de lits, d’hommes endormis. Il tenta de s’appuyer sur un coude afin de regarder autour de lui, mais ses muscles refusèrent de lui obéir. Il ne souffrait pas comme dans la maison des malades, éprouvant au contraire une sensation plutôt agréable, comme si la chaleur émanait de lui et se diffusait dans tout son corps.
    Renonçant un instant à lutter, il s’abandonna au plaisir qui irradiait dans ses reins. Soudain, il reconnut la croix de bois accrochée au mur sur sa gauche. Il était dans la chambre de Marie ! Il se rallongea et ferma les yeux, à la fois soulagé et empli de joie. Le plaisir était celui du sexe. Marie lui faisait quelque chose, mais il n’arrivait pas à comprendre exactement quoi, sinon que ses hanches se mettaient à bouger et sa respiration à s’accélérer. Il essaya encore de se soulever et réussit cette fois à se dresser sur les coudes.
    Il vit des cheveux. Des oreilles. Le bout d’un nez. Une tête. Une tête qui s’activait entre ses cuisses nues. Il lui fallut un instant pour se rendre compte que la bouche glissait sur son sexe tendu. Le spectacle accrut son excitation. Marie ne l’avait encore jamais gratifié d’une telle faveur. Il se rappela le flou de son visage cependant que ses lèvres se posaient sur les siennes. Tout cela était si nouveau pour lui.
    Les mouvements de la tête se faisaient de plus en plus rapides, et il lui apparut soudain que les cheveux ne ressemblaient pas à ceux de Marie. Ils étaient clairs et ondulés, plus courts que les siens. Et les effluves de parfum qui se répandaient dans la chambre n’étaient pas ceux de la lavande.
    Ses bras et ses épaules fléchirent. Il retomba sur le matelas et ferma les paupières. Il avait l’esprit confus, vide de toute pensée. Il se sentait à la fois flapi et excité. Puis il se laissa gagner par le sommeil. Lorsqu’il se réveilla, il sentit la chaleur de la bouche autour de son sexe, et tout cela lui parut lointain, comme s’il avait quitté son corps et qu’il observât la scène de très haut. De là, il voyait les cheveux blond roux, les oreilles, et puis

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