A l'écoute du temps
travaillent tous les deux à soir. Ils pourront pas nous aider.
— Ça sert à rien
de s'énerver, dit Gérard. Jean-Louis, Richard et Carole vont nous donner un
coup de main et ça prendra pas des heures pour tout installer.
— Moi, je suis
supposé aller travailler avec Jacques à soir, dit l'étalagiste en s'apprêtant à
quitter la cuisine.
— Ben, c'est ben
de valeur, mais tu vas lui téléphoner que tu peux pas, lui commanda sèchement
son père. Tu étudieras un autre soir. Là, on a besoin de toi.
— Mais, p'pa,
c'était entendu et on...
— Laisse faire.
Appelle-le et dis-lui que tu peux pas y aller, le coupa son père sur un ton
sans appel. À soir, on a de l'ouvrage.
Pour une fois,
Laurette n'intervint pas pour venir au secours de son préféré. Tout à sa
mauvaise humeur de perdre son samedi de congé, elle houspilla les siens sans
ménagement:
— Envoyez! Lâchez
le cardinal et venez me donner un coup de main qu'on en finisse au plus sacrant
avec tout ce barda! En quelques instants, l'appartement ressembla à une ruche.
La mère de famille aida Carole à transporter dans 336 L'ARRIVÉE DE GRAND-MÈRE
la chambre de Gilles et de Richard le contenu des tiroirs de la chambre des
filles ainsi que les vêtements suspendus dans leur garde-robe. Pendant ce
temps, Gérard et Richard procédaient au même travail en transportant dans
l'ancienne chambre des filles ce qui appartenait aux deux adolescents. Pour sa
part, Jean-Louis, maussade, empilait sur son lit tout ce qui lui appartenait
avant de le porter dans sa nouvelle chambre qu'il allait partager avec Gilles.
— C'est ben beau,
ça, dit Richard, mais où est-ce que je vais mettre mes affaires, moi? Le grand
prend mes tiroirs.
— Tasse les
affaires de Gilles et mets-les dans les mêmes tiroirs, répondit son père.
— Mais il y a pas
de place pantoute, p'pa, dit l'adolescent en lui montrant les deux tiroirs de
la commode déjà pleins à ras bord.
— Va te chercher
une ou deux boîtes de carton dans le hangar et tu mettras tes affaires dedans,
intervint sa mère qui passait dans le couloir. Tu laisseras les boîtes dans un
coin de leur chambre. Pour deux semaines, t'en mourras pas.
— Non seulement
je suis poigne pour coucher dans le couloir sur le petit lit, mais, en plus, mes
affaires vont être dans des boîtes, se plaignit Richard. Pourquoi c'est juste
moi que la visite de mémère dérange?
— Arrête de te
lamenter pour rien, Richard Morin. Ça va durer juste quinze jours.
— Ça pourrait pas
être le stock du grand qu'on mettrait dans des boîtes?
— Fais ce qu'on
te dit, ordonna sèchement son père.
Richard endossa
son manteau et alla chercher des boîtes dans le hangar en rechignant. Après les
avoir remplies avec ses vêtements et ses affaires, il les déposa dans un coin
de la petite chambre que Gilles et Jean-Louis allaient partager.
337
— Jean-Louis,
viens me donner un coup de main, commanda son père. On va aller chercher le lit
pliant dans le hangar. J'espère que les rats ont pas mangé le matelas.
— Je le penserais
pas, dit Laurette. Je l'ai enveloppé dans un gros plastique épais et j'ai mis
des morceaux de vieux prélart dessus.
Quelques minutes
plus tard, les deux hommes entrèrent dans la maison en transportant un lit
métallique pliant et un vieux matelas dont l'enveloppe rayée laissait voir des
taches suspectes.
— Tout ça, c'est
gelé à mort, dit Gérard à sa femme en enlevant son manteau. On va monter tout
de suite le lit dans le couloir, proche de la fournaise, pour réchauffer au
moins le matelas.
Le lit fut déplié
et on déposa sur l'armature métallique le mince matelas.
— Simonac! On
n'aura jamais assez de place pour passer durant la nuit, fit remarquer le chef
de famille en montrant les quelques pouces libres qui restaient entre le mur du
couloir et le lit.
— On peut pas le
mettre ailleurs, déclara sèchement sa femme. Il y a pas plus de place. T'aurais
dû y penser avant d'accepter de garder ta mère.
— C'est le fun
encore, laissa échapper Richard. Tout le monde va m'accrocher en passant quand
je vais être couché.
— T'as le choix.
Tu dors là ou avec les rats dans la cave, dit sa mère. À cette heure, il nous
reste à nettoyer la chambre de Jean-Louis, ajouta-t-elle. Il faut que tout soit
épousseté et que le plancher soit lavé.
— Mais ma
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