A l'écoute du temps
chambre
est propre, protesta le jeune homme.
— Je le sais ben,
mais pas assez pour ta grand-mère, rétorqua sa mère.
338 L'ARRIVÉE DE
GRAND-MÈRE
— Si ça vous
dérange pas, m'man, je vais nettoyer notre nouvelle chambre, fit Carole.
— Aie! notre chambre
aussi est propre, tu sauras, s'offusqua Richard.
— Peut-être, mais
il y a une drôle d'odeur et j'ai vu des moutons en dessous du lit. Mémère est
dans la chambre à côté et elle va voir ça tout de suite.
L'adolescent
souleva les épaules comme si tout cela ne le concernait plus.
— En tout cas, le
temps qu'elle va être ici, j'aurai pas à faire de ménage parce que j'ai plus de
chambre, ajouta-t-il sur un ton légèrement triomphant.
— Whow! fit sa
mère. T'oublies que ton lit doit être fait et replié tous les matins en te
levant. Il est pas question de l'avoir dans les jambes toute la journée.
— Hein! Qu'est-ce
que vous voulez que j'en fasse, m'man? 1— Tous les matins, tu le pousseras dans
la chambre de tes frères et chaque soir, tu le tireras dans le couloir avant de
le déplier.
— Ça va être
commode encore, se plaignit Jean-Louis en entrant dans la cuisine. Non
seulement je vais avoir à endurer Gilles, mais en plus, je vais avoir cette
affaire-là dans les jambes en plus de ses boîtes de cochonneries dans le coin.
— Si tu veux, tu
peux prendre ma place dans le couloir, lui offrit Richard, sarcastique.
Ce soir-là, quand
Gilles et Denise rentrèrent du travail, le déménagement était terminé. Ils
retrouvèrent leurs affaires dans une autre pièce.
— J'espère juste
que mémère ronfle pas, dit Carole à sa soeur aînée en se mettant au lit. Là, on
va avoir de la misère à dormir.
339 Denise ne
répondit rien, trop préoccupée par la visite de Serge à la maison le lendemain
soir. Qu'allait-il penser de la famille Morin? Il n'y avait pas assez d'être
privé de salon, voilà qu'il allait y avoir maintenant un lit dans le couloir,
entre la porte d'entrée et la cuisine. Une vraie maison de fous! Le lendemain
matin, Laurette se leva la première dans un appartement glacial. Il faisait
encore noir. Le réveille-matin posé sur la commode marquait six heures trente.
Pendant un bref instant, elle eut la tentation de demeurer couchée, au chaud,
sous les couvertures. Elle dut se faire violence pour se lever. Il lui fallait
voir à ce que Gilles, Denise et Jean-Louis quittent à l'heure pour aller
travailler.
Elle réprima
difficilement un frisson en endossant sa robe de chambre et se pencha pour
chausser ses pantoufles. Elle sortit ensuite sans bruit de sa chambre pour
laisser à Gérard la chance de profiter de l'unique matin de la semaine où il
pouvait dormir plus longtemps.
En ronchonnant,
elle se glissa difficilement entre le lit de Richard et le mur pour se rendre
jusqu'à la fournaise.
Après avoir
soulevé le rond, elle se rendit compte qu'il ne restait que quelques braises
qui rougeoyaient à peine.
Elle saisit le
seau de charbon à demi plein et en versa dans la fournaise. Le bruit réveilla
Richard qui se souleva sur un coude.
— Sacrifice! Ça
fait trois fois que je me fais réveiller! s'insurgea-t-il. Il fait même pas
encore clair dehors, ajouta-t-il en jetant un coup d'oeil au bout du couloir où
il pouvait voir la fenêtre de la cuisine.
— Recouche-toi et
parle pas si fort, lui ordonna sa mère à mi-voix. Tu vas finir par réveiller
tout le monde.
34° L'ARRIVÉE DE
GRAND-MÈRE La mère de famille alluma ensuite le poêle à huile de la cuisine et
déposa dessus une bouilloire pleine d'eau dans l'intention de se confectionner
une tasse de café.
En attendant,
elle alluma une cigarette et sortit sur le comptoir ce qui était nécessaire à
la préparation du dîner de Jean-Louis, de Gilles et de Denise qui travaillaient
le samedi.
Elle étala une
demi-douzaine de tranches de pain Weston qu'elle beurra avant de déposer sur
chacune une tranche de baloney. Elle termina les sandwichs en étendant
généreusement de la moutarde sur d'autres tranches de pain. Elle répartit
ensuite le repas de chacun en trois paquets de deux sandwichs enveloppé de
papier ciré. Puis, elle enfouit chaque paquet dans un sac brun qu'elle laissa
sur le comptoir.
Au moment où elle
déposait le grille-pain et des ustensiles sur la table, Gilles et Jean-Louis
sortirent de la chambre dont la porte s'ouvrait sur la
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