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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Florence Cassez
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pas
le moins du monde. Il finit même par me donner un pronostic, du bout des
lèvres, presque par obligation :
    — Vous sortirez dans trois ans, après l ’amparo final [3] .
    Là, je pique une crise. Une vraie. Je tape du pied, je
pleure et peut-être même que je le frappe, je ne sais plus ce que je fais,
c’est trop dur d’entendre ça. Trois ans ?
    Peut-être quatre…
    Il va partir et je suis anéantie. Mais il prend encore
quelques minutes pour m’achever et me parler de ses honoraires :
    — Ce sera dix mille euros par mois. Il faut payer
d’avance.
    Il me l’annonce comme un ordre, sans me regarder. Moi qui ne
possède rien. Moi qui suis obligée de mendier pour fumer une cigarette. Moi qui
mets les mêmes fringues tous les jours, que je suis obligée de laver chaque
soir parce que je n’en ai pas d’autres. Dix mille euros par mois, et il promet
de me sortir dans quatre ans !
     

IV
    Je suis contente que le mois de janvier soit fini. À
l’époque de la nouvelle année, c’est encore pire d’être en prison. Cela va
bientôt faire deux mois que je suis à l ’arraigo et je ne comprends
toujours pas ce qui m’arrive. L’avocat me dit que l’une des trois victimes
m’accuse mais que les deux autres affirment qu’elles ne m’ont jamais vue. Il ne
manquerait plus que ça !
    Mais pourquoi l’un ment-il ? Il s’appelle Ezequiel,
Ezequiel Elizalde. C’est un jeune homme, à peine plus de vingt ans, et son nom
ne me dit rien. Dans sa première déposition à la police, il raconte qu’il me
reconnaît à la couleur de mes cheveux, mais il dit qu’ils sont blonds ! Ça
ne doit pas valoir grand-chose, une déclaration pareille : moi qui suis
rousse depuis toujours ! Maître Ochoa me dit aussi qu’Israël a toujours
affirmé, depuis le début, que je n’étais au courant de rien, qu’il séquestrait
des gens ailleurs, que rien ne se passait au ranch et que notre vie à deux
n’avait rien à voir avec tout cela. Je n’arrive pas à réaliser qu’Israël –
l’homme charmant qui m’avait touchée par sa gentillesse et sa vie toute simple
– puisse être cet homme-là, qui a reconnu une dizaine de séquestrations, plus
la mort d’un homme !
    Mais pour l’instant, il faut surtout que j’essaie de penser
à moi. Et que puis-je bien faire, à part accorder ma confiance à M e Ochoa et continuer de dire que je suis innocente, que je n’ai rien fait à ces
gens, que je ne savais pas et qu’on m’a emmenée là un matin alors que ma vie
promettait justement de prendre de belles couleurs, ici, à Mexico ? Depuis
le temps que j’attendais ça. Comme ça me paraît loin, maintenant…
    Aujourd’hui, j’ai reçu un message étrange de mon avocat. Une
personne l’a contacté par e-mail, elle veut que je l’appelle à la télévision où
elle travaille. Elle s’appelle Denise Maerker : c’est une journaliste
vedette qui anime une émission d’actualité très suivie le dimanche soir sur
Televisa. Elle a la réputation d’être indépendante, pugnace ; les hommes
politiques acceptent de se rendre à son émission parce qu’elle est crédible,
justement. Elle a le courage de les contredire et c’est ce qui plaît au public.
C’est ce qu’on m’en dit en tout cas. Enfin quelqu’un qui s’intéresse à
moi ! C’est bien la première fois. Et une journaliste mexicaine, en
plus !
    Je l’appelle depuis la prison et elle me dit qu’elle a suivi
mon histoire, qu’elle cherche à comprendre parce que c’est la première fois
depuis longtemps que la police arrête un gang de cette sorte, qu’elle trouve
étonnant que tout cela se soit passé devant la télévision et qu’elle a
l’intention d’enquêter. Je n’en crois pas mes oreilles ! Je suis convaincue
qu’elle va pouvoir m’apporter son aide. Elle semble même me croire quand je lui
dis que je suis innocente, quand je lui raconte le montage de l’AFI, les otages
qu’on a amenés au ranch et tous les détails de ma journée de cauchemar. C’est
inouï ! Je n’en reviens pas et mon cœur bat comme un fou quand je
raccroche. L’émission est pour bientôt : ce sera dimanche soir, dans trois
jours. Denise Maerker, c’est toutes les semaines à la même heure et elle est
très regardée. Alors, une enquête sur cette histoire de fous que je n’arrive
pas moi-même à démêler, c’est peut-être ma chance de m’en sortir !
    Ce sera tout l’inverse, d’ailleurs, mais pour l’instant je
n’en

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