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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Florence Cassez
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personnes qui ont été présentées à la
presse comme nos victimes le jour de notre arrestation changent radicalement de
version. Jusque-là, Cristina Rios Valladares et son fils de onze ans, Cristian
Hilario, ont toujours dit qu’ils ne me connaissaient pas et même qu’ils
n’avaient jamais vu de fille parmi leurs kidnappeurs. Je me souviens même avoir
entendu cette dame crier que nous n’y étions pour rien, dans l’affolement de la
mise en scène au ranch, le matin du 9 décembre, quand sont arrivées les caméras
de télévision. Mais voilà que les journaux mexicains sont pleins de nouvelles
déclarations, maintenant, dans lesquelles Mme Valladares dit tout à fait le
contraire. Elle ne sait plus si l’arrestation a eu lieu le 8 ou le 9 décembre,
en tout cas elle me reconnaît désormais formellement. Selon elle, j’ai même
fait une prise de sang à son fils ! Voilà qui fait boule de neige dans la
presse mexicaine, dans les jours qui suivent l’émission de Denise Maerker au
cours de laquelle j’ai bousculé la tranquille mauvaise foi de Genaro Garcia
Luna. Personne ne peut croire qu’il s’agit d’une coïncidence. Autour de moi,
tout le monde est convaincu que ces témoins ont été sollicités par le pouvoir,
qu’ils ont peut-être été payés et qu’on leur a promis une protection et des
conditions de vie meilleures. On m’a dit qu’ils étaient ensuite partis vivre
dans le sud des États-Unis, là où se réfugient ceux qui ont besoin de se faire
oublier.
    Le résultat est catastrophique. La campagne de presse bat
son plein pendant plusieurs jours et je n’ai aucun moyen de la contrecarrer.
Les mensonges prennent toute la place et je suis plus que jamais Florence la
kidnappeuse, Florence la Française du gang des Zodiacos, et on repasse les
images du montage de mon arrestation, soigneusement choisies pour que j’y
apparaisse inquiétante : on ne me voit plus crier mon innocence, on me
présente surtout au côté d’Israël, quand il a la tête baissée et que je le
regarde. On voit aussi cette image où je me reconnais à peine, en survêtement
blanc, quand je sors d’une camionnette de l’AFI pour entrer à la Siedo, tête
haute, apparemment sûre de moi, un léger rictus au bord des lèvres. Cette image
me fait un mal fou auprès de l’opinion publique mexicaine, qui prend mon
comportement pour de l’arrogance, alors qu’à cet instant j’étais morte de
trouille…
    Les nouvelles déclarations de Cristina Rios Valladares et de
son fils ont tout changé. Je me demande s’ils pensent parfois à moi, s’ils ont
conscience que je suis en prison à cause d’eux et comment ils font pour vivre
avec ça… Moi, j’ai ma conscience, au moins. Je me dis qu’ils finiront par
revenir sur leurs mensonges. Qu’ils diront la vérité. Ils ont sans doute été
enlevés, mais je ne sais pas par qui ni où ils étaient. Je rêve de quelqu’un
qui pourrait me dire : « Je vais t’expliquer ce qui s’est vraiment
passé… »
    Bien sûr, on me dira souvent, ensuite, que j’ai scellé
moi-même mon sort le soir où j’ai téléphoné à Denise Maerker. On me l’a fait
comprendre par A plus B. Frank Berton et Agustin Acosta, quand ils sont devenus
mes avocats, et même l’ambassadeur. Mais bon sang, je l’ai fait parce que c’est
ça que j’avais en moi à ce moment-là ! Je l’ai fait spontanément,
sincèrement, parce que je croyais encore à la justice, et pas à la corruption.
Alors j’ai crié la vérité, je croyais que c’était la meilleure de mes armes
parce qu’elle était en moi. Me reprocher cette réaction, au fond, c’est comme
si on me reprochait d’être rousse.
    Heureusement, mes parents ne me blâmeront jamais pour ce
coup de sang. Ils apprennent ce qui s’est passé et me disent qu’ils me trouvent
courageuse. D’autres aussi, dans la prison, disent que j’ai été
courageuse ; mais la vérité, c’est que j’ai été inconsciente parce que je
suis innocente. Voilà pourquoi je n’ai pas réfléchi. Et je sais que mes parents
n’ont jamais eu le moindre doute. C’est fou ce qu’ils me manquent ! J’ai
envie de les voir, qu’ils me serrent dans leurs bras. En réalité, j’ai
terriblement peur qu’on les arrête, eux aussi, et qu’on les emprisonne. C’est
arrivé avec des familles, on les voit ensemble dans les promenades, et je ne
veux surtout pas que ça nous arrive. Alors, même si cela me coûte terriblement,
je leur dis de

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