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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Florence Cassez
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peut-être ?
Était-ce la nuit ou le petit matin ?
    — Désolé, on m’avait enlevé ma montre.
    Il est une nouvelle fois à la limite du ridicule, mais cela
ne semble pas contrarier les autorités, ni une partie de la presse qui fait ses
choux gras de la conférence de presse. Pourtant, d’autres journaux se moquent
et en profitent pour ressortir certaines incohérences de ses témoignages. Par
exemple, on rappelle que le jour du montage, le 9 décembre au matin, quand on
simule sa libération, il répond aux questions des journalistes qu’il est marié
et père d’un petit garçon. Mais à la date de son enlèvement, son épouse était
enceinte et n’avait pas encore accouché. Alors, comment sait-il que l’enfant
est né, que c’est un garçon ? On lui a permis d’assister à
l’accouchement ?
    Les quelques secousses électriques de mes conversations avec
Nicolas Sarkozy, ou avec Frank Berton quand il sent que je vais moins bien et
qu’il durcit sa voix, me tiennent par un fil. Comme chaque été, c’est l’oubli
total qui m’attend, mais je le comprends maintenant. Je dois me dire que la vie
ne s’est pas arrêtée parce que Florence Cassez est en prison, que chacun a son
existence, sa famille et que c’est la période des vacances. Tiens, je vais
envoyer des cartes postales, pour montrer que je sais encore sourire. À
quelques amis, ceux qui me soutiennent, juste pour les remercier de cela, une
petite facétie. J’en reçois toujours autant, de mon côté. Après l’initiative de
la mairie de Béthune, qui a demandé à ses habitants de m’envoyer une carte
postale du beffroi – qu’est-ce que j’en ai reçu, avec tellement de mots gentils…
-, c’est le comité de soutien, toujours à l’affût d’une initiative, qui lance
l’idée d’une carte postale à mon intention, pour ceux qui partent en vacances
d’été. Et je reçois à nouveau un courrier de ministre.
    Mais c’est long, un été dans l’oubli. En septembre, je sais
que je dois me reprendre : le psychologue qui me suit à la prison m’y
pousse et il est toujours de bon conseil. Il est très gentil, lui. Je sais
qu’il me comprend et j’ai même l’impression, parfois, qu’il croit en moi. Il ne
me l’a jamais dit ouvertement, mais à quelques phrases, quelques insinuations,
je me dis qu’il a la conviction que je suis innocente. Ou peut-être ai-je envie
de le croire ? En tout cas, cela me fait beaucoup de bien de le voir
régulièrement. Il est l’un de ceux qui m’aident à tenir, à ne pas sombrer
définitivement.
    Je fais des efforts et je suis récompensée. C’est Frank
Berton, au téléphone :
    — Je vais venir vous voir, Florence.
    Chic ! Une petite semaine, sans doute, mais c’est déjà
ça. Il me dit que nous allons travailler mon dossier parce que des journalistes
installés ici, au Mexique, se sont penchés dessus et il semble qu’ils aient
trouvé de nouveaux éléments qui plaident pour moi, en faveur de mon innocence.
Je le sens agacé : il n’a jamais eu le dossier complet, qui est toujours
resté chez Horacio Garcia, avec lequel je n’ai plus beaucoup de contacts. Et
mon dossier n’a jamais été traduit en français, non plus. Il y a plus de dix
mille pièces et les spécialistes disent que cela prendrait quatre ans et
coûterait une fortune. Alors, Horacio Garcia a envoyé quelques pièces qu’il
jugeait essentielles et que Frank s’est fait traduire. Mais voilà qu’on en
aurait trouvé de nouvelles.
    Quand il arrive, il se met au travail tout de suite.
    — Je veux voir votre dossier, Florence.
    Je vais chercher les pièces que j’ai en ma possession dans
ma cellule, et nous voilà tous les deux, dans cette salle froide mais
tranquille qu’on laisse à notre disposition, à éplucher des procès-verbaux
d’interrogatoires, de dépositions, de témoignages, datant de 2005 ou de 2006.
Ce que j’aime ça ! J’ai l’impression de revivre, une sorte d’espoir que je
ne maîtrise pas s’empare à nouveau de moi, et je n’ai aucune envie de le
freiner. Il y a si longtemps que je ne m’étais plus sentie vivante. Berton est
agacé, soucieux, expéditif. Et cela me fait du bien.
    Avant l’été, on avait déjà retrouvé une pièce essentielle,
dans le dossier. Un tableau d’entrée et de sortie des locaux de la Siedo, où
nous avions été amenés après le montage du ranch, le 9 décembre 2005. Ce
tableau prouve que Cristina Rios Valladares et son époux sont

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