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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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dans l’autre sens, il était trop tard pour entreprendre une nouvelle action. La première vague de carrioles de livraison encombrait déjà les rues, transportant des tonneaux de vin, du poisson dans la saumure, des blocs de marbre… Quelques personnes rentrant tardivement d’un banquet bravaient les allées sombres pour regagner leur maison, accompagnées de porteurs de torches qui bâillaient à s’en décrocher la mâchoire. Çà et là, on apercevait une silhouette solitaire rasant les murs.
    Le chef espion avait sûrement posté un de ses hommes pour surveiller mon appartement. Il me parut donc plus prudent de me diriger vers la maison où habitait ma sœur Maia. De toute la famille, c’est elle qui faisait la meilleure cuisine, et elle était la mieux disposée envers moi. Sur le seuil de sa porte, Maia s’empressa de me dire que Famia serait très content de me voir, car il avait invité à dîner le cavalier qui allait monter mon cheval dans la course de jeudi.
    — On a mangé de la cervelle de veau à la crème. Il en reste, si ça t’intéresse, annonça ma sœur. (Quelle horreur ! Maia me connaissait pourtant depuis assez longtemps pour savoir ce que je pensais de ce genre de plat.) Par Jupiter, Marcus ! Tu es pire que les enfants ! Souris et amuse-toi, pour une fois…
    Je m’exécutai avec toute la jovialité de Prométhée enchaîné sur son rocher du Caucase, attendant que l’aigle termine de lui ronger le foie.
    Le cavalier avait soi-disant une bonne réputation – jusque-là ! Mais c’était une tique, et il me prenait pour son nouveau mouton. Heureusement pour moi, j’avais l’habitude de me débarrasser des parasites.
    J’ai complètement oublié son nom. J’ai d’ailleurs fait le maximum pour l’oublier. Tout ce dont je me souviens, c’est qu’il s’était ligué avec ce bon à rien de Famia pour me faire payer un maximum de frais – alors que c’est moi qui lui donnais sa chance de faire ses preuves dans le premier cirque de la cité, avec Titus Cæsar dans la loge officielle. Pour parler franchement, c’est ce cavalier de malheur qui aurait dû me payer. Il avait un visage ridé et truculent, buvait beaucoup trop et, d’après la façon dont il regardait ma sœur, devait se croire irrésistible auprès des femmes.
    Maia l’ignorait. Elle avait commis une énorme bêtise, mais s’en accommodait. Après avoir épousé Famia, elle n’avait jamais éprouvé le besoin de se compliquer encore plus la vie avec des aventures sordides.
    Je profitai de ce qu’on m’avait envoyé chercher un flacon de vin pour filer voir les enfants. Je pensais les trouver endormis, mais ils étaient encore en train de jouer. L’éducation de Maia donnait de bons résultats : ils étaient charmants. Ils insistèrent pour que je participe à leur jeu, mais ne tardèrent pas à s’apercevoir de mon état de fatigue. L’un d’eux me raconta une histoire pour que je m’endorme, ce qui ne tarda pas. Ravis, ils sortirent tous sur la pointe des pieds, me laissant profondément endormi. L’ai-je rêvé ? Ou ai-je vraiment entendu la fille aînée de Maia murmurer : « Ça y est, il s’est endormi ! Il est vraiment mignon, quand il dort. »
    Elle avait 8 ans. On est vraiment sarcastique, à cet âge.
    Mon intention première était de passer un moment chez Maia, afin de donner l’occasion aux espions qui me guettaient de se décourager. J’aurais ensuite regagné mon propre lit. C’est ce que j’aurais dû faire. On peut raisonnablement supposer que si je m’étais couché dans mon lit, cette nuit-là, une vie aurait été épargnée.

83
    Août. Nuits étouffantes et humeurs orageuses. À peine quelques heures plus tard, je me réveillai. Il faisait bien trop chaud, et j’étais beaucoup trop malheureux pour espérer me rendormir rapidement. Pas une saison à recommander aux hommes à l’esprit troublé, ni aux femmes à la grossesse difficile. Songer à Helena ne faisait qu’aggraver mon état. Je me demandais si, étendue dans cette chaleur moite, elle pensait aussi à moi.
    Le lendemain matin, je me réveillai tard. L’atmosphère était calme chez Maia.
    Dormir habillé ne m’a jamais gêné, mais je ne pouvais plus supporter cette tunique décolorée que j’avais endossée la veille. Ça devenait une obsession.
    Ne voulant pas courir le risque d’affronter les sbires d’Anacrites, je persuadai ma sœur d’aller chez moi.
    — Ne monte pas. Je ne veux pas

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