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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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aucun commentaire adéquat ne me vint à l’esprit. Heureusement, elle revint dans la pièce. Je voyais surtout flotter des rubans cramoisis, et j’étais submergé par une senteur coûteuse venue sans doute tout droit de Malabar.
    — Alors, ce vaurien s’appelle bien Falco ! déclara le consul. Et il est détective privé. Fait-il bien son travail ?
    — Très bien, dit-elle.
    Durant un bref instant, nos regards se croisèrent.
    J’attendis en silence, essayant d’évaluer la situation. Je sentais une atmosphère particulière qui n’avait rien à voir avec le parfum de Malabar. Son altesse choisit une couche à quelque distance de notre discussion d’affaires, comme il sied à toute jeune femme bien élevée. Je n’en croyais pas mes yeux, car Helena aimait à mettre son grain de sel partout où elle le pouvait.
    — Tu voulais discuter de quelque chose avec moi ? me souffla Marcellus.
    Je lui fis d’abord de plates excuses pour n’être pas habillé de la façon dont il convenait, avant de lui présenter toutes mes condoléances pour la mort de son héritier adoptif. Le vieil homme avait encore beaucoup d’emprise sur lui : son visage ne trahit aucune émotion.
    De la même voix neutre, je lui expliquai que Vespasien m’avait engagé pour faire l’inventaire des biens de Pertinax. L’expression du consul demeura impénétrable.
    — Connaissais-tu mon fils ?
    Question intéressante, mais qui pouvait signifier n’importe quoi.
    — Je l’avais rencontré, déclarai-je prudemment. (Il me paraissait préférable de taire qu’un jour, ce jeune salaud irascible m’avait fait méchamment tabasser.) Ma visite a pour objet de t’aviser que l’empereur a décidé de te restituer un navire : le Circé. Il est à quai à Pompéi, à ton entière disposition.
    Nous étions en train de parler d’un navire marchand capable de voguer sur l’océan : un vrai rêve d’ouvrier besogneux. Pour un homme richissime comme Marcellus, il s’agissait d’un vaisseau de plus, dont son chef-comptable lui rappellerait parfois qu’il était propriétaire. Pourtant, à ma grande surprise, il s’exclama :
    — Je le croyais consigné à Ostie ?
    Je fus frappé du fait qu’il était au courant des affaires de Pertinax. Dans mon métier, une banale conversation permet parfois de récolter des indices intéressants – à condition d’être lucide et de ne pas voir des indices là où il n’y en a pas ! Constatant qu’il s’étonnait de mon silence, je m’empressai de le rassurer :
    — Il a mis la voile pour Ostie, où il est à ta disposition.
    — Très bien. Il y a un document officiel ?
    — Si tu me fais apporter de quoi écrire, je pourrai t’établir un certificat.
    Il lui suffit d’un simple signe de tête pour qu’un secrétaire m’apporte un papyrus et de l’encre en un temps record. J’utilisai ma propre plume. Les serviteurs se tortillaient sur place, surpris qu’un pouilleux comme moi sache écrire. Le genre de moments que j’appréciais… Même Helena Justina les regardait d’un air furieux.
    Je signai mon nom avec une fioriture, puis apposai mon sceau après que le secrétaire, sans enthousiasme particulier, m’eut tendu la cire chaude. C’était uniquement pour le principe, parce que ledit sceau était tellement usé, en ce temps-là, qu’on ne distinguait absolument rien.
    — Autre chose, Falco ?
    — J’essaie de contacter un serviteur de ton fils auquel il a légué une grosse somme d’argent. Un affranchi élevé avec lui chez son père naturel, du nom de Barnabas. Sais-tu où je peux le trouver ?
    — Barnabas ?… chevrota-t-il faiblement.
    — Oh ! tu le connais, ne put s’empêcher d’intervenir Helena Justina de l’endroit où elle se trouvait.
    La réaction de Marcellus me rendait songeur. J’essayai de le cacher en m’activant à ranger ma plume dans ma sacoche.
    — Atius Pertinax et son affranchi étaient très proches. C’est Barnabas qui a réclamé le corps de ton fils et a organisé ses funérailles. Il ne t’a pas contacté, ensuite ? demandai-je d’un ton parfaitement neutre.
    — Cela n’avait rien à voir avec nous, insista froidement Marcellus. Les consuls sont comme les Chaldéens qui établissent les horoscopes, ou comme les très jolies filles : ils ne mentent jamais. Puisque tu me dis qu’il est originaire du Bruttium, enquête donc là-bas ! (J’avais eu l’intention de lui parler de Crispus, le navigateur,

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