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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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la cour.) Le consul se trouve à Setia ? Il a un agent, ici ?
    Le vieillard s’arrêta net, comme si un spasme d’angoisse venait de le paralyser.
    — Tu veux voir le consul ?
    — Disons que j’aimerais le voir.
    — Décide-toi. Tu veux le voir, oui ou non ?
    Oh, Jupiter ! Le consul résidait ici ! La dernière chose à laquelle je m’attendais. C’était bien ma chance.
    Mon compagnon vacilla légèrement. Volontaire, il rassembla ses forces en grimaçant de douleur.
    — Allons, donne-moi ton bras ! commanda-t-il impérieusement. Viens avec moi !
    J’aperçus du coin de l’œil Larius qui attendait en compagnie de Néron, mais le vieux s’appuyait trop lourdement sur moi pour que je puisse lui fausser discrètement compagnie. Je le soulageai de la gourde de vin et nous trottinâmes de conserve.
    Et dire que mon plan était de goûter son vin du Vésuve, de lui tirer les vers du nez, puis de m’éclipser sans que personne d’autre ne s’aperçoive de ma présence…
    En franchissant le coin du bâtiment principal, je constatai qu’il s’agissait d’une villa massive à un étage, la façade ornée d’un belvédère central. Elle n’était nullement abandonnée : des literies étaient posées sur l’appui des fenêtres du premier étage, pour s’aérer au soleil ; entre les piliers ornant le rez-de-chaussée, des plantes venant d’être arrosées dégoulinaient encore. Deux longues ailes s’étendaient de chaque côté d’une entrée on ne peut plus spectaculaire. Au-delà de cet incroyable ouvrage de maçonnerie, une fumée s’élevait – probablement celle de la chaudière des thermes privés. L’une des ailes possédait un jardin sur le toit. En tendant le cou, j’aperçus des pêchers, et des fleurs exotiques qui s’entortillaient autour de la balustrade. Rien à voir avec l’architecture d’une maison de ville refermée sur elle-même. Ici, de superbes portiques donnaient sur la plus belle vue d’Italie : la baie de Naples.
    Je soulevai avec effort un anneau tenu par la gueule de bronze d’un lion, et laissai mon compagnon franchir la porte d’entrée le premier. Il s’arrêta dans l’atrium à ciel ouvert, le temps de reprendre des forces. Au centre, un bassin aux contours de marbre s’ornait d’une statue. Dans un coin, un petit autel célébrait les dieux de la maison, auxquels on avait offert un petit bouquet de fleurs bleues et blanches. Tout, ici, respirait la tradition.
    — Dis-moi ton nom !
    — Didius Falco.
    Cinq ou six esclaves firent leur apparition, mais ils reculèrent discrètement en nous voyant parler tous les deux. Je compris d’un coup, et souris au grand vieillard.
    — Et toi, tu dois être Caprenius Marcellus !
    Je n’avais guère en face de moi qu’un vieux grincheux vêtu d’une tunique de laine naturelle, mais comme il ne fit pas mine de nier, je sus que j’avais raison.
    L’ex-consul me dévisageait du haut de son promontoire nasal. Avait-il entendu parler de moi ? Impossible de le deviner. Son visage austère ne livrait aucun de ses secrets.
    — Je suis détective privé. En mission pour l’empereur…
    — Ce n’est pas une recommandation !
    Il parlait avec assurance, les voyelles sonnant clairement, comme c’est le cas chez les hommes éduqués.
    — Excuse-moi de débarquer de cette façon, mais je souhaite éclaircir un ou deux points avec toi. (Ses esclaves se rapprochèrent d’un pas. J’étais à deux doigts d’être jeté dehors. J’eus alors une brillante inspiration :) Je voudrais te préciser que ta belle-fille a fait appel à mes services, il n’y a pas longtemps…
    Je m’étais laissé dire qu’il aimait beaucoup Helena Justina, mais le résultat dépassa mes espérances.
    — Dans ce cas, répondit le consul, parfaitement calme et me reprenant la gourde de vin des mains, sois assez aimable pour me suivre.
    Il se déplaçait maintenant avec moins de difficultés. Il passa sans s’arrêter devant le Lararium où les dieux pointaient leurs orteils bottés de bronze vers le vase de fleurs. Nous pénétrâmes dans une pièce donnant sur le hall. D’autres portes étaient ouvertes sur un jardin intérieur où se dressait une table. Le déjeuner était servi. Je comptai une dizaine d’esclaves en train d’attendre, aussi immobiles que les plantes en pots, chacun une serviette sur le bras.
    L’ex-consul avait une invitée, une jeune femme qui nous tournait le dos. Elle était en train de

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