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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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le faire.
    — Je n’étais pas dupe de son
comportement. C’est vrai, j’ai eu la faculté de quitter Kurtuba. Je ne l’ai pas
fait car j’étais et je suis toujours lié par le serment que j’ai prêté. Je suis
un homme d’honneur et j’ai le respect de la parole donnée.
    — Sous peu, tu seras conduit à
al-Rusafa. Veille sur mon petit-fils et fais en sorte de lui inculquer tes
qualités qui sont grandes, très grandes. Je viendrai vous rendre visite quand
mes obligations me le permettront et je puis t’assurer que j’aurai grand
plaisir à te retrouver.
    Abdallah n’eut qu’à se féliciter de
cette décision. Les deux Abd al-Rahman devinrent bien vite inséparables ;
le jeune garçon modelait sa conduite sur celle de son aîné auquel il portait
une véritable adoration.
    L’émir, pour la première fois de sa
vie, respirait. L’ordre régnait en al-Andalous et il pouvait désormais
consacrer tous ses efforts à parfaire son œuvre en soumettant le dernier
rebelle déclaré, Omar Ibn Hafsun. Celui-ci se savait menacé. Certes, il contrôlait
encore d’immenses territoires et ne manquait pas de partisans. Il était
toutefois assez lucide pour savoir que, sous peu, le monarque enverrait
plusieurs armées s’attaquer à ses domaines. Il lui fallait à tout prix trouver
de nouveaux alliés. Il dépêcha donc son fils, Djaffar, à Ishbiliyah pour sonder
les intentions d’Ibrahim Ibn Hadjdjadj. Le gouverneur reçut discrètement
l’émissaire du chef muwallad et lui demanda :
    — Que me vaut le plaisir de ta
visite ?
    — Mon père te présente ses
respects et t’assure de son amitié.
    — Tu le remercieras. C’est un
guerrier valeureux et j’admire ses prouesses.
    — Il sera sensible à ce
compliment. Il m’a chargé aussi de te faire part de sa gratitude.
    — Pour quelle raison ?
    — Il a remarqué et apprécié la
manière dont tu te comportais envers nos frères muwalladun. Nous avions toutes
les bonnes raisons de croire que tu adopterais à leur égard la conduite des
Banu Khaldun, qui fut aussi celle de ton frère.
    — Et la mienne également, tu
feins de l’oublier. Je suis désormais le wali de cette cité, les tiens y sont
majoritaires et je dois effectivement tenir compte de ce fait.
    — Tu as pris le titre de
gouverneur d’Ishbiliyah dans des circonstances particulières : Abdallah
n’avait pas les moyens de s’opposer à ta nomination. Crois-tu qu’il ne s’en
souvienne pas ? Aujourd’hui, il se prépare à nous attaquer. Nous
résisterons de toutes nos forces. Contrairement à ce que pense mon père, je
sais qu’il parviendra à nous faire déposer les armes et qu’il nous fera
exécuter. Nous n’avons aucune pitié à attendre de lui. Quand nos têtes auront
été tranchées, il se retournera contre toi et viendra assiéger ta ville.
    — Je t’écoute.
    — Voilà pourquoi, poursuivit
Djaffar Ibn Hafsun, nous avons tout intérêt à nouer une alliance et à unir nos
forces. Brandissons de concert l’étendard de la révolte et donnons une bonne
leçon à Abdallah ! Il n’est pas question, je te rassure, de le renverser
ou de le tuer. Il s’agit simplement de lui signifier clairement que son
autorité ne dépasse pas les limites de Kurtuba.
    — C’est là une décision qui ne
peut être prise à la légère. De plus, mon fils, Abd al-Rahman, est détenu en
otage. Il a sauvé la vie du petit-fils d’Abdallah et celui-ci ne l’a pas libéré
pour autant. Si je me rebelle, l’émir le fera exécuter.
    — La situation serait bien
différente s’il était auprès de toi.
    — Assurément.
    — Je suis heureux de te
l’entendre dire. Mon père fera en sorte que tu puisses retrouver ton fils.
    Plusieurs semaines après cet
entretien, Abd al-Rahman Ibn Ibrahim Ibn Hadjdjadj reçut à al-Rusafa la visite
d’un émissaire d’Omar Ibn Hafsun lui proposant de s’évader. Il lui remit une
lettre de son père qui lui donnait son accord et qui l’assurait qu’il n’y avait
aucun déshonneur à violer un serment extorqué de force. Quand, le soir, le
jeune prince héritier interrogea son ami sur l’homme qu’il avait vu
s’entretenir à voix basse avec lui, Abdallah répondit :
    — C’était un solliciteur venu
demander une faveur dont il n’était pas digne. Je lui ai fait comprendre qu’il
ne pouvait espérer mon appui.
    — Pourquoi ? N’était-ce
pas l’une de tes connaissances ?
    — Quand tu seras émir, tu

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