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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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seras
assailli par les courtisans qui te réclameront de l’argent ou des domaines pour
les récompenser de leurs prétendus bons et loyaux services. Méfie-toi d’eux. Plus
tu te montreras généreux, plus ils se feront exigeants. C’est un piège fatal
dans lequel tu ne dois pas tomber.
    — Je me souviendrai de cette
leçon.
    Furieux de l’attitude de son fils,
Ibrahim Ibn Hadjdjadj fut contraint d’observer une prudente neutralité, en
apparence du moins. Car il envoya à Omar Ibn Hafsun de grosses sommes d’argent
qui permirent au chef muwallad de recruter plusieurs centaines de guerriers
dont il aurait bien besoin pour repousser les généraux d’Abdallah.
     
    Quand les guerriers d’Omar Ibn
Hafsun étaient venus le chercher, le vieux prêtre n’avait pas opposé la moindre
résistance. Il avait imposé le silence aux villageois qui s’étaient attroupés
et protestaient. Il leur avait expliqué qu’ils n’avaient rien à craindre. Le
seigneur de Bobastro était réputé pour sa loyauté et pour son attitude
bienveillante envers les Chrétiens. À plusieurs reprises, il avait demandé à
Alfonso de venir dans son repaire pour administrer les derniers sacrements à
l’un de ses serviteurs nazaréens. À chaque fois, celui-ci était revenu sain et
sauf, récompensé de ses services par une bourse remplie de pièces d’argent.
C’était sans doute à nouveau le cas et il se félicitait déjà de cette manne
providentielle. La somme lui permettrait de faire enfin reconstruire la partie
de l’église qui s’était effondrée, il y avait trois mois de cela, quand la
terre avait tremblé. Il était inutile de compter sur la générosité de ses
fidèles. Ceux-ci s’échinaient à labourer un sol ingrat. Les récoltes leur
procuraient à peine de quoi nourrir leurs familles et payer la capitation à
laquelle ils étaient astreints en tant que dhimmis. Les bonnes années du moins,
car il suffisait d’une sécheresse prolongée pour que ces paysans en soient
réduits à ne manger que des racines. Les plus âgés se souvenaient encore de la
terrible famine qui avait décimé les rangs de leur petite communauté. Les
chaumières abandonnées et les champs toujours en friche témoignaient de
l’ampleur du désastre dont ce hameau d’une trentaine de feux ne s’était jamais
véritablement remis.
    À Bobastro, le prêtre fut accueilli
très aimablement par un chambellan qui s’excusa auprès de lui. Non, aucun
serviteur n’était malade et n’avait besoin de ses services. C’était Omar Ibn
Hafsun qui souhaitait le rencontrer pour un motif que l’homme ignorait.
Malheureusement, il avait dû partir la veille pour mater la révolte d’un de ses
vassaux qui rançonnait les voyageurs. Nul ne savait quand il reviendrait. Mais
il avait donné des ordres pour qu’Alfonso l’attende et soit logé le plus confortablement
possible. Quand il découvrit les appartements mis à sa disposition,
l’ecclésiastique manifesta sa surprise. Il n’était plus habitué à un tel luxe.
Les pièces étaient meublées de lits confortables et de coffres finement
sculptés. Cela le changeait de la misérable masure attenante à l’église où il
vivait dans le plus complet dénuement. Toutes les heures, des domestiques
venaient s’enquérir de ses besoins et il ne savait pas quoi leur répondre.
Finalement, après moult hésitations, il interpella l’un d’entre eux :
    — Je suis indigne de toutes les
bontés que l’on a pour moi. Une seule chose me préoccupe. Je suis un homme de
Dieu.
    — Je ne l’ignore pas même si
nous prions un Dieu différent.
    — J’ai donc des devoirs à
remplir. Je dois en particulier célébrer la messe.
    — On m’a parlé de vos rites.
L’un de mes cousins est chrétien, un bon chrétien, je puis te le
garantir ! Il a toujours refusé de suivre mes conseils et de devenir
Musulman comme moi.
    — J’en suis heureux pour lui.
Tu comprendras donc que j’ai besoin d’un lieu consacré pour dire mes prières.
    — Cela ne pose aucun problème.
    — Que me chantes-tu là ?
rétorqua le prêtre. Je ne puis tout de même pas le faire dans la mosquée de la
forteresse où je n’ai pas le droit de pénétrer ! Laisse-moi repartir dans
mon village et je reviendrai dès que ton maître sera de retour.
    — Je ne puis t’y autoriser. Il
me punirait sévèrement, pensant que tu as été mécontent de notre accueil. Mais
ne t’inquiète pas. Quand tu me le diras, je te

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