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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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paradait devant eux.
    — Vous avez pu mesurer les
pouvoirs qu’Allah m’a donnés. Certains d’entre vous, dit-il en regardant d’un
œil mauvais Zual Ibn Yaish Ibn Furenik, se sont moqués de mon tas de brindilles
sèches d’où suintait l’eau. Aujourd’hui, ils ont été les premiers à lancer
leurs hommes contre les Chrétiens et beaucoup de bons Musulmans sont morts. Si
je n’avais pas ordonné au ciel de s’ouvrir et de noyer l’ennemi sous un
véritable déluge, combien d’autres n’auraient-ils pas péri. Remerciez Allah
d’avoir un chef tel que moi. Je l’avais dit à ceux qui doutaient de mes
pouvoirs : « Ce sont là quelques-uns des dons qu’Allah m’a octroyés et
vous en verrez plus encore si Dieu le veut. »
    Des murmures respectueux et
craintifs saluèrent cette tirade. Dans le camp du mahdi, la nouvelle se
répandit rapidement que c’était à ses pouvoirs miraculeux qu’on devait la
victoire de ce jour, la retraite des Chrétiens. Les soldats célébrèrent
joyeusement ce prodige, sous le regard consterné de leurs chefs.
    Témoin de la scène, Zual Ibn Yaish
Ibn Furenik s’empressa de réunir sous sa tente les quelques officiers auxquels
il faisait une entière confiance.
    — À vos mines, je gage que vous
pensez la même chose que moi, commença-t-il. Cet al-Kitt est un fou dangereux.
Il prétend avoir sauvé l’armée d’un désastre dont il est le seul responsable.
Vous êtes tous témoins que c’est lui qui a ordonné aux cavaliers de charger
sans avoir envoyé, au préalable, au petit matin, des éclaireurs reconnaître le
terrain. Ils auraient découvert le piège que les Chrétiens nous avaient tendu.
    — Et c’est sur nous qu’il fait
retomber la faute, tonna Tarik Ibn Yaish Ibn Furenik. Jamais de ma vie je n’ai
eu à supporter un tel affront.
    — Comment s’y prendre pour nous
faire obéir de nos hommes désormais, grinça un vieux Berbère. Ces idiots
croient tout ce qu’il raconte et s’émerveillent du moindre de ses gestes.
Souvenez-vous du spectacle dont il les a régalés en chevauchant son destrier
blanc.
    — Vous avez raison, dit Zual
Ibn Yaish Ibn Furenik. C’est lui notre principal ennemi. Nous n’aurons pas de
repos tant qu’il sera en vie. Car si ce chien est capable de faire croire à des
milliers d’hommes qu’il a remporté une victoire alors que nous avons échappé de
justesse à un désastre, songez à ce qu’il pourra obtenir d’eux s’il s’empare de
Zamora.
    — Il n’y arrivera jamais, fit
une voix.
    — Détrompe-toi. J’ai pris la
peine d’effectuer une patrouille de reconnaissance de nuit il y a plusieurs
jours de cela. Profitant de l’obscurité, je me suis approché de cette ville et
j’ai constaté l’existence de deux brèches dans les remparts, au nord et au sud.
Elles sont mal dissimulées et assez vastes pour laisser passer plusieurs
dizaines d’hommes à condition de lancer des attaques de diversion pour séparer
les forces de l’ennemi.
    — Tu n’en as rien dit.
    — Effectivement, car c’est un
cadeau que je n’entends pas offrir à cet imposteur qui veut nous éliminer. Ce
secret ne le restera pas longtemps. L’un des éclaireurs ne tardera pas à
avertir le mahdi. Il le fera exécuter et prétendra qu’il a fait s’écrouler les
murailles.
    — Nous sommes perdus, lâcha
Tarik Ibn Yaish Ibn Furenik.
    — Non, mais il faut agir
immédiatement et faire en sorte qu’al-Kitt essuie une défaite cinglante dont on
lui attribuera la responsabilité. Il n’y a qu’une solution, profiter de la
pluie. Les sentinelles ont déserté leurs postes, je l’ai vérifié. Avec mes
hommes, je vais simuler une attaque contre vos cantonnements. Prévenez vos
fidèles et ordonnez-leur de s’enfuir en hurlant que les Chrétiens ont investi
le camp et se sont emparés du mahdi. La panique s’installera et ses partisans
se débanderont. Pendant ce temps, nous gagnerons la montagne et nous enverrons
des messagers à Kurtuba solliciter le pardon de l’émir. Il nous l’accordera car
nous l’aurons débarrassé d’Ahmad Ibn Moawiya qui l’a publiquement insulté.
    Zual Ibn Yaish Ibn Furenik et ses
complices mirent à exécution leur plan qui réussit au-delà de toute espérance.
Dans la confusion due à l’obscurité et à la pluie, les troupes du mahdi
s’enfuirent. Au petit matin, quand Alphonse III monta sur les remparts, il
constata que la plaine était quasi vide. Seuls deux cents à trois

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