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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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joie et leur
orgueil ! » Prudent, Abd al-Rahman Ibn Umaiya Ibn Shuhaid se contenta
d’avertir le prince qu’il était au courant de ses intrigues. Il lui conseilla
de mettre un terme à ses audaces. Son père nourrissait pour lui de grands
projets et mieux valait ne pas le mécontenter.
     

Chapitre VII
    Le vieux prince Hisham se préparait
sans peur à la mort. D’un naturel timide et effacé, il avait mené une existence
tranquille, loin des intrigues de la cour, entouré de poètes et de lettrés qui
bénéficiaient de ses largesses. Quand son neveu l’avait convoqué et lui avait
annoncé sa nomination comme préfet d’Ishbiliyah, il avait commencé par refuser.
Il n’était pas fait pour commander à ses semblables et les affaires de l’État
ne l’intéressaient pas. Son parent avait usé de trésors d’éloquence pour le
convaincre et il avait fini par céder après qu’on lui eût expliqué que l’avenir
de la dynastie était en jeu. Ce n’était pas de gaieté de cœur qu’il avait
ordonné l’arrestation du prince héritier, coupable de haute trahison. Les
preuves réunies contre Mohammad étaient, en apparence, accablantes et il
s’était acquitté de cette tâche en fidèle sujet du monarque. Le tragique
dénouement de cette affaire l’avait bouleversé.
    Mohammad avait été la victime des
intrigues des Banu Khaldun et des Banu Hadjdjadj, ces aristocrates insolents
que ses fonctions de wali l’obligeaient à recevoir pour écouter leurs
récriminations, leurs doléances et leurs exigences. Il leur vouait en secret un
profond mépris et prenait un malin plaisir à écourter, sous différents
prétextes, ses audiences. Bientôt, il serait délivré de ce fardeau. Lors d’une
partie de chasse dans le Sharaf, il avait souffert de la chaleur et son
échanson lui avait servi une coupe d’eau rafraîchie avec de la neige apportée
des montagnes voisines. Il l’avait bue d’un trait et avait été pris d’un
malaise. Appelé à son chevet, son médecin, Ibrahim Ibn Omar, avait hoché la
tête et ne lui avait pas caché la gravité de son état. Il n’avait plus que
quelques jours, voire quelques heures à vivre, et nul remède ne pouvait éviter cette
issue fatale. Le prince avait esquissé un sourire et murmuré à son vieil
ami :
    — Ne sois pas peiné par
l’inefficacité de ton art. Allah le Tout-Puissant et le Miséricordieux me
rappelle à lui et je suis flatté de cet honneur. J’espère simplement être digne
d’entrer dans Son paradis.
    Le soir même, Hisham s’éteignit
paisiblement et fut inhumé dès le lendemain dans le cimetière réservé aux
principaux notables de la ville.
    En apprenant le décès de son oncle,
Abdallah n’éprouva aucun chagrin mais une profonde contrariété. Il fallait lui
trouver un successeur et c’était là une affaire plutôt ardue. Il convoqua son
confident, Abd al-Malik Ibn Abdallah Ibn Umaiya, pour s’entretenir avec lui de
cette question. Le général le rejoignit dans sa résidence estivale d’al-Rusafa.
Il avait l’air bouleversé et l’émir l’interrogea :
    — J’ignorais que tu étais un
proche de Hisham et que sa disparition t’affligerait à ce point. Cesse donc de
gémir sur sa mort. Prends exemple sur moi : j’ai versé quelques larmes
pour la forme, sans plus. Il aurait pu attendre que je n’aie plus besoin de
lui. Il était parvenu, je ne sais pas trop comment, à rétablir un semblant
d’ordre à Ishbiliyah et je suis persuadé que mes ennemis s’apprêtent à relever
la tête.
    — Noble seigneur, j’ai d’autres
sujets de préoccupation infiniment plus importants. Tu m’as confié l’éducation
de ton petit-fils.
    — Serait-il arrivé malheur à
Abd al-Rahman ? T’aurait-il manqué de respect ?
    — Rien de tout cela.
    L’officier expliqua à Abdallah que
l’enfant, âgé maintenant de quatre ans, lui donnait entière satisfaction. Bien
que d’une taille légèrement inférieure à la moyenne, il était vigoureux et le
surprenait par la vivacité de son intelligence. Ses serviteurs, triés sur le
volet, l’adoraient et auraient donné leur vie pour lui. C’était d’ailleurs ce
qui était arrivé à l’un d’entre eux, chargé de goûter la nourriture du prince.
En cette occasion, il s’agissait de gâteaux préparés dans les cuisines du
palais et envoyés au domicile du général au nom de l’émir. L’esclave avait
choisi, au hasard, l’une de ces pâtisseries au miel et était

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