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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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cette montagne de muscles à cheveux longs et frisés, portant une dague aigüe à son ceinturon, s’il n’avait connu sa qualité.
    Après un salut, le géant lui tendit une missive en expliquant :
    — Ma maîtresse vous présente ses regrets pour notre intrusion. L’heure est grave.
    Jean le Sage fit sauter les deux cachets de cire et prit connaissance du court message :
     
    « Messire Jean,
    Vous voudrez bien pardonner, je l’espère, la visite inattendue de mes gens. L’urgence des circonstances m’a contrainte à ce manque de civilités. Messire Druon est mon nouveau mire. Quant au sieur Léon, mon homme de confiance, vous le connaissez. Je vous saurai donc fort gré de les aider dans leurs efforts, dont l’unique objet est la protection de notre village.
     
    Votre attentif seigneur, Béatrice d’Antigny. »

    La lettre, d’une courtoisie de pure forme, n’étonna pas Jean Lemercier. La baronne Béatrice ne sollicitait pas d’aide. Elle l’exigeait. Il hésita. Devait-il accueillir ses visiteurs autour d’un gobelet de vin, ou s’enquérir aussitôt de leurs demandes ? L’intervention du jeune mire le dispensa de choisir :
    — Messire Jean, tout d’abord acceptez notre pardon pour cette intrusion fort grossière. N’y voyez que la preuve du souci que prend de vous votre seigneur.
    D’une voix dont la distinction étonnait toujours Jean Lemercier, qui lui aurait davantage prêté la lourdeur de langue des soldats, le géant renchérit :
    — Mon jeune compagnon a raison. Nous vous supplions de ne jamais penser que ma maîtresse se détourne de vous, des drames qui vous frappent. Bien au contraire, elle les fait siens. Elle ne vous abandonnera pas et se battra jusqu’à ce que cette… chose soit crucifiée sur la porte de l’église. C’est du reste la raison majeure pour laquelle, elle a… souhaité le service de messire Druon, un mire d’éblouissante réputation, un aesculapius 2 .
    Druon ne marqua pas sa surprise à la dernière phrase de Léon. Voilà qu’il devenait un personnage célèbre dont un puissant « souhaitait » le concours, alors que la corde pour le pendre l’attendait en un recoin du château.
    — Votre discours me soulage, monsieur. Toutefois, je n’ai jamais douté du soin que prenait notre seigneur de nos ennuis, rétorqua Jean le Sage. Cela étant, et si je puis me permettre… en quoi un mire…
    — C’est que mes… méthodes diffèrent fort de celles de mes confrères, biaisa Druon.
    — Je suis bien soulagé de vous recevoir, messire, car quelqu’un a grand besoin de votre art en ce moment…
    Jean baissa le regard avant de poursuivre dans un chuchotement laborieux :
    — Une autre victime, cette nuit. Horriblement mutilée. Le tonnelier, Alphonse Portechape. Notre apothicaire l’a soigné au mieux, installé dans sa réserve de l’étage, mais l’attention d’un mire permettrait peut-être à ce pauvre homme de survivre, car je l’ai senti fort mal en point.
    — Que dites-vous ! s’exclama Léon.
    — Plus bas, monsieur. Peu d’entre nous sont au courant… L’affolement est déjà à son comble… inutile de…
    — Vous avez grand raison, approuva Druon de Brévaux.
    Jean Lemercier prit une profonde inspiration et murmura :
    — Le pire est encore à venir, messieurs, car, voyez-vous, cet Alphonse Portechape nous a confié d’horribles choses. Je précise qu’il avait tous ses sens et qu’un délire de fièvre n’a pas inspiré ses mots.
    Jean marqua une pause et Druon sentit que la suite serait, en effet, terrible. Il l’encouragea :
    — De grâce, messire Jean, quels étaient-ils ?
    — Dieu nous garde, messieurs ! Il… Il y a… et Portechape est formel et l’a répété à maintes reprises… Il y a deux… créatures, énormes et démoniaques !
    — Seigneur Jésus, bafouilla Léon en se signant.
    — Démoniaques, dites-vous ? releva Druon.
    — En effet, et croyez bien que j’ai longtemps tergiversé avant de me rendre à cette explication que je jugeais inspirée par… la superstition et la panique. Toutefois, la description de Portechape ne laisse subsister aucun doute dans mon esprit.
    — Quelle est-elle cette description, je vous prie ? Dans le plus menu détail. Nous irons ensuite visiter ce pauvre homme.
    Jean s’exécuta et relata scrupuleusement les dires du tonnelier. Lorsque le mercier eut terminé, Druon s’enquit :
    — Cet Alphonse, est-il connu pour des

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