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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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Belzébuth, a dû les rappeler. (Une quinte de toux lui tira une grimace de peine, il insista pourtant :) J’ai cogné, ça pour sûr. Ils m’ont pas eu, les maudits ! C’est des créatures de l’enfer, vous y trompez pas ! Un animal, j’lui faisais la peau.
    — Je sais, mon bon, je sais, le rassura Jean.

    Alphonse Portechape ferma les yeux. Une lente expiration souleva sa cage thoracique et son pauvre corps se détendit d’un coup.
    — Il vient de tomber à nouveau en pâmoison, diagnostiqua Lubin Serret. Je puis l’éveiller, proposa-t-il aux autres.
    — Non pas, décida Jean Lemercier. L’inconscience est une bénédiction dans son cas et nous avons appris ce que nous voulions savoir : il s’agit bien de démons qui peuvent se tenir indifféremment sur deux ou quatre pattes. Vous aviez raison, je l’admets malgré mes réticences du début. Il nous faut supplier monseigneur Herbert de nous aider. J’en suis désolé.
    — Vous faites juste et bon, approuva le loueur de chevaux.
    — Je l’espère, Thierry, je l’espère. Jamais décision n’aura été si ardue à prendre. Nous devenons les ennemis jurés de notre suzeraine, la baronne Béatrice. Dieu et le baron nous gardent de sa colère. (Il marqua une pause dans laquelle les autres sentirent son désarroi puis reprit :) Mon bon Lubin, veillez Alphonse. Faites quérir sa femme, qu’elle lui dise à Dieu et prie pour son repos, il est bien mal en point.
    L’apothicaire hocha la tête et renchérit d’un ton grave :
    — Je doute qu’il passe la nuit, voire la journée. Je…
    — Vous avez œuvré mieux qu’un excellent mire, mon ami. Nous vous en sommes reconnaissants.
    1 - Du latin bilancia , de « bi », deux, et de « lanx », plateau. Il nous en reste le mot « bilan ».
    2 - Cicatrisants.
    3 - Fausses paroles destinées à tromper, escroquer par la ruse.
    4 - Comme mauviette, autre nom de l’alouette, utilisé pour désigner une personne grêle, peu résistante et délicate.

XXV
    Saint-Ouen-en-Pail, août 1306, ce même jour
    J ean Lemercier s’introduisit chez lui en empruntant la porte réservée aux serviteurs. L’idée de croiser le regard de sa tendre Annette lui semblait insupportable. Elle lirait le désespoir et la consternation sur son visage avec autant d’aisance que dans un des livres qu’elle aimait tant. Il ne pourrait longtemps lui taire la vérité. Or devoir confier à la femme tant aimée que Portechape agonisait, qu’il n’y avait pas un mais deux monstres et qu’il était maintenant certain que le diable ou l’un de ses puissants avatars s’en prenait à leur village était au-dessus des forces de Jean le Sage. Pis, comment expliquer à la subtile Annette qu’il avait décidé de supplier le baron Herbert de les aider ?
    Il longea le coude dans lequel avait été aménagé le restrait 1 des serviteurs puis le mur des cuisines. Muguette en sortait et lui jeta un regard surpris avant de s’enquérir :
    — Notre maître ? Désirez-vous une tisane, un léger en-cas ?
    — Non pas, ma bonne. Je… je dois m’absorber dans mes livres de comptes et de commandes. Qu’on ne me dérange pas. Préviens ma dame que je me contenterai d’un léger repas servi dans mon étude. Prie-la d’accepter toutes mes excuses pour la solitude que je lui impose ainsi.
    La vieille servante hocha la tête.

    Sexte était depuis longtemps passé. Annette ne s’était guère étonnée de l’absence de son époux à la table conjugale. Jean travaillait souvent de longues heures durant à ses comptes et ses inventaires.
    Une vague mais pénible sensation empêchait pourtant Annette de se concentrer sur son ouvrage : une aumônière brodée d’une délicate guirlande de minuscules roses. Autant l’avouer, elle n’avait pas une passion pour ce genre d’occupations. Néanmoins, elle leur reconnaissait un précieux avantage : paraître très occupée à un ouvrage féminin quoique respectable donnait à la dame un bon prétexte pour ne plus avoir à parler, à s’occuper des autres. L’attitude renfermée, distante même de Séraphine, l’avait intriguée. Certes, la pauvre femme avait été tant brutalisée par la bête ! Elle avait eu, à n’en point douter, peur au-delà de l’imaginable… Mais justement. Séraphine était une forte de gosier qui ne mâchait pas ses mots lorsqu’il le fallait. Aussi son silence au sujet de l’attaque semblait-il anormal. Après tout, elle, une femme,

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