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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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dans sa poitrine à lui faire mal.
    Lorsqu’un huissier l’avait averti dix minutes plus tôt de l’arrivée de l’enquêteur de la papauté, et de son « vif » souhait d’être reçu au plus rapide, un vertige avait déséquilibré l’évêque. Il s’en voulait maintenant de son manque de finesse. Il avait aussitôt accédé à cette fausse requête qui relevait de l’ordre déguisé d’urbanité, indiquant par là même combien il craignait le dominicain.

    Éloi Silage poursuivit du même ton onctueux qu’il avait adopté depuis son entrée :
    — Croyez, Excellence, que votre absolue fidélité à notre Église fut très appréciée au plus haut lieu. On n’y ignorait pas votre longue amitié avec feu Jehan Fauvel. Aussi a-t-on été pleinement conscient de la difficulté à laquelle vous fîtes face.
    — Mon cœur et mon âme sont tournés vers l’Église, mon frère, parvint à répondre Foulques de Sevrin d’une voix qu’il espéra assez assurée.
    — On n’en doute pas, soyez-en bien certain.
    Se faisait-il des idées ? Son appréhension le menait-elle à imaginer le pire ? Ou, de fait, le discours du dominicain depuis le début de cette entrevue consistait-il en un savant mélange de menaces sous-entendues et de promesses encore plus floues ? Au demeurant, qui était ce « on » auquel se référait en permanence le dominicain ? Le pape Clément V ? L’un de ses camerlingues ?
    Éloi Silage sembla chercher ses mots, pourtant Foulques fut convaincu qu’il en venait enfin au véritable motif de sa visite impromptue.
    — Ainsi que vous le savez, Fauvel n’a dit mot, préférant l’impardonnable péché du suicide. On s’est interrogé en raison, précisément, de votre durable amitié. Le mire vous aurait-il confié… que sais-je, des détails, au sujet d’une… quête insensée qu’il s’était mise en tête ?
    Foulques de Sevrin eut la pénible certitude que l’étau se refermait brutalement sur lui. Étrangement, et alors même qu’il en pesait toutes les épouvantables conséquences, cette conviction lui insuffla de la force. Celle de survivre encore un peu.
    — Une quête ? répéta-t-il avec aplomb. Non pas. Cela étant, nos liens s’étaient distendus et je ne l’avais que fort peu vu au cours des dernières années.
    — Nous savons cela, confirma le dominicain.
    Foulques comprit aussitôt sa ruse. Silage tentait de lui faire accroire qu’il avait mené une enquête minutieuse à son sujet et qu’il n’ignorait plus grand-chose de ses secrets. Une façon de le pousser aux confidences. Il ne tomba pas dans le piège, se contentant d’un hochement de tête peu compromettant.
    — Or donc, il n’avait jamais fait allusion à ses… recherches ? insista l’autre en le fixant avec une intensité dérangeante.
    — Jehan était être de passion et l’art médical constituait sa raison de vivre. Sont-ce là les recherches que vous évoquez ?
    — Pas vraiment. Nous entrevoyons quelque chose de bien plus trouble, de bien plus inacceptable même.
    — Fichtre ! s’exclama l’évêque en feignant l’alarme. Toutefois, mon bon frère, vous vous doutez bien que Jehan n’aurait jamais osé mentionner devant moi une… quête inacceptable, selon vos mots.
    — Certes, certes…
    Sa vie en eût-elle dépendu, Foulques de Sevrin aurait été incapable de déterminer si le dominicain ajoutait foi à ses dires ou n’en était point dupe. L’échange feutré, lourd d’implications, lui redonnait pourtant le goût de se battre, une énergie qu’il avait cru disparue à jamais. Aussi proposa-t-il d’un ton affable :
    — Un rafraîchissement, mon frère ? Une infusion refroidie, peut-être.
    — Merci, mais non. Vous avez fort bien connu la damoiselle Fauvel, m’a-t-on confié. Faites-m’en, à votre tour, une description, je vous prie.
    Foulques de Sevrin n’eut aucune hésitation. Il était cette fois prêt à mentir à un frère, à l’Église-mère, plutôt que de condamner Héluise à l’Inquisition et à une mort certaine. Il avait trahi au-delà de tout pardon en vendant Jehan. Il serait maudit, mais du moins partirait-il en ayant conservé un recoin de son âme vierge de souillure.
    — Oui-da. Je la considérais un peu à l’instar d’une filleule lorsqu’elle était enfante. Une jolie fillette, rieuse et charmante. Et puis, ainsi que je vous l’ai dit, j’ai peu à peu perdu son père de vue, et elle

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