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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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part en royaume d’Italie. Je ne m’y attarderai pas. Une stupide erreur de jeunesse, une folie de jeune femme aimante et aveugle ainsi qu’il est convenu de les nommer. La genèse de l’histoire ne recèle aucun intérêt.
    Druon lut une véritable peine sur le beau visage émacié.
    — Que s’est-il passé ?
    — Peu importe l’avant. Seul l’après compte. Le feu m’environnait. J’avais beau être en paix avec mon âme, j’étais terrorisée. Par le feu, certes, mais également par… la trahison cupide de celui qui m’avait été le plus cher au cœur. Pour lequel j’avais abandonné… tout le reste. La foule hurlait, riait et applaudissait… (Elle plissa les paupières et lança :) Vous savez cela… Un brasier rugit dans votre mémoire.
    Druon sentit le sol se dérober sous ses pas. Comment pouvait-elle être au courant de l’embrasement qui avait consumé le cadavre de son père ? Ses pouvoirs ? Igraine poursuivit de la même voix enfantine :
    — Soudain, elle… Béatrice, notre seigneur, a lancé son destrier, renversant les gardes en armes. L’animal, épouvanté par les flammes, hennissait de terreur. Pourtant, il a obéi et l’a accompagnée dans l’enfer du feu. Elle m’a arrachée du poteau de supplice et m’a jetée en croupe. Nous avons galopé droit devant. Le cheval sanglotait de souffrance – car les animaux pleurent pour qui sait les écouter. Son poitrail avait été rongé par les flammes. Pourtant, il continuait. Nous avons fait halte dans un sous-bois. Je connais les simples aussi bien que ma vie. C’est une autre histoire. Je les ai soignés tous deux. Le vaillant étalon a perdu la vue dans l’aventure. C’est devenu la tendresse de Béatrice. Il l’a servie sans faillir, par dévotion. Elle le va visiter presque tous les jours à l’écurie, le gave de morceaux de fruits et même de friandises. Il lui fait la fête tel un chiot bien qu’il soit maintenant bien vieil. Elle le monte pour une agréable promenade sans embûche durant laquelle elle le guide, le flatte, lui parle. Il est heureux.
    Il sentit que dame Igraine n’avait pas besoin de s’épancher. Elle ne lui contait cette histoire que dans un but précis. Après un regard pour le freux de belle taille, se tenant si sage sur l’épaule de sa maîtresse que l’on aurait crue envoûtée, il demanda :
    — Pourquoi me raconter cela ?
    — On juge surtout les humains à la façon dont ils traitent les animaux qui les ont servis. Savez-vous pourquoi ? Parce que les hommes craignent leurs semblables à deux pattes et sont prêts aux courbettes et à la fausse fidélité, même lorsqu’ils les détestent et les voudraient voir morts. En revanche, un animal, aveugle de surcroît, qui s’en préoccupe ?
    — Qui ?
    — Une belle âme.
    — Quoi ? s’emporta Druon. Elle est féroce. Elle nous menace du pire, ce pauvre Huguelin qui n’est pas sorti de l’enfance et moi ! Tout cela pour un levraut efflanqué qu’ils ont eux-mêmes placé dans un lacet.
    — Vous aviez posé le piège, non ? Il s’agit de braconnage sur les terres d’un seigneur et il est puni de mort. De surcroît… vous êtes toujours en vie.
    — Parce qu’elle a besoin de moi. Il ne s’agit nullement de compassion.
    — Oh, je n’ai jamais prétendu qu’elle était une douce colombe. Elle n’a pas été élevée pour cela. Son rôle est de se battre et de défendre, quitte à en périr. C’est un fauve, ne vous leurrez pas. J’ai parlé d’une belle âme parce qu’elle est juste, honorable, sans peur et que même lorsqu’elle redoute, elle fait fi de ses craintes pour ne pas déchoir. Cela étant, ce n’est pas une frêle moniale. C’est un seigneur qui exige ses droits mais qui paie ses devoirs. Elle ne faillira jamais. On pourra la détester ou la porter aux nues, selon l’issue, mais nul n’aura d’argument pour la mépriser.
    Le freux sautilla sur l’épaule de sa maîtresse qui sourit, ravie.
    — Il vous aime bien. C’est rare. Arthur, va dire bonjour à notre mire… notre miresse… Votre secret sera bien gardé, n’ayez crainte… Du moins tant que vous servirez Béatrice.
    Le freux sauta sur le crâne de Druon qui sentit ses serres se refermer sans agressivité sur sa peau. Il caressa le plumage de l’animal qui lui frôla avec douceur l’oreille de son bec redoutable, en déclarant :
    — On prétend qu’il s’agit d’animaux fort intelligents.
    — De fait. Leur gros

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