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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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pas. Pourquoi me…
    — Messire Léon, j’aimerais me faire connaître d’eux au demain.
    — Fort bien.
    Ils n’échangèrent plus un mot jusqu’à parvenir aux abords du château. Léon héla d’une voix de stentor les gardes en faction près du pont-levis. L’assourdissant grincement des poulies du contrepoids se fit aussitôt entendre. Le pont s’abaissa et la herse remonta.
    Ils démontèrent. Druon se laissa glisser contre le flanc de Brise. Il hésita, se demandant si l’autre accéderait à sa requête.
    — Messire Léon… J’ai besoin d’air, de solitude et d’espace. M’accorderez-vous quelques instants de promenade ? Vous avez Huguelin, je vous le rappelle. J’aurais pu fuir mille fois depuis le matin.
    — Oh, je le sais. Mais vous n’êtes pas de ceux qui abandonnent. Accordé. Ne vous éloignez pas trop. Les bois ne sont pas sûrs à la nuit. Je préviens les gardes.
    Sa haute silhouette massive disparut derrière la rébarbative herse du pont, qui fut vite abaissée.

    Songeur, le jeune mire redescendit à pas lents la large allée de pierre. Il emprunta le chemin qui traversait le bois. Ici avait dû s’élever fort longtemps auparavant une dense forêt que l’on avait partiellement rasée afin que l’ennemi ne puisse s’y cacher pour s’approcher du château. Druon l’admettait, le géant le fascinait assez. Il se posait nombre de questions à son sujet. Son intelligence ne faisait aucun doute, son éducation non plus. Un pôté, un paysan libre mais sans terre ayant prêté serment volontairement à un seigneur ? Druon en doutait. D’où venait-il au juste, de quelle vie ? Comment était-il arrivé dans l’entourage de la baronne ? Pour quelles raisons lui avait-elle accordé sa confiance quand elle semblait se méfier de presque tout le monde ? Au demeurant, le mire se formait un peu les mêmes interrogations au sujet d’Igraine.
    Il fit un bond lorsqu’une main ferme se posa sur son épaule et se retourna en tirant sa courte épée du fourreau.
    Deux yeux jaunes, une voix de fillette guillerette :
    — Tout doux, messire médecin. Vous allez affoler Arthur. Je suis bien aise de vous rencontrer. Je vous attendais.
    — Vous m’attendiez ? Comment saviez-vous… Léon vous…
    — Non, je ne l’ai pas vu. Je me promène céans depuis un moment. Peu importe. Avançons en cordialité, voulez-vous ?
    Le freux perché sur l’épaule d’Igraine regarda de droite et de gauche. On aurait pu croire qu’il surveillait les parages. Elle caressa les plumes de ses ailes robustes et reprit :
    — Ne lui veuillez jamais de mal, mire. Je puis être redoutable. Vous l’aurez compris, je l’espère : je ne suis pas une vile sorcière qui s’adonne à la magie venefica 1 , et encore moins une piètre bonimenteuse.
    Comprenant qu’elle parlait de la baronne, il s’enquit :
    — Pourquoi lui voudrais-je du mal, dame Igraine ?
    — C’est qu’il faut une âme bien trempée pour comprendre celle de Béatrice, jeune femme. Car vous êtes femelle, n’est-ce pas ? Encore une fois, peu importe. Ainsi en a-t-il été décidé. Nous sommes, avons été, serons tant de choses. Pour cette raison, il nous faut respecter toutes les créatures de Dieu. Il les a toutes créées avec la même passion. Aucune n’est méprisable puisqu’elle vient de Lui.
    — Je ne suis pas sûr de saisir…
    — C’est souvent l’effet que je produis. Humez l’air parfait de cette nuit. N’est-il pas grisant ? (Elle inspira profondément, un sourire aux lèvres.) Pour en revenir à Béatrice, ne vous y trompez pas : je suis capable de l’occire. Peut-être m’y résoudrai-je un jour. Pour son bien. Cela étant, personne ne lui fera jamais aucun mal. Il faudrait d’abord s’attaquer à moi et ce serait une terrible et très douloureuse erreur, pouffa-t-elle. Peut-être un jour, en tant que mire, remarquerez-vous les larges cicatrices de brûlures qu’elle porte aux bras et à la poitrine.
    — Elle fut brûlée ?
    — Oh oui, jusqu’au profond des chairs. Elle a souffert le calvaire durant des jours et des jours. Elle ne s’est jamais plainte, alors même qu’elle délirait de douleur.
    — Un incendie…
    — Non, un bûcher. Le mien. Celui qui me devait consumer après le jugement pour sorcellerie rendu par un cardinal qui avait été mon amant et souhaitait plus que tout oublier qu’il avait bénéficié de mes pouvoirs. Une longue et sordide histoire. Quelque

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