Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
repousser de son esprit l’épouvantable vision qu’il s’était formée de son père, écartelé sur la table de Question. Ses plaies ouvertes, le sang qui coulait de ses flancs, l’odeur de la chair brûlée par les fers rougis.
    — Pour éviter à l’être aimé d’intolérables souffrances qui, de toute façon, le mènent à la mort. C’est sans doute un péché mais, selon moi, c’est un péché que Dieu peut pardonner.

    Un silence pénible s’installa. Druon chercha à le rompre :
    — Je reste avec cette histoire de nichons à laquelle je ne comprends goutte !
    — Quoi ?
    Un regard de biais de Druon le rappela à l’ordre.
    — Euh… votre pardon. Des… enfin des… nichons… de… comme chez… une donzelle… ?
    Huguelin avait mis ses mains en coupe sous sa poitrine.
    — À l’évidence ! rétorqua Druon. Les hommes en ont mais ils sont fort peu visibles. Tu viens de reproduire le même geste que Gaston. Il était formel et selon lui, Séraphine aussi : la bête avait des tétines. Pourtant, lorsque l’ongle-bleu l’a frappée aux testicules, elle a hurlé.
    — Mais… Si c’est un homme en déguisement…
    — Je bute aussi. Pourquoi avoir poussé le raffinement à reproduire des tétines…
    — Des œillets ! cria Huguelin. De gros œillets* 5 afin de passer un lien et de pouvoir serrer les peaux autour de lui.
    Druon le regarda, émerveillé, et lança :
    — Bien sûr ! Que tu es fin ! Ah non, je ne regrette pas le lièvre corrompu de l’auberge du Chat-Huant, qui m’a pourtant remué les intérieurs.
    Le garçonnet rougit jusqu’au front à ce compliment.
    — Ah mon Dieu… L’horrible scélérat, le maudit… vitupéra le jeune mire. Nous avons affaire à forte partie. Il est rusé et se complaît dans le mal. Rien, aucune monstruosité ne l’arrêtera.
    — Mon Dieu, mon Dieu… qu’allons-nous faire… gémit Huguelin.
    — Lui mettre la main au collet et le traîner devant ses juges. Quoi d’autre ?
    — Mais enfin… nous ne sommes que deux et je ne suis pas bien grand et… Si le bailli et dix gens d’armes… sans même évoquer les villageois, messire Léon et la baronne…
    Druon ne réfléchit que quelques instants, s’en voulant un peu d’avoir pris cet enfant comme confident, pour ne pas dire déversoir. Bah… Il serait adulte dans quelques petites années. Des milliers d’enfants de son âge erraient sur les routes, gagnant leur pain comme ils le pouvaient, pour certains déjà bandits, pour d’autres éternelles victimes. Le siècle 6 n’était pas à la douceur, ni pour les adultes et encore moins pour les enfants. Survivaient les plus malins et les plus aptes.
    — J’allais m’en ouvrir à la baronne mais une autre bien vilaine surprise m’en a empêché.

    Un « encore » accablé répondit au mire.
    — Hum… On tente d’enherber la baronne Béatrice. On s’échine aussi à la vouloir ensorceler, toutefois, cette tentative-là m’inquiète bien moins.
    — Quoi ?
    Druon, trop préoccupé, ne releva pas la faute.
    — Enfin, mon maître, vous affirmez qu’il ne s’agit pas d’un démon tout droit sorti de l’enfer. Cependant, avouez que l’accumulation de meurtres ou de malveillances, et maintenant de vilains sortilèges, pue l’enfer à dégorger !
    — C’est que tu connais encore bien mal tes congénères, rétorqua le mire d’un ton plat.
    Un fardier dont des hommes tiraient la dépouille malmenée de Jehan Fauvel, enveloppée d’une toile. Des semaines d’épouvantables tortures. Infligées par des hommes, dont certains se réclamaient de Dieu. Le brasier qui rugissait, allumé par un autre homme. Le garde qu’il avait fait payer pour assassiner son père, lui éviter d’autres insupportables souffrances. Par infini amour, un amour d’humaine. Son père, un être d’exception. Encore un humain.
    L’homme : le pire ou le meilleur. Le pire et le meilleur dans une cohabitation qui le rongeait parfois au point de le rendre fou.

    — Mon maître… ?
    La voix inquiète du garçonnet tira Druon de ses affreux souvenirs. De ses plus beaux souvenirs, aussi. Il revint à ici et maintenant.
    — Pardon.
    — Vous étiez perdu dans vos pensées. Chaque fois, je vois des ombres douloureuses passer sur votre visage… Peut-être, un jour, aurez-vous envie de vous confier… Les choses mauvaises sont plus supportables à deux.
    Druon, un sourire triste aux lèvres, détailla le visage qui avait

Weitere Kostenlose Bücher