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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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poursuivre ses victimes. Parfois, il les fait rattraper par ses chiens, comme les deux bergers, parfois elles lui échappent, peut-être parce que ses fauves ne l’accompagnent pas cette nuit-là. Ce n’est pas la créature qui a dévoré la chèvre d’appât de la baronne, la mule de Séraphine et les autres. Ce sont les chiens qu’il affame, sans doute pour les rendre encore plus féroces. En revanche, c’est lui qui a lacéré, défiguré, décapité et étripé.
    — Cela ne se peut, protesta Huguelin d’une voix faible.
    — Mon premier doute est né après l’examen des blessures de Portechape et de Séraphine. Le tonnelier a été indiscutablement mordu. On distinguait la trace des crocs. La forme et la profondeur des blessures suggéraient une gueule allongée. De surcroît, les plaies les plus graves étaient localisées à hauteur de hanches, de cuisses, de chute de dos, surtout à droite. Bref, la taille d’un grand chien. La seule balafre peu sérieuse qu’il portait au visage a été abandonnée lorsque la bête s’est dressée sur ses postérieurs, en prenant appui sur lui. Encore une fois, ainsi que procède un chien ou un loup. Portechape a enjolivé son attaque et sa défense parce qu’en dépit de son état il voulait se vanter, étaler sa bravoure.
    — Tels ces pêcheurs qui ont attrapé une carpe ou un brochet aussi gros qu’une baleine ?
    — Tout à fait. (Revenant à sa démonstration, Druon poursuivit :) Au contraire, les cicatrices de Séraphine sont le résultat de griffes acérées qui ont emporté la moitié du visage et lacéré l’épaule et le bras, du côté gauche. Donc, le fait d’une prétendue « bête » qui se tenait sur ses deux jambes.
    — Et une « bête » droitière, qui maintenait Séraphine de sa main gauche, pour frapper de la droite, compléta Huguelin en ayant le sentiment qu’enfin son cerveau sortait d’une ombre tenace.
    Grâce à son jeune maître, il parvenait à raisonner, à percevoir le vrai sous un monceau de mensonges et d’incohérences. Il en éprouva un vif soulagement et, avouons-le, une fierté pour ses progrès. Du coup, l’appétit qui l’avait un peu déserté lui revint et il attrapa une autre rissole.
    — Tout juste !
    — Et c’est pour cela que la pauvre Séraphine est morte.
    Druon lui passa la main dans les cheveux et le complimenta :
    — Je suis un maître bien satisfait de son élève qui lui fait honneur ! Sa terreur dissipée, ses affreuses douleurs atténuées, elle a commencé à réfléchir et a compris qu’elle n’avait pas été attaquée par une bête. Sa peur et son écœurement expliquent sans doute son changement d’allure. De joviale et énergique, elle est devenue renfermée. Elle a voulu conforter son opinion en allant discuter avec Gaston le Simplet. Quelqu’un a dû la surprendre. Elle a été éliminée.
    — Gaston ne risque-t-il pas…
    — Je ne le pense pas. Du moins je l’espère. J’ai clamé bien haut que je connaissais la vérité. Je devenais donc la personne à occire.
    — Vous êtes brave.
    — Non pas. Que veux-tu qu’il m’arrive de fâcheux alors que Léon ne me lâche pas d’un pas, sauf lorsque je me retrouve enfermé céans ?
    Druon songea qu’il arrangeait un peu la vérité. Il avait été bien moins faraud en sortant de l’auberge du Fringuant Limaçon, épiant les ombres et sursautant au moindre bruit, se hâtant de rejoindre la protection du géant.
    — De fait. Mais qui…
    — Je l’ignore encore. Cependant, je mettrais ma main au feu que c’est encore lui qui a étripé le pauvre père Henri. Le père devait se trop rapprocher et n’était donc pas aussi nigaud que semblent le penser ses ouailles. Du coup, le tueur a dérobé le crucifix d’argent, dont il devrait tirer une somme rondelette s’il est assez rusé pour ne pas le monnayer dans les parages.
    — Oh, il est damné pour l’éternité s’il a occis un homme de Dieu !
    — J’espère bien qu’il l’est. Mais je voudrais surtout m’assurer qu’il sera puni dans notre monde, et au plus preste ainsi qu’il le mérite. Homme de Dieu ou pas, il a tué d’abominable façon. Il le paiera ici et là-bas.
    — On ne doit pas tuer, n’est-ce pas ?
    — On ne peut tuer, lorsque tout le reste a été tenté, que pour défendre sa vie ou celle d’un être incapable de se protéger. Parfois aussi… par infini amour désintéressé.
    — Votre pardon ?
    Druon tenta de

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