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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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tu le voudras pour peu que tu ne me mentes jamais.
    La crainte gagna le garçonnet. Car, de fait, il lui mentait, ne fusse que par omission. Certes, la discrétion le justifiait. Cependant, il s’agissait bel et bien d’une dissimulation.
    — C’est que…
    Huguelin vit le beau visage se fermer et sa peur se transforma en panique.
    — Avoue !
    — C’est que… Ce n’est pas vraiment menterie…
    — J’attends.
    — Je n’ai pas fouillé… Je voulais juste ranger, nettoyer… Je n’ai pas mis mon nez où il n’avait pas lieu d’être, cria-t-il presque.
    — Huguelin, j’attends, s’impatienta Druon.
    — Eh bien… je sais que… enfin vous n’êtes pas vraiment… enfin plutôt une miresse… en quelque sorte, bafouilla le garçonnet, les larmes dévalant de ses paupières. Me détestez-vous ? Allez-vous vous débarrasser de moi ?
    Il plaqua les mains sur ses yeux et Druon se leva pour l’envelopper de ses bras. Il déposa un baiser sur les cheveux doux comme ceux d’un bébé et murmura :
    — Non.
    Il se redressa et jeta d’un ton amusé :
    — Au fond, c’est aussi bien. Cela va me simplifier grandement la vie. Cette bande de lin dont je me comprime la poitrine jour et nuit me suffoque.
    L’enfant le dévisagea, pas encore pleinement rassuré.
    Redevenu très sérieux, le mire ajouta :
    — Jeune homme, tu vas me jurer, sur Dieu, la très sainte Vierge, ton âme et ton honneur, de ne jamais révéler à quiconque, pas même à un prêtre, ce que tu as découvert. Il y va de notre survie à tous deux. Je n’exagère pas. Plus tard, je te conterai les impérieuses raisons qui m’ont contrainte à ce déguisement.
    — Je le jure ! Je le jure, mille fois. Sur tout. Que je rôtisse en enfer pour l’éternité si je me parjure et que tous pissent sur ma tombe en s’esclaffant.
    — Fort bien… « Crachent » eût été préférable et tout aussi évocateur.
    1 - À l’époque, la plume n’est pas encore fendue, expliquant qu’on ne puisse « remonter » sur la feuille, ce qui justifie en partie les écritures prisées. Il faudra attendre la fin du XV e  siècle pour que naissent les plumes fendues, facilitant grandement le traçage des lettres.
    2 - Cursive assez « tarabiscotée », très en faveur à l’époque pour les lettres et les manuscrits en langue vernaculaire, contrairement à la rotunda , bien plus « sobre », réservée aux sommes et écrits plus officiels.
    3 - Les mesures étant variables d’une région à l’autre, ceci représente entre 17 et 28 hectares.
    4 - Voir annexe « Bête ».
    5 - Voir à ce sujet l’annexe « Bête ».
    6 - Au sens de société laïque.
    7 - Quelle est sa nature.

XLV
    Château de Saint-Ouen-en-Pail,
 août 1306, ce même jour
    U ne rage meurtrière habitait Léon lorsqu’il descendit vers les cuisines situées juste en dessous de la grande salle, afin que la chaleur dégagée par les immenses cheminées de cuisson ne se perde pas. Son souffle se fit court, son cœur s’emballa, une moiteur de sueur trempa la racine de ses cheveux de barbare, des picotements prirent d’assaut ses mains larges comme des battoirs. Il s’immobilisa sur la dernière marche, alarmé. Il reconnaissait ces prémices, ceux qui signalaient l’envie de tuer. Il avait tant tué. Un ribaud, ou un stipendiaire, voire, au gré des situations, un bandit de grands chemins.
    La terre n’avait jamais intéressé Léon. Bien trop de travail pour si peu de gain. Aussi avait-il abandonné sans regret le lopin qui lui revenait à son cadet, pour disparaître à jamais. Voler, massacrer, torturer parfois, lui avaient semblé tellement plus simple, plus lucratif aussi. Au fond, il avait peine à se souvenir aujourd’hui de ses victimes et ne savait au juste s’il fallait y voir une bénédiction ou le signe avant-coureur de son inévitable damnation. Sauf une : un vieil homme. Pourquoi celui-là hantait-il parfois ses nuits ? Léon écarta ses larges mains d’un geste involontaire. Ce soir-là, elles avaient été gainées du sang de ce vieillard.

    Léon titubait, saoul, lorsqu’il avait pénétré dans la maison. De cela il se souvenait fort bien. Des gloussements d’ivrognes lui avaient échappé. Le vieux lui avait juré sur son âme qu’il ne possédait rien. Léon s’était persuadé du contraire.
    Il l’avait d’abord giflé avec violence, ne voyant même pas ses larmes, n’entendant pas non plus ses cris, puis ses

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