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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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fureur se lut également sur le visage du géant qui éructa :
    — Il est à mon seigneur ! Elle va le crever ainsi qu’il mérite.
    — Qui ? exigea la baronne.
    — Je l’ignore encore, mais je vais trouver. Sous peu. De surcroît, vous êtes, seigneur, la cible d’un complot et je gage que la créature et l’enherbement sont liés, d’une façon qui m’échappe encore.
    Béatrice d’Antigny se tourna vers la mage et observa, d’un ton redevenu calme :
    — Igraine avait donc raison. Vous deviez être mon salut. Ma reconnaissance, mire.
    — Elle m’honore et me va droit au cœur, seigneur madame.
    Le regard d’un bleu intense le scruta. Elle s’enquit, avec une courtoisie inhabituelle :
    — Que retenez-vous, messire ? Je sens des paroles qui refusent de s’échapper.
    — Mes incertitudes, madame.
    — Allons, au fait ! s’énerva Léon.
    — Non.
    — Vous moqueriez-vous, messire ? contre-attaqua le géant, peu amène, en avançant de quelques pas menaçants.
    Béatrice d’Antigny émit un petit soupir, et, chose exceptionnelle, temporisa :
    — Mon bon Léon, apaise-toi. N’avons-nous pas compris que messire Druon avait parfois des susceptibilités de donzelle ? Il n’aime pas être bousculé dans ses raisonnements. On ne trousse pas son esprit comme les jupes d’une fille. Or, de fait, lesdits raisonnements nous sont précieux. Ils vont peut-être me sauver la vie et viennent de nous apprendre la véritable nature du fléau auquel nous sommes confrontés. Messire mire, auriez-vous l’obligeance de nous indiquer vos « incertitudes » ?

    Druon hésita quelques instants puis se décida, non sans réticences :
    — Seigneur madame, à une condition, avec tout mon respect et mes plates excuses : que messire Léon ne fonce pas à bride abattue au village pour en découdre, et que chacun ici fasse l’effort de se souvenir qu’il ne s’agit que de supputations. Je ne veux en aucun cas participer à une iniquité.
    D’un ton mi-agacé, mi-péremptoire, la baronne Béatrice rétorqua :
    — En ce cas, nous nous rejoignons. L’injustice me fait horreur. Ma parole, monsieur et elle sera respectée par tous mes gens.
    — Eh bien… je ne comprends pas… Vraiment, je ne comprends pas…
    Druon se perdit dans ses pensées pour être vite rappelé à l’ordre par la voix de fillette ironique d’Igraine :
    — Nous attendons votre bon plaisir et sommes suspendus à vos lèvres, messire.
    — Lorsque messire Léon et moi-même l’avons visité en sa demeure, Jean le Sage, chef du village, nous a relaté la confidence de l’ongle-bleu, confidence qu’elle lui avait réservée. Il nous a affirmé, mot pour mot : « À quelques détails près, sans doute dus à l’affolement, le récit de Séraphine ressemble aux affirmations d’Alphonse. À l’exception de la présence de deux créatures d’épouvante, dans ce dernier cas. » Or la description de la pauvre femme, relayée par Gaston, est radicalement différente et similaire à celle du Simple et de Lucie Fournier. Je suis certain que tous ces témoins sont fiables, bien que l’une ait trépassé.
    Un silence se fit, chacun pesant sa déclaration.
    — Où voulez-vous nous mener, mire ? exigea la baronne. Insinuez-vous que messire Jean aurait menti ?
    — Au risque de vous paraître bien outrecuidant, étant entendu la confiance que vous avez placée en lui : pourquoi pas ? Encore une fois, je n’ai nulle certitude.
    — Cela étant, vous semez le doute, monsieur, voire la calomnie, et on a fait pendre des gens pour moins que cela.
    — Non, non, chère seigneur, intervint Igraine, amusée. Il sème les germes du raisonnement, et il convient de ne jamais les bouder.
    — Bien sûr, tu lui donnes raison ? s’énerva la Baronne rouge.
    — Bien sûr ! Puisque je sais qu’il nous conduit vers la vérité, laquelle ne sera pas agréable à contempler.

XLVIII
    Saint-Ouen-en-Pail, août 1306, cette nuit-là
    L e sommeil fuyait à nouveau Annette Lemercier. Elle ne parvenait pas à s’ôter le trépas de Séraphine de l’esprit, se morigénant des heures durant. Eh quoi ? Une ongle-bleu prise en pitié était morte. Il ne s’agissait ni d’une parente ni d’une amie, pas même d’une commère de plaisant voisinage. Certes, les circonstances de son décès avaient été sidérantes. Un meurtre déguisé en suicide.
    La même question obstinée trotta dans la tête d’Annette : pourquoi

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