Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
gisait au sol, assez éloigné d’eux. Ils semblaient si absorbés par leurs… babillages, que je ne serais pas étonnée qu’une tierce personne ait alors eu l’opportunité de verser prestement un poison dans le gobelet sans être vue.
    — Est-ce vrai, Sidonie ? demanda Druon.
    Le joli visage pâle et décomposé se colora d’un léger fard d’émotion et le mire comprit qu’elle avait formé un attachement. Elle demeura silencieuse. Il insista :
    — Sidonie, je doute que la baronne vous reproche de trouver son copiste avenant. En revanche, si, disons… des échanges avec le sieur Joliet ont pu engendrer une… inattention de votre part à tous deux, il faut nous le dire. Votre « dévotion » à l’égard de votre seigneur vous le commande.
    Le regard baissé, elle finit par avouer :
    — Il est vrai que… messire Joliet a eu l’amabilité de me faire comprendre qu’il me trouvait… d’intérêt. J’en ai été très honorée. C’est un érudit et même si je sais lire et un peu écrire… son affabilité envers moi était bien flatteuse. (Soudain inquiète que ses paroles soient mal interprétées, elle précisa à la hâte :) Je vous assure qu’il ne s’est jamais rien passé qui heurte la pudeur ou la morale. J’avais décidé de requérir permission de mon seigneur si… les choses gagnaient en… précision. Messire Joliet me raconte un peu de ses lectures, de petites anecdotes, me rapporte des boutades amusantes… rien d’autre, en vérité.
    À la fois soulagée et consternée par ce qu’elle entendait, Béatrice d’Antigny conclut :
    — En bref, il s’agit d’une amourette ?
    Un murmure à peine audible lui répondit :
    — Oh, à peine, seigneur. (Les larmes rattrapèrent Sidonie, et elle balbutia :) Oh… Madame… si nos… bêtises, ma légèreté ont permis à un monstre d’enherber votre vin, je ne me le pardonnerai jamais et vous aurez grand raison de me punir…
    Léon poussa un soupir las. Dans la même nuit, il avait coincé un saucissier qui escroquait sa maîtresse d’un peu de lard et de quelques gratons pour mieux marier sa fille, et une jeune fille dont les émois de cœur avaient peut-être facilité la tâche d’un tueur. Belles prises pour un redoutable homme de guerre !
    — Avez-vous vu ou aperçu quelqu’un, hormis vous deux ? voulut savoir Druon.
    Désespérée, Sidonie hocha la tête en signe de dénégation et gémit :
    — Je suis coupable de négligence. J’étais absorbée par ce que me contait messire Joliet… je n’ai pas prêté attention… Aussi, jamais je n’aurais pensé qu’un ignoble scélérat pouvait s’en prendre à notre seigneur qui est juste et bon !
    À court de reproches ou d’arguments, tant la candeur de la jeune servante la stupéfiait, Béatrice d’Antigny ordonna sans hargne :
    — Remonte dans ta chambre et n’en sors avant mon ordre.

    Lorsqu’elle eut disparu après une révérence, Druon résuma d’un air sombre :
    — Fichtre ! Voilà un interrogatoire qui me laisse sur ma faim. Il en ressort qu’au lieu de réduire le nombre de suspects tous les habitants du château le deviennent.
    — La croyez-vous coupable ? s’enquit la baronne.
    — Non, seigneur madame. Toutefois, à l’instant, je ne jurerais pas non plus du contraire…
    Balayant la discussion d’un geste involontaire et peu courtois de la main, Druon en vint à ce qui lui paraissait le plus urgent, puisqu’il était certain que l’enherbeur allait prendre peur et se tenir tranquille, du moins quelque temps.
    — D’autres choses d’importance m’encombrent l’esprit, madame, et je vous en voudrais parler en compagnie de messire Léon et de dame Igraine, si vous le souhaitez.
    — Il est dit que nous ne prendrons pas de repos cette nuit. Je vous écoute.
    Elle ne l’interrompit pas une seule fois pendant qu’il lui relatait l’ensemble de ses déductions, le torse penché vers lui, les mains crispées sur les pommes des accoudoirs de sa forme. Igraine s’était approchée au point de le frôler. Quant à Léon, il ne le quittait pas du regard.
    — Comprenez, seigneur, que je n’évoque là que mes certitudes. La créature est un homme déguisé de peaux de bêtes, accompagné de chiens dressés à attaquer des humains.
    Béatrice d’Antigny se redressa, mâchoires crispées de fureur, de haine, et cria :
    — Un homme ?
    — Oui-da. Rien d’infernal là-dessous. Un monstre, mais un homme.
    La

Weitere Kostenlose Bücher