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Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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J’ai enseigné les paroles du Coran à ceux que je pouvais convaincre dans Mekka. Il y a cinq nuits, je suis allée devant la Pierre Noire, me voilant la face pour ne pas être souillée par les breloques païennes. Devant la source Zamzam, j’ai promis au Clément et Miséricordieux de te conduire dans Mekka afin que tu purifies la Ka’bâ. Pour cela, tu dois m’épouser.
    Il y eut un silence sidéré.
    Mon père Abu Bakr le rompit d’un rire tonitruant :
    — La fille hait le père mais parle comme le père !
    Muhammad ne rit pas. Nous, les épouses, non plus.
    Notre époux scruta Omm ‘Habîba un long moment.
    — Il se peut que tu dises vrai, fille d’Abu Sofyan, déclara-t-il enfin. Si cela est, tu es un nouvel ange d’Allah arrivé dans notre oasis. Le Tout-Puissant choisirait-Il de ne plus envoyer Ses bienfaiteurs ailés ?
     
    Les discussions et les palabres durèrent vingt-cinq jours. Le temps, pour l’Envoyé, de s’assurer que le ventre d’Omm ‘Habîba ne contenait aucune semence de Mekkois.
    Talha revint de Mekka :
    — Ô Messager, ce qu’a dit le jeune Bédouin, la rumeur le colporte sur toutes les routes qui conduisent à Mekka. Même ceux de Taïf ne soutiennent plus Abu Sofyan. Les Mekkois n’ont plus qu’une crainte : celle de la colère d’Allah. Je les ai entendus geindre sur les marchés : « Omm ‘Habîba est en sécurité dans la main du nâbi d’Allah. N’est-ce pas la preuve que nos dieux ne sont plus assez puissants pour protéger son père ?»
    Alors notre époux épousa Omm ‘Habîba.
     
    Le lendemain, Djouwaïrya et Safyia vinrent se plaindre chez Hafsa. Leurs chambres jouxtaient celle de la nouvelle épouse. Elles n’avaient pu fermer l’oeil de la nuit :
    — Qui l’eut cru, à voir cette naine ? Elle a gémi comme une femelle de lynx en chaleur. Sa voix traverse les murs et fait trembler les tabourets. Une voix terrible. Sans aucune retenue. Elle me vibre encore dans les oreilles. À croire que pas un homme n’a posé la main sur cette femelle depuis son sang de femme. Dans quel état doit être notre époux ! Il n’a plus l’âge de s’épuiser pareillement. Aïcha doit lui parler avant qu’Omm ‘Habîba ne se croie tout permis. Pas question que nous ne puissions pas dormir chaque fois que l’Envoyé sera chez elle !
    Moi, je me tus. C’était le devoir de chaque nouvelle épouse de peser le poids de la jalousie.

4.
    Dans les jours qui suivirent, l’Envoyé donna ses ordres :
    — Nous devrons être dix mille devant Mekka. Mais on ne devra pas nous voir. Que tous les Croyants du Hedjaz se préparent. Ils marcheront en vêtements ordinaires. Les armes, les cuirasses et les étendards devront être emballés comme des marchandises sur le dos des chameaux. Abu Sofyan est né scorpion et il mourra scorpion. Nous devons l’approcher en scorpions.
    L’Envoyé décida qu’en son absence, afin de ne pas éveiller les soupçons, Zayd conduirait une armée solide au Nord.
    À moi, il dit :
    — Miel de vie, tiens-toi prête. Je te veux près de moi en compagnie d’Omm ‘Habîba.
    Il fit seller sa mule blanche et nous partîmes en petit nombre, comme pour un pèlerinage. Le soir, quand nous montions nos tentes, des curieux venaient nous demander :
    — Où vas-tu, ô Muhammad ? Ils ne sont pas trente avec toi, ta fille Fatima et deux de tes épouses !
    — Je vais où Dieu voudra, répondait-il.
     
    Nous avançâmes lentement, afin de donner aux dix mille guerriers d’Allah le temps de s’installer autour de Mekka. Un matin, pétrifiés de terreur, les habitants virent toute notre armée au pied des murs de leur ville, armes et cuirasses scintillant sous le soleil. Durant la nuit, des anges par milliers avaient-ils déposé là les combattants, les chevaux et les méharis ?
    — À quoi bon combattre ? s’exclamèrent-ils.
    Ils prièrent Abu Sofyan de ne pas tirer son épée :
    — À la moindre résistance, le Prophète d’Allah nous massacrera ! Ouvrons-lui nos portes, qu’il exerce la clémence et la miséricorde de son Dieu.
    Les seigneurs des clans auxquelles appartenaient nos guerriers envoyèrent un message à Muhammad :
    — Choisi d’Allah, gloire à toi ! La guerre contre les païens de Mekka n’aura pas lieu. Avance et tends ta paume : le jus sucré de Mekka y tombera ainsi que d’une figue mûre au coeur de l’été !
     
    Ô Dieu, ce moment de merveille !
    Dans la nuit de mes yeux, je revois

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