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Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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sous les dattiers de Khaybar, l’Envoyé fut pris d’un puissant mal de ventre et d’une migraine violente. Au même instant, son gendre Ali fut saisi d’une douleur aux yeux. Soudain, il ne distinguait même plus les oreilles de sa monture.
    L’Envoyé s’alita dans ma couche. Il fit venir mon père et Omar :
    — Prenez l’étendard d’Allah. Allez où je ne peux aller et faites ce que je ne peux faire.
    Ils furent de retour le lendemain :
    — Les Juifs se sont trop bien calfeutrés dans leurs fortins. Il faudrait au moins vingt jours pour les en déloger. Et il est impossible de faire le siège des sept fortins ensemble. Mais si nous en encerclons un seul, les autres ouvriront leurs portes pour tenter de nous prendre à revers.
    L’Envoyé leur répondit :
    — Allez me chercher Ali.
    Incapable de se diriger seul, Ali se présenta à l’Envoyé soutenu par Fatima.
    — Père, dit-elle, regarde l’état de mon époux. Nous irons où tu le veux, mais Ali ne verra pas le bout de sa lame. Laisse-moi y aller à sa place.
    — Non, tu n’iras pas sans lui.
    L’Envoyé saisit la nuque d’Ali et lui baisa les paupières.
    — Ton époux verra ce qu’il lui faudra voir, dit-il à Fatima. Prenez l’étendard d’Allah et présentez-vous devant le fortin d’Al Qamus. C’est celui qui a les murailles les plus solides. Si vous parvenez à y entrer, les autres fortins s’ouvriront comme des coffres sans clef.
    Bien qu’aveugle, Ali enfourcha son cheval sans hésiter. Fatima en saisit les rênes et maintint la botte de son époux tout contre la sienne. À la troupe qui allait avec eux, elle cria :
    — Laissez-nous devant et ne vous approchez pas à moins d’un jet de flèches avant que je ne vous fasse signe.
     
    Du haut du fortin d’Al Qamus, les guetteurs eurent tôt fait de reconnaître Ali. Ils virent sur-le-champ qu’il se comportait en aveugle. Un cavalier jaillit d’une porte de tourelle renforcée de fer et fonça sur lui en hurlant :
    — Je suis Mar’hab, le héros invaincu de Khaybar !
    Sa charge à la lance était imparable. Fatima fit volter le cheval de son époux et hurla :
    — À ta droite !
    Ali leva son bouclier. La lance de Mar’hab le trancha en deux. Et soudain, ce fut comme si ce choc ouvrait les yeux d’Ali. Le temps que le cheval de Mar’hab virevolte pour une nouvelle charge, le regard d’Ali devint aussi foudroyant que son cri. L’instant suivant, Mar’hab n’avait plus de jambes.
    Ali pointa sa lame vers le fortin :
    — Par Allah, élever ces murs vous aurait-il épuisé autant qu’une volaille ?
    La porte du fortin s’ouvrit une fois encore. Un nouveau guerrier jaillit :
    — Je suis Kinâna ibn al Rabi al Hoqaïq, un puissant des Banu Nadir que le faux nâbi d’Allah a chassé de Yatrib ! Approche, toi qui as besoin d’une femme pour te guider ! Tu empestes déjà le cadavre ! Demain, j’entrerai chez moi, dans Yatrib !
    — C’est au bout de mon fouet que tu y entreras ! répondit Ali.
    Le corps à corps dura plus longtemps qu’avec Mar’hab. Ali voulait Kinâna vivant. Il y parvint.
     
    Fatima fit signe aux mille combattants qui la suivaient. Ils s’approchèrent en bandant leurs arcs. Ali poussa sa monture jusqu’à la porte qui avait livré passage à Mar’hab et à Kinâna. On dit qu’il l’éventra de deux coups de pieds et d’un coup de lame.
    Au crépuscule, les Banu Nadir se rendirent.
    À la nuit, l’Envoyé dit à Kinâna :
    — Tu as combattu, Ali t’a vaincu. L’expulsion est la punition que je réserve aux tiens, les Banu Nadir. Votre fortin sera notre butin, selon les lois du Hedjaz.
    Kinâna répondit par une insulte. Il eut la langue arrachée avant d’être décapité.
    Le lendemain, les autres fortins de Khaybar se rendirent à leur tour. Les Juifs demandèrent la vie sauve :
    — Nâbi, nous vivrons selon les lois de Dieu dans le Coran, promirent-ils. Nos plantations de dattiers seront les vôtres, considère-nous comme tes fermiers, ô Muhammad. Les récoltes seront de moitié pour vous, et tu nous traiteras en hommes libres.
    — À une condition, répliqua l’Envoyé. Ceux qui reviendront sur cette parole ou prendront le chemin de l’hypocrisie et du doute devront s’exiler sans retour à Jérusalem.
     
    À Khaybar, le lendemain, au moment du repas qui accompagnait le partage du butin pris aux Banu Nadir, il se passa encore ceci :
    Des Juives se tenaient sur le côté, devant des

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