Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
selon moi, à ce qu'elle ait désiré un homme qui lui plaisait. Désormais, elle a abandonné son adolescence et vit dans la joie auprès d'un époux dont elle est amoureuse. quant à Perdiccas, je ne peux certainement pas lui reprocher d'avoir voulu consacrer ses dernières pensées à la femme qu'il aime.
--que doisje donc faire de cette missive ?
--Br˚le-la. Mais s'il t'en parle, dis-lui que tu l'as directe ment remise à Cléop‚tre. "
Ptolémée s'approcha d'une lanterne et avança la feuille de papyrus qu'il tenait à la main au-dessus de la flamme. Les mots d'amour de Perdiccas se consumèrent dans le feu et s'évanouirent dans l'air.
L'impitoyable punition de Thèbes sema l'horreur dans toute la Grèce: c'était la première fois, depuis plusieurs généra tions, qu'une cité aussi illustre, aux racines si profondes qu'elles se perdaient dans les mythes des origines, était balayée de la surface de la terre. Le désespoir des quelques survivants s'étendit à tous les Grecs, qui assimilaient leur patrie à la cité qui leur avait donné le jour, avec ses sanc tuaires, ses sources, ses places, o˘ tous les souvenirs étaient jalousement conservés.
La cité représentait tout pour les Grecs: à chaque coin de rue se trouvait une image, une vieille idole rongée par le temps, qui était reliée d'une façon ou d'une autre à un mythe, à un événement appartenant à leur patrimoine commun. Chaque source avait une rumeur particulière, chaque arbre sa propre voix, chaque pierre son histoire. Partout, on pouvait distinguer les traces des dieux, des héros, des ancêtres, par tout on vénérait leurs reliques et leurs effigies.
La perte de la ville avait donné aux Grecs le sentiment d'avoir perdu leur ‚me, d'être morts avant de descendre au tombeau, d'être devenus aveugles après avoir profité de la lumière du soleil et des couleurs de la terre, d'être devenus inférieurs aux esclaves, à qui il arrive d'oublier leur passé.
Les réfugiés thébains qui parvinrent à rejoindre Athènes furent les premiers à apporter la nouvelle, et la ville sombra dans la consternation.
Les représentants du peuple envoyèrent partout des hérauts pour convoquer l'assemblée, car ils vou laient que les gens entendent le compte rendu des événements de la voix même des témoins, et non par le biais des racontars.
quand la vérité apparut clairement aux Athéniens dans tout ce qu'elle avait de terrible et de dramatique, on vit se lever un vieil amiral de la marine de guerre, du nom de Phocion, qui avait conduit l'expédition athénienne dans les Détroits contre
la flotte de Philippe.
" Il me paraît évident que ce qui est arrivé à Thèbes pour rait également arriver à Athènes. Nous avons trahi notre pacte avec Philippe exactement comme l'ont fait les Thébains. Et nous les avons armés, qui plus est. Pour quelle raison Alexandre devrait-il nous réserver un sort plus clément ?
" Il est vrai toutefois que les responsables de ces décisions, ceux qui ont persuadé le peuple de voter ces mesures, qui ont incité les Thébains à
défier le roi de Macédoine pour les lais ser ensuite l'affronter seuls, et qui exposent aujourd'hui leur cité à un risque mortel, devraient considérer que le sacrifice de quelques hommes est préférable à l'extermination d'un grand nombre, ou de tous. Ils devraient avoir le courage de se rendre et dJaffronter le destin qu~ils ont témérairement défié.
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" Citoyens, je me suis prononcé contre ces choix, et j'ai été accusé
d'être l'ami des Macédoniens. quand Alexandre était encore en Thrace, Démosthène a dit qu'un enfant siégeait sur le trône; quand il a gagné la Thessalie, il a commencé à le qua lifier d'adolescent, puis il a parlé de jeune homme quand il est arrivé devant les murailles de Thèbes. Maintenant que le roi a démontré sa puissance dévastatrice, comment Démosthène le définira-t-il? Avec quels mots entend-il s'adresser à lui? Reconnaîtra~t-il enfin qu'il s'agit d'un homme en pleine pos session de son pouvoir et de ses capacités ?
" Je pense qu'il faut avoir le courage de ses actes aussi bien que de ses paroles. Je n'ai rien d'autre à ajouter. "
Démosthène se leva alors pour défendre sa conduite et celle de ses partisans en faisant appel, comme toujours au sens de la liberté et à la démocratie dont Athènes était le berceau, mais il conclut en s'en remettant aux décisions
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