Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
entreprise fut cou ronnée d'un tel succès qu'une nombreuse nichée d'enfants naquit l'année suivante.
" Mais bientôt la guerre prit fin. Les autres guerriers rega gnèrent leur foyer et s'employèrent à rattraper le temps perdu: d'autres enfants virent le jour. Et quand ils eurent grandi, ils déclarèrent que les rejetons illégitimes ne pou vaient être considérés comme des citoyens de Sparte, et qu'ils devaient plutôt subir le sort des b‚tards.
" Indignés, ces derniers se préparèrent à la révolte sous la conduite de leur chef, un garçon fort et hardi du nom de Taras. Hélas pour eux, leur complot fut découvert et ils furent contraints de quitter leur patrie.
Taras interrogea alors l'oracle de Delphes, qui leur indiqua un lieu, en Italie, o˘ ils pour raient fonder une ville et y vivre dans la richesse et le bonheur. La ville fut effectivement fondée, et elle existe encore: il s'agit de Tarente, qui tire son nom de Taras.
--C'est une belle histoire, observa Cléop‚tre avec une ombre de tristesse dans les yeux. Mais je me demande bien ce qu'ils veulent.
--Tu le sauras dès que je les aurai entendus, affirma le roi en prenant congé de sa femme avec un baiser. Maintenant, permets-moi de donner les ordres nécessaires afin qu'ils soient dignement reçus. "
Les quatre navires tarentais repartirent deux jours plus tard, et c'est alors seulement qu'Alexandre d'…pire regagna la chambre nuptiale.
Cléop‚tre avait fait préparer le dîner dans la chambre, o˘ flottait un parfum de lis. Elle s'était allongée sur le lit de ban quet, uniquement vêtue d'une robe de lin transparent.
" ~ue voulaient-ils donc ? demanda-t-elle à son mari dès qu'il se fut étendu auprès d'elle.
Ils sont venus me demander de l'aide et. . . m'offrir l'Italie. Tu vas partir ? dit-elle après un long silence.
ALEXANDRE LE Gl~D
--Oui ", répondit le roi.
Il sentait que ce départ, que la guerre et le risque de mou~ir au combat lui pèseraient moins que l'idée, toujours plus forte, que Cléop‚tre avait jadis appartenu à un autre homme dont elle cultivait peut-être le souvenir, ou qu'elle aimajt encore.
" Est-il vrai que mon frère s'apprête à quitter la Macé doine ?
--Oui. Il se dirige vers l'Orient et s'apprête à envahir l'Asie
--Toi, tu pars vers l'Occident, et je vais rester seule. "
Le roi saisit sa main et la caressa longuement. a …coute. Un jour qu'Alexandre se trouvait dans ce palais, il fit un rêve que je veux te raconter... "
Parménion dévisagea Alexandre d'un air incrédule. " J'espère que tu ne parles pas sérieusement. "
Alexandre posa la main sur son épaule. " Je n'ai jamais été aussi sérieux de toute mon existence. C'est le rêve de mon père, Philippe, et le mien depuis toujours. Nous partirons avec les premiers vents du printemps.
--Mais, sire, intervint Antipatros, tu ne peux pas partir comme ça.
--Pourquoi pas ?
--Parce que tout peut arriver à la guerre, et que tu n'as ni épouse ni enfant. Il faut d'abord que tu te maries et que tu laisses un héritier sur le trône des Macédoniens. "
Alexandre sourit et secoua la tête. " Cette idée ne me vient même pas à
l'esprit ! Il est nécessaire d'observer une longue procédure avant de prendre épouse: évaluer toutes les candi dates possibles au rôle de reine, choisir attentivement une éventuelle élue et affronter les réactions des familles qui se verraient ainsi exclues.
" Il faudrait ensuite préparer le mariage, la liste des invités organiser la cérémonie, s'employer enfin à ce que la jeune femme tombe enceinte, chose qui ne se produit pas toujours instantanément. Et quand bien même elle se produirait, il n'est pas s˚r qu'un fils naîtrait de cette union, ce qui m'amè nerait à patienter une année supplémentaire. Et si un fils nais sait, je serais obligé d'imiter Ulysse et Télémaque: le quitter L~ FILS DU SONGE 297
au berceau pour le revoir au terme d'une période indétermi née. Non, je dois partir immédiatement, ma décision est irrévocable.
" Je ne vous ai pas convoqués pour discuter de mes noces, mais de mon expédition en Asie. Vous êtes les deux piliers de mon royaume, comme vous l'avez été pour mon père, et j'ai l'intention de vous confier des charges de la plus haute impor tance, en espérant que vous les accepterez.
-- Tu sais que nous te sommes fidèles, sire, affirma Parrnénion qui ne parvenait pas à appeler le jeune roi par son prénom; et que nous comptons t'obéir tant
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