Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
pour la nuit.
--Tu viendras ", répondit Philippe en sortant du bain.
Les yeux de Leptine se remplirent de larmes, mais elle garda le silence et se mit à essuyer délicatement le roi à l'aide d'un drap de lin.
Alexandre s'allongea sur le lit en étirant ses membres, tan dis qu'elle le regardait d'un air fasciné. Puis, comme à l'ac coutumée, elle se déshabilla et s'installa près de lui en prome nant ses mains et ses lèvres sur son corps.
" Non, dit Alexandre. Pas comme ça. Ce soir, c'est moi qui vais te prendre. " Il lui écarta doucement les jambes et s'al longea sur elle. Leptine resserra les bras autour de son buste comme si elle refusait de perdre un seul instant d'une intimité si précieuse, et elle accompagna la longue poussée de ses reins, le mouvement puissant de ses flancs. quand il s'aban donna, il sentit son visage se fondre dans ses cheveux, et en respira longuement le parfum.
" Vraiment, je pourrai te suivre ? lui demanda-t-elle alors qu'il s'étendait à nouveau près elle.
--Oui, jusqu'à ce que nous rencontrions dans notre marche un peuple dont tu comprendras la langue, cette mys térieuse langue que tu parles parfois dans ton sommeil.
--Pourquoi dis-tu cela, mon seigneur ?
--Tourne-toi ", lui ordonna Alexandre.
Leptine lui présenta son dos, tandis qu'il s'emparait d'une bougie et qu'il l'approchait.
" Tu as un tatouage sur l'épaule, le savais-tu ? Un genre d~ tatouage qui m'est inconnu. Oui, tu m'accompagneras et peut~ être rencontrerons-nous un jour quelqu'un qui sera en mesur~ de te rappeler qui tu es, et d o˘ tu viens. Mais je veux que tu saches une chose: en Asie, les choses changeront. Ce sera un autre monde, il y aura d'autres gens, d'autres femmes, et moi aussi, je serai différent. Une période de ma vie s'achève et une autre commence. Comprends-tu ce que je veux te dire ?
--Je le comprends, mon seigneur, mais le seul fait de te voir et de savoir que tu te portes bien me comblera de joie. Je' ne demande rien d'autre à la vie, car j'ai déjà eu plus que je n'aurais pu espérer. "
Alexandre retrouva le roi d'…pire un mois avant son départ pour l'Asie, dans une localité secrète de l'…ordée, après avoir fixé leur rendez-vous par un rapide échange de courriers. Plus d'un an s'était écoulé depuis leur dernière rencontre, depuis que Philippe avait été assassiné, et beaucoup d'événements s'étaient produits au cours de cette période, non seulement en Macédoine et en Grèce, mais aussi en …pire.
Le roi Alexandre avait réuni toutes les tribus de sa petite patrie montagneuse en une confédération qui lui avait attri bué le rôle de chef suprême et lui avait confié l'instruction et le commandement de l'armée.
Après avoir suivi un ensei gnement sur le mode macédonien, les guerriers épirotes avaient été répartis en phalanges d'infanterie lourde et en escadrons de cavalerie. quant au style de la monarchie, il avait été
façonné selon le modèle grec pour tout ce qui concer nait le cérémonial, la frappe de monnaies d'or et d'argent, la façon de se vêtir et de se comporter. Le souverain d'…pire et le roi de Macédoine semblaient maintenant se refléter l'un dans l'autre.
quand vint le moment des retrouvailles, un peu avant l'aube, les deux jeunes gens, qui s'étaient reconnus de loin, éper~nèrent leurs chevaux en direction d'un grand platane solitaire qui se dressait près d'une source, au milieu d'une vaste clairière. La montagne était recouverte dun manteau vert foncé que les pluies récentes et l'arrivée de la nouvelle sai son faisaient briller; le ciel, encore sombre, était parcouru de grands nuages blancs poussés par un vent tiède en provenance de la mer.
Ils mirent pied à terre, abandonnèrent leurs chevaux et s'embrassèrent avec une fougue juvénile.
" Comment te portes-tu ? demanda Alexandre.
--Bien, répondit son beau-frère. Je sais que tu es sur le départ.
--Toi aussi, m'a-t-on dit.
--Tu l'as su par Cléop‚tre ?
--Ce sont des bruits qui courent.
--Je comptais te l'apprendre moi-même.
--Je le sais.
--La ville de Tarente, l'une des plus riches d'Italie, m'a demandé de lui porter assistance contre les barbares d'Oc cident qui se pressent à ses frontières: les Bruttiens et les Lucaniens.
--Je réponds, quant à moi, à l'appel des villes grecques d'Asie qui réclament mon aide contre les Perses. N'est-ce pas merveilleux ? Nous avons le même nom et le même sang, nous sommes tous deux rois et chefs
Weitere Kostenlose Bücher